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Critique de MrMeuporg


Un Barrage sur le Pacifique est le deuxième livre que je lis venant de Marguerite Duras. J'avais lu en premier "L'Amant" et j'en étais sorti un peu dubitatif. On parle d'un joyau de littérature française, moi, j'y voyais des effets de style redondants, et, la plupart du temps, d'une lourdeur d'écriture "orale" assez pesante. Je m'attendais presque à la même chose dans UBCP (à ceci près que l'Amant est sorti en 1986, tandis que celui-ci est le troisième roman de Duras, sorti en 1950, je crois. Ainsi, le style s'acquiert et s'affirme avec les années) et j'ai été plutôt surpris de constater que Un Barrage contre le Pacifique était plutôt facilement lisible.

Une narration cruelle, des descriptions sèches et sans illusions sur le rêve colonial des années 1930 au Vietnam, et cette vision désenchantée s'affirme tout au long du livre. A travers des protagonistes tout aussi désolés que nous d'être projetés sur cette terre inhospitalière, nous pouvons y découvrir, en plus de la misère humaine, le caractère fondamentalement mauvais que tout être humain, poussé dans ses retranchements, peut avoir. Et ici, le premier problème se pose pour moi. Je ne sais pas quoi penser de la morale de ce livre. Que nous amène-t-il à penser des trois protagonistes ? Des agents du cadastre ? de M.Jo ? D'Agosti et son recel de Pernod ? Que doit-on penser de l'éthique de ces personnages ? de leur intégrité ?

La présentation des personnages et de leurs actes -pire encore, de leurs instincts et réactions- me laisse songeur. Je n'ai que des questions à poser à propos de leur comportement, et parmi ces questions, une seule arrive en tête : Est-ce bien moral ?

Est-ce que ce que l'on nous présente est censé, comme toute les histoires, nous présenter ses personnages en personnages attachants (qu'ils soient héros ou antihéros, les histoires les plus géniales étant celles qui arrivent à nous faire prendre en affection des personnages amoraux, transgressifs, subversifs) ? Car ici, j'ai juste l'impression d'assister aux actions cyniques, guidées par le matérialisme pur et simple. On y parle d'argent, de valeur pécuniaire, d'équivalent euros, dollar, c'en devient presque obscène tant c'est fait sans élégance. On peut aussi y voir une critique du capitalisme qui vampirise nos relations humaines pour les transformer en relations d'intérêt.

J'ai été séduit par ce livre. Mais devant la débauche cruelle de réalité que l'auteure nous offre, je ne saurais pas dire par quoi. Qu'est-ce qui a bien pu me plaire dans ce livre, pour que je l'apprécie ? Paradoxalement, je dirais la poésie. La poésie des mouvements. Chaque geste que les protagonistes font dans ce livre a l'air d'être plein, fort, frappant l'histoire de plein fouet, mais tout le monde est conscient que l'action faite est stérile. Rien ne change jamais, ou, tout du moins, comme les protagonistes le voudraient.
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