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Critique de Alzie


Non content du succès d'un premier livre où il égratignait sans vergogne la réputation des siens (Ma famille et autres animaux), au grand dam de la tribu ulcérée, Gerry Durell, qui n'avait pas forcément épuisé toutes les batteries de son inépuisable mémoire corfiote renoue avec la saga animalière et familiale du tome 1 pour l'enrichir. Un deuxième jet d'histoires, différentes, toujours plus naturelles et aussi drôles et Corfou plus que jamais en majesté. Une récidive elle aussi pleine d'humour. Un prolongement où les principaux protagonistes restent les mêmes : Saint Spiridion, le fidèle limier Roger, quelques précepteurs, l'inénarrable Spiro, le savant érudit et bienveillant Théodore, Mrs Durrell et les deux frères, Larry – envers lequel l'estime de Gerry remonte, après qu'il lui ait révélé que Jean Henri Fabre n'était pas "un obscur poète médiéval" –, et Leslie – bientôt en délicatesse avec la justice locale –, enfin Margo tentée soudain par les vertus du spiritisme pour juguler son acné récalcitrant. Plusieurs autochtones (Katerina, Kokino, papa Demetrios) et les indispensables « oiseaux de passage » (Sven, Donald et Max, Creech) sollicités ou non par Larry suscitent de nouveaux souvenirs et débordements. L'exercice, risqué, pouvait être fatal à la lecture et paraître répétitif. Pas du tout. La détente est totale, idéale pour se mettre en mode grandes vacances. Car le jeune et intrépide naturaliste, autodidacte, rencontré dans le premier volume et dont l'infinie curiosité pour la faune méditerranéenne n'a d'égale que l'intérêt inaltérable qu'il voue aux humains, n'a rien perdu de son insigne capacité à les rapprocher pour le meilleur et pour le pire.

Nous ayant déjà fait grimper aux arbres pour recueillir un petit duc ou patauger au milieu d'infâmes marigots à la poursuite de serpents aquatiques visqueux pour remplir la baignoire de la salle de bains, nous partageons vite ici la même volupté empathique pour la vie intime des bousiers, des araignées de mer ou des argyronètes ; participant avec autant de conviction que lui aux pêches et plongées nocturnes, aux mariages et aux vendanges ou aux équipées sauvages dans les oliveraies et les forêts de myrtes, à la recherche de centipèdes, pardon, de scutigères véloces. Juché sur l'âne Sally, Master Gerry n'en prend que plus d'autorité scientifique face à son inculte famille qu'il lui faut bien éduquer, comme nous d'ailleurs, au passage. Assister aux amours hermaphrodites insolentes des plus banals escargots, ou à celles, plus insolites, des seiches, à l'accouchement de Katerina ou à la naissance de bébés hippocampes, puis profiter d'une bonne gastro de Leslie pour disséquer le cadavre d'une tortue « à bec de faucon » sur la terrasse de la villa, élever aussi des bébés hérissons et enfin, passer la journée auprès d'une vieille comtesse goulue, tel est l'éventail assez large de ses activités de plein air ou d'intérieur que le volume 2 entreprend de recenser.


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