Dans la misère, l’homme isolé est toujours perdant. Quelque voie qu’il prenne.
Beaucoup trouvent dans l’observation du malheur d’autrui un sentiment intense de satisfaction pour leur propre existence, même d’une insondable médiocrité.
Nous sommes des centaines et des centaines chassés ainsi par la guerre, la sécheresse et la faim. Dans la misère, il y a pire que sa propre misère: il y a celle des autres.
Dans la misère , l'homme isolé est toujours perdant, quelque voie qu'il prenne
(En parlant de sa Chamelle)
L'épuisement lui donne un air pensif et profond, la même physionomie grave et mélancolique qu'elle a, la nuit, quand, immobile dans l'obscurité, son long cou dressé et ne paraissant jamais dormir, elle semble poursuivre une méditations millénaire en contemplant les dunes éclairées par la lune.
Chamelle qui rumine sans fin, et grogne, et ronfle, et gratte le sol, et blatère, de mauvaise humeur contre tout, contre le ciel, contre la terre, contre ce maudit vent qui lui souffle dans les narines quand elle broute les herbes rares, et contre ceux qui lui ont volé son chamelon pour lui substituer une vilaine poupée en chiffons.
L'amour et le rire sont le luxe des pauvres, leur respiration
Toute la complexe équation de la vie avec ses innombrables inconnues se résume parfois à la présence, ou non, d'un trou d'eau
L'amour et le rire sont le luxe des pauvres, leur respiration.
Bien sûr, je devais admettre que, depuis toujours et malgré moi, tout avait filé et glissé, et fui entre mes doigts. Les choses, les bêtes et les êtres. C'était à cause de cette musique sans air qui se moquait de toute mes initiatives en leur apportant un caractère diffus de vacuité... Depuis notre départ pourtant, tout cela avait cessé. Il n'y avait plus qu'un son, ample et d'une pureté si parfaite qu'il me donnait le frisson. Cette musique sans air ne me quittait pas, et même semblait croître à mesure que nous avancions. Peut-être toute ma vie avais-je attendu ce voyage... A aucun moment, la vilaine musique d'autrefois n'a repris, haut perchée, égrenant sans ordres ses notes tremblantes et aigres, cacophonie acide de citron pleine de cruauté moqueuse, me rappelant que tout est dérisoire, toujours, et mes efforts aussi. Au contraire, mes oreilles sont toujours pleines d'une musique plus forte, plus pure que jamais.