Un recueil de 6 récits, dont au moins 3 sont autobiographiques.
Duras a affirmé qu'ils avaient été écrits peu de temps après la Seconde Guerre mondiale, mais totalement oubliés par elle; ils n'ont été publiés qu'en 1985. Surtout le premier récit ("
La douleur") est un vrai coup de poing dans l'estomac, je ne peux pas le décrire autrement. Se déroulant en grande partie en avril-juin 1945, il décrit l'état d'attente, de désespoir et de confusion fébrile d'une femme à Paris (clairement
Duras elle-même), dans l'attente du possible retour de son mari
Robert D un camp de concentration allemand. La description de l'état fragile
De Robert et de son terrible rétablissement est particulièrement saisissante. Depuis "
Si c'est un homme" de
Primo Levi, aucune autre histoire sur les camps ne m'a captivée et choquée comme celle-ci.
Le deuxième récit est apparemment également basée sur des faits vrais. Il décrit les rencontres de
Duras avec une employée de la Gestapo alors qu'elle est active dans la résistance, après l'arrestation de son mari. Il esquisse de manière poignante l'atmosphère d'incertitude à la fin de la guerre et la zone crépusculaire dans laquelle la résistance a dû opérer. le troisième récit évoque la brutale remise en question par la résistance d'un éventuel collaborateur français; surtout le style brut est frappant dans celui-ci. Les autres récits sont fictives et ressemblent plus à des exercices de style qu'à des histoires à part entière. Un livret mémorable!
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