Les imbéciles ont parfois de ces sursauts de lucidité qui font froid dans le dos.
-Nous pouvons demeurer sur notre île enchantée, et nous imaginer que nous créons une société libérée de l'histoire, du poids des traditions, des hiérarchies. La Cité de demain pour les citadins de demain. Sauf que le reste du monde continuera d'exister et les monstres d'y errer.
Cesser de nous aimer serait la meilleure chose qui pourrait nous arriver. Mais c'est impossible.
Mon nouveau domaine faisait trois pas sur quatre. C'était une cabane de pierre probablement centenaire dont le toit prenait l'eau dès qu'une des ces impressionnantes pluies d'été s'abattait sur le lac.
C’était…chargé, pensai-je. “C’est magnifique”, dis-je plutôt
N’étant pas complètement un monstre, je la laissai me pleurer sur l’épaule tout un après-midi
L’arrivée d’un potier d’Asdéri y remédierait, mais je n’aurais jamais cru qu’une telle tension pût naître d’une pénurie de bols.
Ce que Saratha appelait de la lucidité, chez cette sombre imbécile de la Citadelle que j’avais été, m’apparaissait comme de l’aveuglement. L’acceptation passive d’une situation dont on tirait trop avantage pour la remettre en question.
- C'est bel et bien une partie de tour de garde. Capitale du Nord contre Capitale du Sud. Qui dure depuis des siècles et des siècles. Elle était déjà bien avancée quand mon peuple a atteint ces rivages. L'histoire de ce continent tout entier est liée à ce duel qui n'en finit pas. Et qui ne doit pas, qui ne peut pas finir.
Il ne doit pas , car aucune des deux Capitales ne doit prendre l'ascendant : une question d'équilibre. Il ne peut pas, car les Capitales sont à bout de souffle.
Sois le bienvenu sur ces terres
Toi qui n'as nulle part où aller,
Toi qui fuis tant les querelles de voisinages que les champs de bataille,
Toi qui as de la naissance, toi qui n'en as pas,
Toi qui n'as pas de biens, toi qui en as,
Vous tous qui souhaitez vivre dans la paix,
La Demoiselle et le Commis vous invitent à poser les fondations de notre tour de Garde.