🌊 « Il me disait : « Qu'est-ce que vous foutez à écrire tout le temps, toute la journée ? Vous êtes abandonné par tous. Vous êtes folle, vous êtes
la pute de la côte normande, une connarde, vous embarrassez. » (p.17)
🌊 Paru dans Libération le 14 novembre 1986, «
La pute de la côte normande » complète la lecture du roman «
Les yeux bleus cheveux noirs ». Dans ce court récit, l'auteure raconte comment elle a écrit l'histoire du jeune étranger aux yeux bleus et cherches noirs l'été précédent. Elle y raconte le processus d'écriture, très violent, les cris, et elle explique pourquoi elle dédie ce roman à
Yann Andrea et comment ce dernier a participé à l'élaboration du roman, puisque c'est lui qui tapait à la machine ce que lui dictait son amante.
🌊 On comprend que la relation entre les deux amants est houleuse, qu'elle génère frustration et colère ;
Duras passe son temps à écrire, à raconter cet amour qu'elle a pour Yann, cet amour qui la détruit. Quant à lui, il ne comprend ni l'acharnement, ni l'abnégation que l'écriture nécessitent.
Duras parle de cris insupportables qui ne cessent que lorsqu'elle dicte son roman à son amant. Une maïeutique comme havre de paix, bien qu'éphémère. Si «
Les yeux bleus cheveux noirs » lui est dédié, «
La pute de la côte normande » est le résultat, le fruit de ce que Yann provoque chez
Duras, une réponse quasi mécanique et inévitable de l'impact qu'il a sur elle.
🌊 Avec ce court récit, on se retrouve dans les coulisses de l'écriture, dans la confession de l'auteure : voilà un sentiment que je n'avais jusqu'alors jamais connu et qui est absolument merveilleux.