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Critique de BazaR


Ce roman m'a retourné.

Au début, je suis tombé dans le piège du roman plébiscité et dont on attend trop. Mon plaisir, alors que le héros Liesse grandissait dans l'Archipel (qui a des airs de Tahiti je trouve), n'était pas à la hauteur de mes attentes. Je trouvais que cela manquait de descriptions du décor, que l'on survolait les péripéties.
Ce sentiment a évolué quand Liesse, devenu secrétaire de la « gouverneuse » Malvina, atteint la cité-état de Solmeri (avant cela même). Je me suis régalé à la description de la ville, y retrouvant des lieux que j'ai eu l'occasion de visiter en randonnée : les levadas de Madère, les villes accrochées aux pentes de la côte amalfitaine. Et la pénétration était plus marquée, un peu.
Revenant sur mon ressenti initial, j'ai conjecturé que les descriptions collaient en fait à l'âge de la personne qui les faisait. Car ce roman n'est rien d'autre que le récit de la vie de Liesse, écrit par Liesse. Ses mémoires en quelque sorte. Les descriptions du Liesse gamin ont la profondeur qu'un enfant peut leur accorder. le Liesse devenu vieux n'essaie pas d'analyser rétroactivement les événements de sa jeunesse ; il se replonge dans l'état du Liesse enfant.
Au passage, Liesse ne cesse de nous teaser par de petites phrases du genre « si j'avais su ce qui allait arriver par la suite », entretenant fermement l'intérêt du lecteur.

Liesse est surtout un observateur. Il est proche, du fait de son travail, des gens qui vont compter dans l'histoire. Lui, il va surtout les subir. Subir le rejet de ses compatriotes de l'Archipel, le mépris des Solméritains. Mais aussi faire son trou, se faire des amis, des amours. Celle qui compte vraiment, c'est Malvine Zélina de Félarasie, gouverneuse de l'Empire, chargée d'abord de gérer l'Archipel puis représentante de l'Empire dans la cité de Solméri. Une administratrice donc, et une politique, mais visiblement pas adepte de la communication. Même à travers la voix de Liesse qui est son secrétaire et, osons le dire, son ami, elle conserve une énorme part de mystère et de secret.
Mais comment pourrait-il en être autrement ? On finit par le comprendre quand elle finit par se livrer. C'est l'un des ressorts les plus stupéfiants de ce récit.
L'autre stupéfaction est liée à des disparitions mystérieuses, et des apparitions aussi. En gros blasé, j'ai pensé que Claire Duvivier nous resservait le plat des Marcheurs Blancs (cf. le Trône de Fer de G.R.R. Martin). Mais la vérité est ailleurs, et elle a participé à mon retournement et à mon énorme plaisir.

Pas de grosses batailles ou d'abominables complots. En fin de compte le récit nous montre des gens de différents horizons qui essaient, obligés ou non, de vivre ensemble, qui se méprisent ou s'accordent, s'affrontent ou se lient, que le lecteur déteste ou adore. C'est parfois violent, en paroles ou en actes. C'est parfois aussi très beau, très encourageant. Un large spectre de la nature humaine est déployé avec beaucoup de vraisemblance et de naturel.

Je vais arrêter là. le sentiment de voyager sur un matelas moelleux m'est revenu à l‘écriture de ce billet. Je ne peux que vous recommander d'entreprendre ce – ou ces – longs voyages à ma suite.
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