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Citations sur Les Peintres Français en 1867 (14)

Et le mouton, comme il nous est présenté par Millet ! Non plus un être de convention peint pour l’effet pittoresque, mais la bête réelle admirablement observée et rendue avec tout son caractère intime et ses instincts, c’est-à-dire un animal lourd et stupide qui marche machinalement serré en troupeau pour n’avoir point à trouver son chemin, prêt à aller n’importe où, même à se jeter à la mer comme ceux de Dindenaud, par pure imbécillité et impuissance à se conduire.
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Evidemment l’Etat commande de la peinture au même titre que ses autres fournitures, et les peintres ne sont pour lui que des producteurs, comme ceux qui lui fournissent ses équipements militaires ou le mobilier de la couronne.

Quand l’Etat s’est adressé à Horace Vernet pour avoir des tableaux de bataille, il s’est trouvé posséder des œuvres de mérite, pourquoi ? parce qu’Horace Vernet, sur le terrain où on l’avait placé, était resté sur celui où son instinct l’avait déjà tout naturellement conduit, et où il s’était établi de lui-même. …. Aussi, … a-t-il produit de véritables œuvres d’art.
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M. Jalabert peint de son côté une toile qu'il appelle une Veuve, où se trouve représentée la tristesse d'une veuve en même temps que la consolation qu'elle peut trouver dans ses enfants. Dans cette œuvre, voilà enfin le malheur rendu absolument agréable et joli, la tristesse et l'amour maternels tout ensemble exprimés d'une façon mièvre et affaiblie pour devenir un sujet d'agréable sensibilité et d'attendrissement mitigé, pour les femmes et les hommes élégants qui demandent que tout soit arrangé de manière à répondre à l'exacte nature' de leurs sensations en fait d'art, aussi une pareille toile me paraît-elle être un des triomphes de l'art bourgeois.
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Il existe un lien mystérieux et forcé entre les conceptions d’un artiste et les dimensions de l’enveloppe qu’elles doivent revêtir pour se produire dans toute sa valeur. Pourquoi La Fontaine a-t-il fixé ses créations poétiques dans le volume exigu de la fable, et Béranger dans de courtes chansons ? Personne ne saurait le dire, et cependant tout le monde comprend que la fable pour La Fontaine et la chanson pour Béranger étaient les seules formes et les seuls moules qui convinssent exactement à la nature de leur génie.
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Les hommes qui se tiennent sur le chemin battu, sans défauts et sans qualités saillantes, n’ayant point assez de puissance pour avoir les uns ou les autres, voilà les bienvenus, ceux devant qui tombent toutes les barrières et s’ouvrent toutes les portes. Mais quelle idée se fait-on donc de l’art ?

On ne saurait donc trop hautement protester contre les prétentions qu’ont chez nous les jurys et les académies, au nom de certains principes qui ne viennent tous que d’un amour instinctif pour le lieu commun, de s’ériger en arbitres de ce qu’il faut laisser voir au public, pour finir par laisser entrer les pastiches et les œuvres banales, en fermant la porte tantôt à M. Courbet, puis à M. Manet, à des hommes, en définitive, essentiellement originaux et doués à des degrés divers des véritables qualités de l’artiste.
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Tous les véritables artistes sont des êtres vigoureux, profondément originaux, obéissant le plus souvent dans la manière dont ils produisent, à une sorte d’instinct et de force native qui sont en eux. Laissez se développer toutes ces individualités au lieu de vouloir les courber, laissez-les accuser librement les côtés saillants de leur nature. Tout ce qui contribuera à assurer à l’individu sa liberté d’action, contribuera à développer l’artiste ; accueillez donc d’un œil favorable les nouveaux venus qui se présentent, pour imparfait ou excentriques qu’ils vous paraissent, souvent par le seul fait qu’ils ne vous ressemblent pas.
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Toute production doit à la longue s’adapter exactement au goût des consommateurs, de ceux qui la font naître ou qui l’encouragent, et la preuve que les producteurs de tous ces portraits ont admirablement atteint leur but et sont arrivés à satisfaire exactement leurs clients, c’est qu’ils se ressemblent tous en tout point, et que le résumé de leurs qualités et de leurs défauts est la fidèle image de la peinture que les bourgeois eussent peinte pour eux-mêmes s’ils eussent su peindre.
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Quand on est Raphaël et que l’on imagine l’antiquité païenne et le monde de ses dieux, on peint l’Ecole d’Athènes et le Triomphe de Galatée.
Si, sans avoir une imagination poétique capable d’animer des conceptions idéales, on a du moins un esprit élevé et une intelligence qui cherchent à s’exercer sur de nobles sujets, on peint comme Ingres l’Apothéose d’Homère et l’Œdipe, des créations froides, mais au moins chastes et sévères par la forme.
Mais si on est dénué de toute pensée véritablement élevée et de toute puissance pour idéaliser quoi que ce soit et qu’on fasse intervenir les souvenirs que rappellent les noms d’Athènes et de Rome pour en tirer des scènes drolatiques, en réduisant les grands hommes qui ont fait la civilisation du monde à une troupe de vieux polissons en goguette ou de bouffons faits pour amuser le public, on est M. Gérôme, et alors on peint les Augures, Phryné devant le tribunal, Socrate chez Aspasie, le Roi Candaule, César et Cléopâtre.
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C’est le propre des œuvres complètement originales de rester longtemps méconnues sans attirer les regards, ou bien si elles les attirent de ne trouver tout d’abord que des spectateurs incapables d’apprécier, ce qui étant entièrement nouveau, ne permet de trouver aucun point de comparaison pour asseoir et fixer un jugement.

Voyez, en effet, comme cette œuvre réalise au plus haut point le but essentiel de l’art, qui est de reproduire en l’accentuant le caractère intime des choses, la vision à l’intérieur du monde extérieur que l’artiste aura mieux vu et mieux senti que les autres hommes, organisé qu’il est pour cela d’une façon spéciale et doué de facultés particulières.
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A quel titre voudrait-on donc conserver pour le seul art du dessin, des principes qui n’ont jamais été admis pour les autres, ou qui ont été depuis longtemps abandonnés ? Vous prétendez en peinture rester dans la voie ouverte, à une certaine époque, par des artistes ont approché le plus près de ce que vous concevez comme le type absolu du beau, mais pour la musique, de pareils artistes ont existé, qui ont produit des œuvres aussi parfaites que celles des plus grands peintres, et cependant qui a jamais pensé à conserver la manière d’hommes comme Mozart, Beethoven ou Rossini ?
… Les efforts d’Ingres, dans toute une partie de son œuvre, sont absolument du même ordre que ceux de Canova, prétendant reproduire l’antique, que ceux de David dans la même voie (et Ingres est le dernier des élèves de David), que ceux de Voltaire s’essayant à écrire au 18e siècle un poème épique, que ceux des imitateurs de Corneille et de Racine s’efforçant de continuer la tragédie, alors que les circonstances et la manière de sentir qui l’avaient fait naître s’étaient complètement transformées.
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