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EAN : 9782070384907
245 pages
Gallimard (21/02/1992)
3.35/5   84 notes
Résumé :
Les Impudents est le tout premier titre de l’oeuvre de Marguerite Duras. Transposée dans le Haut Quercy, l’histoire de la famille Taneran est l’histoire si particulière de la petite Marguerite, née bien loin d’ici, en Indochine, l’histoire d’amour et de haine pour cette famille étrange qu’elle aura tant de mal à quitter. Le sujet de ce premier roman est celui de sa vie. Mais pourtant, si le style est encore hésitant voire maladroit, le dispositif durassien est déjà ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Livre d'exception pour moi car il s'agit du premier roman de Marguerite Duras et je possède une version d'origine de 1943 aux éditions Plon. Il est soigneusement rangé dans ma bibliothèque et pour ne pas l'abîmer je l'ai lu sur ma liseuse.
Marguerite Donnadieu a troqué son nom pour celui de Duras et changé le titre de son premier roman. Il devait s'appeler La famille Taneran mais "Les impudents" est un bien plus joli titre, même si cela reste une histoire de famille, celle des Grant-Taneran.

Maud Grant à 20 ans et son frère aîné, Jacques, vient de perdre sa femme dans un accident de voiture. Leur plus jeune frère, Henri, n'a pas le même père, c'est le fils de Taneran. Après le drame qui pose surtout des problèmes d'argent, la mère et ses trois enfants vont séjourner à la campagne, dans le Lot-et-Garonne, au domaine familial d'Uderan. Maud va connaître son premier amour en la personne de Georges Durieux alors que ses relations avec sa mère sont houleuses. Cette dernière n'arrive pas à se détacher du fils aîné, un homme de vices, tyrannique, et joueur maladif qu'elle protège jusqu'à faire éclater la famille.

J'avais peur d'être déçu mais je n'ai trouvé aucun défaut. J'aime beaucoup la construction en trois parties avec une alternance de lieux : à Paris, à Uderan puis de nouveau à Paris.
Certes je ne suis peut-être pas très objective dans la mesure où J'aime lire Marguerite Duras. Je trouve ce premier roman assez fondateur même sans l'Indochine. Car on retrouve sa propre famille, sa mère et ses deux frères, comme dans le barrage contre le Pacifique. Et puis le Lot-et-Garonne c'est sa famille paternelle. Elle y a séjournée deux ans dans son enfance et elle a choisi son nom de plume en référence au village de Duras.
De plus, j'aime beaucoup sa première période d'écrivain quand ses textes sont très écrits comme elle dit, c'est-à-dire quand elle donne beaucoup plus de détails et quand elle fait des phrases plus longues que dans ses romans plus récents. Il est vrai qu'il est difficile de découvrir dans cet ouvrage le style de la future Duras.
D'ailleurs, ce roman n'a eu qu'un succès d'estime et elle l'a renié à une époque en le retirant de sa bibliographie. Pourtant, j'ai lu que « Les impudents » est un roman marqué par l'influence de la littérature américaine et, plus particulièrement de Faulkner qu'elle lisait avec passion.
Moi, j'ai bien aimé ce roman surtout parce qu'il lie Marguerite Duras à son père absent d'une grande partie de son oeuvre.


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Les impudents. -1943 - Premier roman. « Roman des origines et origines du roman ? » pour reprendre un des titres de Marthe Robert. Étonnante cette écriture. Étonnante par tout ce qu' elle contient.
Déjà.
Le rythme n'est pas encore là. Tout est embryonnaire. Mais ils sont tous là.
La famille. La névrose familiale, filiale, addictive. La mère. La fille. L'argent. L'ordre et le désordre social. le rapport mère/fille. L'amant. L'amour. Les impossibilités de l'amour. La fin de l'amour. L'absence. le manque. Les lieux. La maison. L'enfermement. Celui du corps, celui de l'esprit. La solitude. La soumission. L'insoumission. Les frères. La terre. le frère. L'absence du père. le fils. La fratrie. L'eau. le courant qui emporte les corps. La rivière. Ce devenir du fleuve qui souligne l'horizontalité de la nature.
Par endroit la phrase s'échappe. Plus libre déjà. Elle amorce un rythme. Comme une phrase qui s'arrêterait soudain seule face à la mer.
On découvre les mots d'une jeune auteure appliquée, consciencieuse, presque écolière.
Hôtesse, encore, de son lecteur.
Une écriture encore prudente, mais aux déplacements justes et assurés.
C'est étonnant. Extrêmement émouvant par l'archéologie de son style, par la germination de son rythme.
Véritables travaux préparatoires à la construction d'un futur grand « Barrage contre le Pacifique ».

Astrid Shriqui Garain
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Il y a les imperfections d'un premier roman, mais ce sont des imperfections pour les fidèles de Marguerite Duras. Combien d'auteurs rêveraient d'écrire un premier roman aussi imparfait?
Les thèmes d'Un Barrage contre le Pacifique sont en germe dans Les Impudents. La jeune Maud est entourée par deux figures familiales écrasantes: la mère et le grand frère. L'une tente de préserver l'unité familiale et la considération sociale, l'autre cherche à se substituer au père absent tout en voulant s'affranchir de toute responsabilité. Entre les deux, Maud découvre l'amour. Et l'amour, chez Duras, est absolument magnifique, parce qu'il est évident, simple, implacable et sans afféteries inutiles.
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Si j'en crois la définition du dictionnaire Robert, on lit à « impudence » : « effronterie audacieuse ou cynique qui choque, indigne. »
C'est exactement cela que sont ces personnages, petits bourgeois parisiens, grands adultes ou, pour Maud, la petite dernière, des jeunes gens à peine sortis de l'adolescence. On pourrait rapprocher Maud – dont on adopte largement le point de vue – son frère Jacques veuf récent, vivant d'expédients, toujours à cours d'argent et criblé de dettes. Jacques réussit toujours à faire céder sa mère, au grand dam de Maud.
Pour fuir Paris et les créanciers, la famille part, l'été, dans leur propriété d'Uderan dans le Lot et le Haut-Quercy, propriété convoitée par les Pecresse chez qui ils logent, car Uderan est « devenu » inhabitable. C'est là que Maud va refuser « le beau parti » en la personne du fils Pecresse, Jean. Leurs deux mères verraient cette union comme une bonne affaire car on pourrait réunir les deux fortunes et les Taneran-Grand (famille de Maud) récupérer la jouissance d'Uderan. Mais Maud est une impudente qui n'en fait qu'à sa tête et elle préfère fuguer avec Georges Durieux, un hobereau local.
L'impudence des personnages donne du fil à retordre à leur mère qui accorde aux caprices de Jacques trop de mansuétude tandis que Maud se révolte contre cet état de fait. Pourtant, elle n'est pas si sévère concernant les errances de Maud. Ce sont des histoires d'amour cachées, rentrées, inavouées ou tout simplement sincères comme celles de Madame Taneran avec ses enfants, maudissant la fortune mais les protégeant coûte que coûte ou celle de Georges et Maud, Georges qui lui offre une certaine liberté et un toit où se réfugier et peut-être encore celle de l'ancienne maîtresse de Jean Pecresse qui, de désespoir se jette dans la rivière, le Dior .
Il se trouve aussi que les personnages féminins me semblent avoir plus d'épaisseur, de nuances dans le mal que les masculins, beaucoup plus monomaniaques.
C'est le premier roman de Marguerite Duras publié en 1943 c'est-à-dire en pleine guerre, sous le régime de Vichy. On ne sent pas du tout la guerre ou son approche. Seule la propriété délabrée allégorise les vies des personnages.
En mars 1963, sévère avec elle-même, Marguerite Duras disait de ce roman qu'elle trouvait mauvais et qu'elle n'avait jamais relu :
« Comme tout le monde j'avais écrit ce roman pour me décharger d'une adolescence que l'on croit toujours singulière, chargée d'une signification unique – ce qu'on peut être bête ! »
Personnellement, je n'ai pas une grande pratique de Duras mais je trouve ces premiers romans plutôt réussis même si celui-ci oscille entre Flaubert et Mauriac. Il y a pires références !
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Quelle impression ? Assez mitigée.
L'histoire de la famille Grant-Taneran ne manque pas d'intérêt.
Une mère qui défend ses enfants envers et contre tout, surtout l'aîné.
Des rapports conflictuels, des membres qui s'entre-déchirent mais sont solidaires, et la fille Maud, plutôt particulière.
Au début, j'ai trouvé la manière de présenter le livre plutôt complexe, voire redondante.
On ne sait pas trop où en en est ni où on va. Un art de compliquer des choses qui pourraient être exprimées plus simplement. Puis je m'y suis faite, et au final, ce fut un assez bon moment de lecture.
L'excuse des défauts du livre, c'est qu'il s'agit du premier roman de Marguerite Duras, écrit en 1943. On sent qu'il manque de maturité littéraire.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Maud ouvrit la fenêtre et la rumeur de la vallée emplit la chambre. Le soleil se couchait. Il laissait à sa suite de gros nuages qui s'aggloméraient et se précipitaient comme aveuglés vers un gouffre de clarté. Le "septième" où ils logeaient semblait être à une hauteur vertigineuse. On y découvrait un paysage sonore et profond qui se prolongeait jusqu'à la traînée sombre des collines de Sèvres. Entre cet horizon lointain, bourré d'usines, de faubourgs et l'appartement ouvert en plein ciel, l'air chargé d'une fine brume ressemblait, glauque et dense, à de l'eau.
Maud resta un moment à la fenêtre, les bras étendus sur la rampe du balcon, la tête penchée dans une attitude semblable à celle d'un enfant oisif. Mais son visage était pâle et meurtri par l'ennui.Lorsqu'elle se retourna vers la chambre et qu'elle ferma la fenêtre le bruissement de la vallée cessa brusquement comme si elle avait fermé les vannes d'une rivière.
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Dès qu'il sentait frémir en lui une insulte, elle lui sortait des lèvres. C'était là son honnêteté. Et s'il détestait les façons de Maud, c'était précisément parce qu'elle n'exprimait jamais ses sentiments aussi spontanément que lui. Ils ne savait jamais quels effets produisaient ses insultes et son attitude sur sa sœur; car ses reproches se perdaient en elle dans un trouble mystère comme dans un lac sans courants. Sa mère disait toujours de son fils que, du moment qu'il était franc, il n'était pas si mauvais qu'on le prétendait. Sans doute, était-ce vrai dans la mesure où Jacques n'était pas plus dur qu'il le paraissait.
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C'était son premier amour, et elle ne doutait pas que ce dût être le seul, parce qu'elle ne pouvait pas se passer de la présence de cet homme.
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« Maud ouvrit la fenêtre et la rumeur de la vallée emplit la chambre. Le soleil se couchait. Il laissait à sa suite de gros nuages qui s’aggloméraient et se précipitaient comme aveuglés vers un gouffre de clarté. Le « septième » où ils logeaient semblait être à une hauteur vertigineuse. On y découvrait un paysage sonore et profond qui se prolongeait jusqu’à la traînée sombre des collines de Sèvres. Entre cet horizon lointain, bourré d’usines, de faubourgs et l’appartement ouvert en plein ciel, l’air chargé d’une fine brume ressemblait, glauque et dense, à de l’eau.

Maud resta un moment à la fenêtre, les bras étendus sur la rampe du balcon, la tête penchée dans une attitude semblable à celle d’un enfant oisif. Mais son visage était pâle et meurtri par l’ennui. Lorsqu’elle se retourna vers la chambre et qu’elle ferma la fenêtre le bruissement de la vallée cessa brusquement comme si elle avait fermé les vannes d’une rivière.»

4e de couverture.
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Et toutes les lassitudes du jour finissant laissaient dans l'air comme des parfums, celle de la terre et celle de la pierre qui ne meurt pas, celle des troupeaux, celle, douce et émouvante de l'homme.
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