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Critique de Erveine


Quelque part, dans le bocage normand, Augustin se débat entre deux histoires. Une qui se termine et l'autre qui commence. Avec Cécile, c'est bien terminé et le mot fin apparaît en lettres capitales, tandis que cruellement son attachement persiste. Cette image de Cécile qui le suit avec obstination dans tous ses gestes, ces instantanés du quotidien. Tandis qu'avec Esther et en simultané c'est le début d'une sorte de survie. Un amour qui se construit si tant est qu'il se puisse construire ainsi du sentiment. Brique à brique, joint à joint, la chose s'élève, se solidifie et l'existence reprend. On veut se garder, se soustraire à la solitude, même si on sait, dans un éclair de lucidité, qu'après une rupture toute accessibilité immédiate à une pulsion véritable est compromise. le feu se meurt et l'étincelle s'éteint, les deux mort-nés. Tellement de souvenirs nous habillent encore de ce passé présent et ce saut dans le vide comme on pénètre une terre étrangère, entrer dans une pièce sombre tout à coup et marcher à tâtons pour trouver ses repères.
L'était une fois, l'image. Sculptée, coulée dans du béton armé avec un autre aussi mal habité. Largué par sa femme partie courir le safari en Afrique. Seul à Montmartre dans la foule bruyante. Rejoignant son appartement trop petit, trop vide. Deux idiots empêtrés par des liens invisibles. Il faut briser la glace disait le Monsieur tandis qu'un superbe chat blanc regardait avec fixité. L'animal assis sur un immense piano attendait la note instinctive. Il se la jouait, chat mélomane fustigeant son maître effleurant la touche pour épater sa belle. Mais rien, ni musique, ni dos rond, ni même un petit coup de patte. Elle balayait la pièce, l'oeil fuyant, passant du chat au tableau, criant ses rouges ardents, la confiture sur une tablette, une photo en noir et blanc. Il faut du sens pour réveiller les sens. le goût, l'odorat, l'ouïe, le toucher oui le toucher surtout le toucher. Pour faire vibrer ce corps, raide, l'assouplir, le faire plier. Puis, le chat à nouveau qui se marre, on a franchement l'impression qu'il rigole. Il n'y là personne et bizarrement on voit quelqu'un. Un incongru nous signifie le monde, cet animal qu'on voit et qui nous voit. Il faut briser la glace répète l'autre maladroit dressant un iceberg qui aussitôt immobilise le navire. S'ensuivra une étreinte mécanique révélant tout juste que chaque chose est à sa place, mais statuant que le feu ne prendra pas...
Et lui, Augustin, d'alerter Nathalie quand terrassé par le doute, et enserré dans la pesanteur de son désert, il s'essaye aux gestes amoureux. Apeuré, fragilisé par l'attente de cette amante si femme, si pressante, oppressante qui lui enlève force substance, vitalité. Un chat, c'est miaulant ce n'est pas quand vous voulez ! Si vous écrivez, il se couche sur la feuille et si ce n'est pas suffisant, il joue avec le crayon, mais pour lui c'est maintenant qu'il faut l'envisager. Après, je vous invite à lire Vertiges de Lionel Duroy qui vous souffle du ressenti.
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