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Placé très jeune à la mort de son père, Liesse s'est si bien débrouillé dans ses fonctions au sein du comptoir commercial de son île que, remarqué par la brillante et aristocratique ambassadrice impériale Malvine Zélina de Félarasie, il en devient le secrétaire attitré : un poste qui va le placer aux premières loges des événements qui mèneront l'Empire à sa perte.


Dystopie mâtinée de science-fiction, le récit nous transporte dans un empire imaginaire, dont les hauts fonctionnaires n'ont pas encore pris la mesure des transformations que d'étranges péripéties récemment survenues ont déjà initiées. Ce bouleversement à première vue incompréhensible tant il remet en cause leur référentiel, va finir par secouer si durement les fondations de leur monde qu'un nouvel ordre verra bientôt le jour, à l'issue d'une éprouvante et dramatique transition.


Après un long démarrage qui pourra sembler rébarbatif et risquer de désorienter un lecteur assez longtemps en mal de repères, l'histoire sort enfin du seul thème de l'administration d'une province reculée d'un vaste et puissant empire, pour s'incarner de manière plus vivante dans les aventures, cette fois captivantes, de Liesse et de Malvine. Tandis que les personnages gagnent en épaisseur et en humanité dans leur confrontation à l'adversité et à l'écroulement de leur univers, puis dans leur acharnement à reconstruire un avenir pour les êtres qui leur sont chers, l'intrigue maintenant en place se développe dans des directions surprenantes qui font apprécier l'imagination de l'auteur et l'habile construction d'un récit original et bien pensé.


Douloureuse fin d'un âge mais aussi début d'un nouvel ordre qui, au passage, aura, quasi par accident, permis l'éradication de l'esclavage, cette épopée aux allures de légende illustre à la fois la fragilité d'une société et son inépuisable capacité d'adaptation et de réinvention, selon l'adage maintes fois vérifié que les crises favorisent les plus grandes transformations. Un grand et long voyage donc, pour les personnages perdus dans l'épaisseur du temps, entre un passé et un futur qui ne cessent de s'entremêler, mais aussi pour l'humanité, dont les progrès s'effectuent parfois par de bien violents soubresauts.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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En lisant ce livre vous serez comme ces marcheurs infatigables en quête de leur vérité. Vous suivrez à pas lents le dénommé Liesse qui raconte à « Gémétéous la hiératique » la vie de l'extraordinaire Malvine, et à travers elle, la sienne.
J'ai beaucoup aimé cette longue itinérance auprès de Liesse, cet opportuniste débrouillard, chanceux, toujours en mouvement, et de la déconcertante Malvine, ambassadrice impériale promise à un grand destin politique.
Les 150 premières pages sont déconcertantes. Où nous mène Claire Duvivier dans ce monde onirique ? Vers les inénarrables amours de Liesse ? Vers la froide efficacité de Malvine ? Vers la description d'un monde de marchands et des limites effrangées d'un immense empire ?
Deux personnages très proches car tous deux considérés comme des étrangers et mis à l'écart. Liesse pour ses origines lointaines ; Malvine pour le pouvoir qu'elle détient et son déconcertant anticonformisme.
Un monde aux abois, même si personne n'en prend réellement conscience. Ce monde de marchands aux idées carrés va bientôt s'effondrer, et l'empire n'est en réalité qu'un géant agonisant.
Malvine sera l'héroïne malheureuse de cette brutale glissade vers une étrange guerre. Tout commence par la disparition de tous les habitants sans exception d'une ville. Ils se sont évanouis tout bonnement un jour d'hiver. Et Malvine avec eux qui réapparaitra quelques semaines plus tard, hagarde, épuisée, changée physiquement, et reconnaissant à peine des personnes qu'elle avait pourtant côtoyé.
Surgit alors du diable vauvert une armée inconnue et aux motivations insaisissables pour l'esprit rationnel de nos marchands. Seule Malvine comprendra, et essaiera de sauver ce qui peut encore l'être.
Je ne vous raconterai pas cette histoire tarabiscotée et pourtant si bien construite. Pour ceux qui ont découvert la porte d'entrée, l'espace et le temps n'ont plus guère d'importance, et c'est ainsi que nous voyons ressurgir des fantômes du passé.
Drôle de livre, à l'ambiance lourde et grise, à la tristesse insondable. le récit d'une grande dame passée à côté de la Grande Histoire ; d'une bâtisseuse oubliée de tous, à l'exception de Liesse.
Un roman à lire, assurément.
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La magie a opéré.

Pourtant, ce n'était pas gagné : je ne lis pas de fantasy, je ne suis pas attirée par un livre décrit comme « un conte merveilleux ».

Oui, mais j'ai quand même tenté ma chance : David Meulemans, l'éditeur des Forges de Vulcain, fait actuellement des vidéos sur YouTube pour parler de son métier. Or, elles m'ont donné envie de lire toute sa collection les yeux fermés. Il parle de ses auteurs comme de ses Brancusi, dont il serait le forgeron qui travaille à rendre leurs textes parfaits… il parle de son idéal en littérature : non pas produire des livres qu'on fabrique en série pour les vendre à tout prix, mais forger de beaux objets dans l'espoir que l'un d'eux, peut-être, changera un jour la vie de quelqu'un.

Or, en ce printemps très particulier, sa maison d'édition sort un livre, un seul, un premier roman écrit par une autre éditrice, Claire Duvivier. C'est certainement la garantie d'une intertextualité riche (sur Babelio, elle a déjà suscité une référence à Ursula K. le Guin) : n'étant pas du tout familière du genre, je ne peux pas y être sensible, mais la simple idée que ce « conte merveilleux » est situé au carrefour d'un riche réseau de références fait partie de celles qui m'ont donné envie de le découvrir.

Et la magie a opéré. Pourtant, j'ai résisté pendant tout le début du texte. Parce que je me sentais étrangère à ce monde, et aussi parce qu'un conte merveilleux, c'est un livre qui se construit lentement, dont on ne comprend pas tout de suite où il nous emmène ni pourquoi. Il faut s'approprier les personnages, se laisser intriguer par le nom de Gémétous, l'inconnu.e à qui Liesse conte son histoire, et dont on ne saura qu'à la fin quelles émotions contradictoires suscite l'idée que c'est à cette personne, et pas à une autre, que le livre est adressé.

J'ai accepté tout cela, j'ai persisté au-delà des premières pages qui ne me ressemblaient pas, et quel souffle m'a alors rattrapée ! J'ai adoré l'évidence avec laquelle j'ai accepté la manière dont le surnaturel donne la clé de l'expérience extraordinaire et insoupçonnable qu'a vécue Malvine Zélina de Félarasie. J'ai adoré ne pas me demander si c'était l'enfant en moi qui s'était laissée pénétrer de cette évidence, ou la lectrice qui reconnaît les mots qui parlent à son inconscient. J'ai adoré voir le nom poétique de Malvine écrit in extenso tout au long du roman. J'ai adoré que le livre soit parcouru de leitmotivs récurrents (autour de la fonction du toucher notamment), semés légèrement, qui permettent de faire déboucher l'ouvrage sur une des plus belles dernières pages de roman que j'aie jamais lues, peut-être même la plus belle (vraiment).

Pourquoi cette magie a-t-elle finalement opéré sur moi ? Peut-être parce que Claire Duvivier a créé un monde dont le surnaturel n'est pas convenu : elle n'affuble pas ses personnages de chapeaux pointus, de formules magiques et de titres bizarres. Son surnaturel ressemble à celui qui est dans la tête de chacun, d'une manière informe, désordonnée, semi-invisible à nos propres yeux, et qu'elle a rendu cohérent et visible, incarné dans un monde qu'elle a bâti.

Dès lors, son monde ressemble au nôtre, sauf qu'il abolit les frontières entre ce qui est réputé réel et ce qui est réputé imaginaire, et sauf qu'il en profite aussi pour redéfinir les rapports entre les êtres. J'ai particulièrement apprécié que la question du féminisme ou de la place des femmes ne se pose pas : simplement parce que c'est un monde où les femmes occupent une place qui ne dépend ni dans un sens ni dans l'autre du fait qu'elles sont femmes. Pourtant, le viol existe, l'exploitation sexuelle aussi ; mais ils n'essentialisent rien, ils ne créent pas des destins limitants. Ça, c'est intéressant, et c'est peut-être la position de la fantasy qui le permet, puisqu'il est bien entendu que l'auteur crée un monde avec des règles qui n'ont pas de raisons d'être les mêmes que d'habitude.

Est-ce que je lirai encore de la fantasy, pour que la magie opère de nouveau ? Je ne sais pas. Je continue à ne pas avoir envie de naviguer dans un monde de mages et de sorcières. En revanche, s'il existe un pan de littérature qui se situe sur cette ligne étroite de l'imaginaire à la fois clairement imaginaire et pourtant totalement crédible, alors oui, je demande à voir ! En attendant, je répète volontiers les paroles de l'éditeur de Claire Duvivier sur les réseaux sociaux, maintenant que j'ai vérifié par moi-même que je pouvais aimer ce roman : « plus que de la fantasy : un des meilleurs romans de cette année, tous genres confondus ».

Merci aux Editions des Forges de Vulcain et à #NetGalleyFrance pour cette très belle découverte.
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Ce roman m'a retourné.

Au début, je suis tombé dans le piège du roman plébiscité et dont on attend trop. Mon plaisir, alors que le héros Liesse grandissait dans l'Archipel (qui a des airs de Tahiti je trouve), n'était pas à la hauteur de mes attentes. Je trouvais que cela manquait de descriptions du décor, que l'on survolait les péripéties.
Ce sentiment a évolué quand Liesse, devenu secrétaire de la « gouverneuse » Malvina, atteint la cité-état de Solmeri (avant cela même). Je me suis régalé à la description de la ville, y retrouvant des lieux que j'ai eu l'occasion de visiter en randonnée : les levadas de Madère, les villes accrochées aux pentes de la côte amalfitaine. Et la pénétration était plus marquée, un peu.
Revenant sur mon ressenti initial, j'ai conjecturé que les descriptions collaient en fait à l'âge de la personne qui les faisait. Car ce roman n'est rien d'autre que le récit de la vie de Liesse, écrit par Liesse. Ses mémoires en quelque sorte. Les descriptions du Liesse gamin ont la profondeur qu'un enfant peut leur accorder. le Liesse devenu vieux n'essaie pas d'analyser rétroactivement les événements de sa jeunesse ; il se replonge dans l'état du Liesse enfant.
Au passage, Liesse ne cesse de nous teaser par de petites phrases du genre « si j'avais su ce qui allait arriver par la suite », entretenant fermement l'intérêt du lecteur.

Liesse est surtout un observateur. Il est proche, du fait de son travail, des gens qui vont compter dans l'histoire. Lui, il va surtout les subir. Subir le rejet de ses compatriotes de l'Archipel, le mépris des Solméritains. Mais aussi faire son trou, se faire des amis, des amours. Celle qui compte vraiment, c'est Malvine Zélina de Félarasie, gouverneuse de l'Empire, chargée d'abord de gérer l'Archipel puis représentante de l'Empire dans la cité de Solméri. Une administratrice donc, et une politique, mais visiblement pas adepte de la communication. Même à travers la voix de Liesse qui est son secrétaire et, osons le dire, son ami, elle conserve une énorme part de mystère et de secret.
Mais comment pourrait-il en être autrement ? On finit par le comprendre quand elle finit par se livrer. C'est l'un des ressorts les plus stupéfiants de ce récit.
L'autre stupéfaction est liée à des disparitions mystérieuses, et des apparitions aussi. En gros blasé, j'ai pensé que Claire Duvivier nous resservait le plat des Marcheurs Blancs (cf. le Trône de Fer de G.R.R. Martin). Mais la vérité est ailleurs, et elle a participé à mon retournement et à mon énorme plaisir.

Pas de grosses batailles ou d'abominables complots. En fin de compte le récit nous montre des gens de différents horizons qui essaient, obligés ou non, de vivre ensemble, qui se méprisent ou s'accordent, s'affrontent ou se lient, que le lecteur déteste ou adore. C'est parfois violent, en paroles ou en actes. C'est parfois aussi très beau, très encourageant. Un large spectre de la nature humaine est déployé avec beaucoup de vraisemblance et de naturel.

Je vais arrêter là. le sentiment de voyager sur un matelas moelleux m'est revenu à l‘écriture de ce billet. Je ne peux que vous recommander d'entreprendre ce – ou ces – longs voyages à ma suite.
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Cette année j'ai commencé pas mal de livres sans jamais les finir. Il y en a ou cela sera un abandon mais pour d'autres juste une pause plus ou moins longue. le moment où je les ai ouverts n'était pas le bon, je ne parvenais pas à rentrer dedans. Ce fut le cas dernièrement pour ce one shot de Claire Duvivier.

Je l'ai commencé le 17 décembre, j'en ai lu quelques lignes encore le 18 avant de le reposer sans avoir dépassé la page 40. Un long voyage est un roman qui prend son temps. C'est un récit très calme que propose l'auteure durant toute la première partie du roman. Autant le dire, ce début de roman ne m'a pas plu. Long et classique je ne voyais guère d'intérêt à poursuivre ma lecture. C'était trop lent pour moi, il n'y avait pas assez d'action, pas assez de rythme pour me captiver tandis que le personnage de Liesse me laissait assez indifférent. Ne voulant pas me forcer je l'ai laissé de côté pour commencer une autre lecture.

Cela aurait pu en rester là pour ma part. Je ne suis pas sûr que je l'aurais repris un jour du moins dans tous les cas pas aussi rapidement si la fin de l'année n'était pas aussi proche. Je m'étais en effet fixé comme défi de lire 5 lectures bons plans du challenge multi auteures de SFFF 2021 et la fin d'année approchant à grands pas je me suis replongé dedans hier.

Je l'ai alors dévoré d'une seule traite. Je ne saurais vraiment expliquer pourquoi c'est mieux passé hier qu'il y a 10 jours, probablement une histoire d'humeur et de concentration ou tout simplement parce que j'avais déjà lu la partie la plus calme du récit se déroulant sur l'archipel avant le début du voyage que nous promettent le titre et la couverture. Dans tous les cas cette fois-ci je me suis complètement immergé dans ce dernier et je peux vous dire que le voyage fut beau.

Je n'en ai pas lu beaucoup des romans de fantasy se rapprochant de celui que propose ici Claire Duvivier. Les one shots en fantasy sont déjà nettement minoritaires par rapport aux séries, ceux de 240 pages seulement qui s'avèrent au final excellents demeures quant à eux des espèces rares. Vous ne trouverez pas de magie dans ce récit, pas de magicien, sorcière ou tout autre créature magique. Vous n'y lirez pas non plus de passage épique avec des combats hors normes et démesurés ou encore toutes sortes de complots politiques tordus.

Non ce roman de Claire Duvivier n'est pas de cela, il va vous plonger au coeur d'un récit qui une fois réellement démarré s'avèrera passionnant. Son narrateur Liesse s'adresse à une inconnue dont on ne connaîtra l'identité qu'à la fin, il lui raconte sa vie et le chemin qu'il a parcouru auprès d'une femme d'exception. oh quelles histoires il lui raconte ici : la sienne, celle d'une cité, de peuples qui traversent le temps, d'une société qui se transforme, s'adapte, se reconstruit. C'est beau, c'est fort, original et touchant. En bref, c'est une totale réussite.

Une fois entraîné dans ce récit hier il m'a été impossible de le lâcher, bien écrit, bien construit, envoûtant l'auteure nous embarque dans le récit de Liesse qui vous surprendra assurément à certains moments, vous touchera peut-être à d'autres mais qui ne pourra dans tous les cas pas vous laisser totalement indifférent.

Autant vous dire que je ne regrette vraiment pas d'avoir repris ce roman qui s'est avéré être une très belle lecture, d'ailleurs je pense que je le relirai. le seul défaut de ce roman est pour moi son début, l'histoire peinant malheureusement un peu à démarrer. C'est dommage car le reste m'a plus que plu et je ne peux que vivement vous encourager à découvrir ce petit roman qui mérite le détour. Je vais pour ma part rapidement acheter Capitale du Nord que je lirai en 2022 afin de continuer de découvrir ce que propose cette auteure.
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Qu'arrive-t-il quand une éditrice prend la plume ?
C'est à cette question qu'Un Long Voyage tente de répondre.
Premier roman de Claire Duvivier, l'une des co-fondatrices des excellents éditions Asphalte avec Estelle Durand, Un Long Voyage se range dans la catégorie fantasy mais pas n'importe laquelle : une fantasy dénuée de créatures fantastiques et autres mages qui jalonnent habituellement ce genre d'histoires.
Trouvant son chemin auprès des Forges de Vulcain, Un Long Voyage tente à présent de se faire une place dans les rangs de la fantasy française en évitant les pièges du premier roman. Un exercice pour le moins complexe.

Un voyage inattendu
Loin des stéréotypes habituels, Un Long Voyage s'ouvre sur un tabou.
Celui qui entoure Liesse, petit garçon du village de Roh-henua, l'une des îles de l'Archipel, dont le père décédé laisse la charge écrasante de trois enfants à une mère désormais seule. Les sages du peuplement décide alors que le cadet de la famille sera retiré de la garde de sa mère pour alléger son fardeau.
C'est ainsi que Liesse est confié au comptoir impérial de Tanitamo, capitale de l'Archipel situé sur l'île de Tan-henua.
Vendu comme un esclave, il atterrit donc au sein de la communauté impériale, occupant et souverain de l'Archipel, dont les membres vont l'élever comme l'un des leurs par la force des choses.
Au sein de cette concession, Liesse va rencontrer une figure importante de l'Empire, une jeune régisseuse promise à un avenir particulièrement brillant : Malvine Zélina de Félarasie. Au fil du temps, le jeune homme se lie d'amitié avec Malvine jusqu'à accepter de l'accompagner à l'autre bout de l'Empire dans la Cité-État de Solmeri, la plus petite province impériale.
Il n'a alors aucune idée que sa vie en sera changée à jamais et qu'il devra, un jour, raconter les terribles événements qui s'abattirent sur les habitants de Solmeri pour que les générations futures connaissent la vérité sur leur propre passé.
Histoire intimiste dès les premières lignes, le récit de Claire Duvivier emprunte la plume de son personnage principal, Liesse, qui couche en réalité ici les différentes étapes de son existence dans un but affiché dès le début : témoigner au sujet de Malvine, grand personnage historique du monde où évolue notre modeste héros.
Avant toute chose, Un Long Voyage explique la jeunesse d'un gamin qui, toute sa vie durant, se sentira étranger, pris entre les mâchoires de ses propres origines et des diverses influences étrangères qui s'exerceront sur lui au fil du temps, des îles de son enfance à la Cité-État de Solmeri en passant par la capitale de l'Empire, Grande-Quaïma. Avec une langue remarquablement subtile et d'une fluidité déroutante, l'autrice française décrit non seulement un monde sobre et crédible par petites touches mais surtout un voyage, celui de Liesse (et de Malvine au passage) à la fois sur le plan matériel mais aussi, et surtout, sur le plan psychologique. le lecteur devient ainsi l'invité d'une existence, suivant les remous qui viennent secouer Liesse et les gens qu'il croisera.

Perpétuer l'Histoire
Surtout, Un Long Voyage parle du temps et de l'histoire, celle avec un grand H et celle, plus méconnue mais toute aussi importante, qui utilise une minuscule pour une vie que l'on pourrait croire entre parenthèse.
Liesse livre non seulement son autobiographie mais également la biographie de Malvine, cette grande servante de la Timonerie (le nom donné à l'Administration de l'Empire) qui finira injustement dans l'ignominie.
Ce Long Voyage est aussi celui de la réhabilitation, celle d'une femme qui aura voulu vivre sa vie de la façon la plus droite possible malgré les épreuves et qui aura donné jusqu'à son dernier souffle pour son peuple assiégé.
Claire Duvivier explique l'importance de l'historien et de la vérité transmise à travers les âges. Entre les lignes, Liesse se fait témoin de son époque, témoin d'une société qui se termine et d'une autre qui commence. Il contemple avec horreur le passé se heurtant au présent avec tous les dangers que cela suppose…
Si le noeud de l'intrigue pourrait se situer dans la mystérieuse disparition de Malvine, c'est à côté qu'il faudra pourtant chercher, dans le regard d'un homme qui affronte les mêmes tourments que les gens du peuple et qui les comprend donc d'autant mieux. En se mettant à hauteur humaine, l'autrice porte un regard tendre sur les personnages que croisent Liesse. Elle dissèque les rapports sociaux et les ambitions des uns et des autres, les rancoeurs et les joies, les peines et les amours déçus. D'une façon qui rappelle furieusement Ursula K. le Guin, Claire Duvivier soigne l'intime et en fait une parabole sur l'être et l'existence pour croquer le temps qui passe tout en rappelant que le souvenir doit respecter la vérité historique.
Construire des ponts
Mais au final, c'est un message d'une profonde et vibrante humanité qui irrigue l'ensemble du roman. Pont entre les peuples et les générations, entre les empires et les époques, le récit de Liesse offre enfin une place au personnage d'à côté, celui qui n'est ni le grand guerrier ni le politicien reconnu. Claire Duvivier permet de suivre un héros de l'ombre, un petit scribe, un bras droit, un ami, un confident, un père. Liesse ne sera jamais celui qui fera l'Histoire mais son rôle à l'intérieur n'en reste pas moins primordial, aussi primordial qu'une simple main posée sur un bras frissonnant peut l'être.
Tout au long de ce voyage, l'autrice nous montre des peuples différents mais qui arrivent toujours, d'une façon ou d'une autre, à établir entre eux des ponts. Cela ne se fait jamais facilement, n'arrive jamais sans errements ou sans drames, mais la vie trouve toujours une façon d'unir ceux qui, hier encore, pensaient ne jamais pouvoir vivre ensemble.
Roman plein de tolérance et magnanime jusqu'à la dernière ligne, Un Long Voyage traverse les âges et les générations, montre que malgré la fin des Empires et malgré les désastres, tout continue, à commencer par l'humain.
En nous réside toujours une part de vérité, celle qui fera un jour se lever un soleil nouveau sur le passé de générations autrement oubliées, voilà le plus bel enseignement d'Un Long Voyage, celui du coeur qui se souvient.

Sous la plume de Liesse, Claire Duvivier donne chair et âme aux petits héros, ceux dont on ne parle jamais et qui, pourtant, font aussi l'Histoire. En évitant l'esbroufe et les clichés inhérents au genre, Un Long Voyage parle de tolérance, d'humanité, de vérité et de modestie, sanctifiant le rôle de l'historien et du souvenir.
Simplement l'un des plus beaux romans de fantasy française de ces dernières années.
Lien : https://justaword.fr/un-long..
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La couverture de ce roman se déroulant dans un monde imaginaire est particulièrement belle, et promet du rêve. Il s'avère que les engagements sont tenus, et c'est un grand plaisir de découvrir une nouvelle plume féminine de la Fantasy française.

Dans un univers prétechnologique, Liesse naît dans une famille de pêcheurs vivant sur un archipel d'une province éloignée de l'Empire. Après la mort de son père, sa mère est contrainte de le vendre à des fonctionnaires royaux. Ceux-ci, gênés par l'esclavage officiellement aboli, vont l'éduquer et pour certains, lui apporter de l'affection. Arrive la nouvelle gouverneuse Malvine, jeune femme talentueuse et visionnaire d'une lignée descendant des cousins des Empereurs.

Liesse écrit ses mémoires, retraçant sa vie et par-là même le destin extraordinaire de Malvine, pendant que l'Empire vit ses derniers instants. Liesse la suivra lors de sa nouvelle affectation à Solmeri. Il est impossible d'en raconter plus sans divulgâcher des éléments importants de l'intrigue.

Le parti-pris d'une longue lettre de Liesse relatant les événements personnels et politiques qu'il a vécus permet à l'auteure de nous offrir une plume littéraire qui reste très agréable à lire. Claire Duvivier a un pouvoir évocateur pour conter un monde imaginaire qui a son passé, ses paysages, ses coutumes et ses sociétés diverses. Liesse devient attachant au fil des pages, et si Malvine nous paraît parfois étrange, si nous ne comprenons pas toutes ses actions, c'est parce qu'elle cache ses vraies motivations. le scénario est bien construit et cohérent, avec un aspect page turner bienvenu.

Une belle Fantasy, dont le grand retournement du roman est… un thème de science-fiction, qui se marie très bien avec l'univers créé. Je ne peux évidemment pas vous en dire plus sans vous gâcher le plaisir de la découverte, mais l'auteure a eu le talent de mêler harmonieusement cet élément science-fiction avec un monde où l'Histoire se transforme au fil des siècles en contes et légendes.

Un très bon moment de lecture, et je suivrai la carrière de Claire Duvivier, si elle compte publier d'autres oeuvres !

Je remercie NetGalley et les Éditions Aux Forges de Vulcain pour l'envoi de ce livre.
Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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il s'agit de l'histoire d'un fils de pêcheur promis à un grand destin.
L'écriture est belle et évocatrice (les paysages font penser à l'Indonésie).
Une civilisation entière est recréé par l'autrice : quelle imagination !
L'humanité est dépeinte dans tous ses aspects, bons ou mauvais (ostracisme, effondrement,...).
Ce récit cependant me semble un méli-mélo historique et géographique et prend parfois un tour vraiment trop macabre (mais c'est un peu le reflet de toutes les époques, hélas !).
Il manque une carte de cet univers et c'est bien dommage
Ce roman poétique et étrange vaut tout de même la peine d'être lu.
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J'ai beaucoup aimé ce voyage fantasy, qui commence doucement ; très longtemps je me suis demandé pourquoi ce roman était étiqueté Fantatasy et SF, et ça m'allait très bien. La première partie du livre est tout ce qu'il y a de classique et rien n'indique qu'on n'est pas dans le monde réel, si n'est les noms des contrées qu'on ne reconnaît pas.

Le jeune Liesse, sept ans est emmené au comptoir de l'Empire par sa mère. Dans cet archipel perdu au bout du monde, les villageois sont pauvres et quand ils ne peuvent plus élever leurs enfants trop nombreux, ils les déclarent tabous et peuvent les jeter à la mer sans problème. Pour éviter ce triste sort à son fils, la mère espère qu'un des fonctionnaires voudra bien le prendre comme esclave. Mais l'esclavage est aboli depuis plus de trente ans et personne ne veut se mettre en tort, sauf Merle, un tout jeune fonctionnaire qui connaît bien les îles et leurs coutumes aussi accepte-t'il Liesse pour le sauver. Tous les fonctionnaires se prennent d'affection pour l'enfant et l'instruisent, il devient garçon de course, puis adjoint de Merle, le secrétaire du comptoir. L'empire envoie une nouvelle gouverneure, Melvine Zélina de Félarasie, une descendante de la lignée impériale, même si le dernier empereur a disparu depuis des siècles. La jeune femme a de grand projets pour le développement de l'archipel. Plus tard, Liesse devient son adjoint et ils s'embarquent tous deux dans un voyage pour Solméri, une Cité-Etat lointaine dont Malvine vient d'être nommée gouverneure.

A ce moment le récit prend une nouvelle direction et on comprend enfin son classement en imaginaire. Les personnages prennent une autre épaisseur et leurs aventures dépassent leur simple rôle administratif. On est ici dans une magie très subtile, pas de sorcière, d'animaux fantastiques ou d'épée magique, mais une uchronie qui joue sur le voyage temporel, grâce à un beffroi en panne depuis des siècles mais dont la fonction, contrairement aux apparences, n'a jamais été de donner l'heure. Malvine sera la première à en faire l'expérience, avant que le drame ne touche Solméri.

Il y a une bataille dans le roman, mais une seule et pas trop longue, ce que je trouve très appréciable dans un roman fantasy. Malvine et Liesse sont des personnages attachants, il font face à l'hostilité de leurs administrés, car l'empire est en déclin et l'administration locale n'accepte plus son autorité. Ce conflit causera la catastrophe qui a presque anéanti la cité.

Liesse est un personnage très intéressant, il a été rejeté par son village, lorsqu'il est garçon de course, il a de nombreux amis parmi les enfants de la ville, mais en grandissant il devient trop « impérial » à force de vivre au comptoir et d'adopter ses valeurs, ce qui lui vaut un nouveau rejet. Il est étranger partout et malgré l'affection des autres fonctionnaires, il n'est pas des leurs, ce qui le force à accompagner Malvine. Il aura d'autres problèmes d'identité à Solméri, ce qui lui permettra de parcourir les diverses strates sociales selon les aléas de son existence et d'affuter son regard sur l'empire déclinant, puis la nouvelle Solméri où toutes les cartes ont été brassées. Il se montre fidèle à Malvine au-delà de sa mort et perpétue sa mémoire. C'est un personnage très attachant et riche. Les deux personnages principaux font preuve de résilience, ils ne baissent jamais les bras face à l'adversité pour essayer de donner un meilleure avenir à leurs proches.

Les paradoxes temporaux sont aussi très intéressants, j'aime ce genre de fantasy peu commune. Je suis toujours épatée par l'imagination des auteurs imaginaires qui créent des univers riches, à la fois proche du nôtre et en même temps complètement différents. On assiste à la fin d'un monde, après des années de crise, une société nouvelle et plus égalitaire surgira du chaos, les peuples sauront s'unir pour s'assurer d'un avenir meilleur.

J'ai beaucoup aimé ce roman que j'ai trouvé original, mais je n'ai pas beaucoup de point de comparaison, lisant peu de littérature imaginaire. Un grand merci à Netgalley, Audiolib et aux Forges de Vulcain pour cette très belle découverte

#Unlongvoyage #NetGalleyFrance !
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Pour son premier roman, Claire Duviver aura fait fort ! Alors que la parution de la plupart des romans de fantasy se fait dans l'indifférence la plus totale des « grands médias », « Un long voyage » fait en quelque sorte figure d'exception, puisqu'on en entend parler bien en dehors du cercle restreint des amateurs de littératures de l'imaginaire. Mais l'engouement est-il justifié, et s'agit-il bien de fantasy ? Oui, et oui. Claire Duvier signe ici une très belle fable qui s'affranchit (comme de plus en plus d'ouvrages) des clichés qui collent malheureusement au genre. Ne vous attendez donc pas vraiment à de la magie, ni à des dragons, ni encore à une ambiance médiévale-fantastique. L'action prend place dans un empire imaginaire qui a étendu sa domination sur de nombreuses provinces, dont l'archipel de ... dont est issu notre protagoniste et narrateur. Originaire d'une petite île et abandonné par sa mère en raison de sa situation trop précaire, Liesse est cédé dès son plus jeune âge comme esclave à deux représentants de l'Empire. L'affaire pourrait paraître sordide mais ne s'y cache en réalité nulle cruauté ni aucun cynisme : l'esclavage a été aboli depuis longtemps, ce qui rend l'action des deux hommes illégales, et leur assentiment n'est du qu'à une volonté de bien faire et de sauver le garçon d'une mort certaine en cas de refus. Liesse va donc vivre une jeunesse assez ordinaire dans la concession impériale, jusqu'à ce qu'il croise la route de Malvine Zélina de Félarasie, une jeune femme issue d'une des plus noble lignée de l'empire et au parcours prometteur, qui vient d'être nommée gouverneuse de la province. Difficile d'en dire davantage s'en trop dévoiler, l'intrigue méritant vraiment d'être découverte pas à pas. Disons simplement que le roman nous relate les événements extraordinaires ayant impliqué Malvine et dont à été témoin Liesse, qui prend la plume bien des années après les faits pour faire la lumière sur le personnage de la jeune femme.

Claire Duviver nous offre ici un roman intimiste et très émouvant. le narrateur éprouve le besoin d'expliquer à son interlocuteur (dont on ne découvre l'identité qu'à la fin du texte) d'où il vient, et quelles sont les différentes étapes qui l'ont conduit à faire la connaissance de Malvine qu'il entend visiblement réhabiliter maintenant que la situation semble s'être stabilisée. « Un long voyage » mêle donc petite et grande histoire, Liesse étant témoin d'un certain nombre d'événements cruciaux sans pour autant y prendre part lui-même. le rythme de la première moitié est assez lent, sans que le lecteur ne ressente à aucun moment l'envie de voir le voyage s'accélérer : on découvre avec curiosité cet Empire visiblement tout puissant mais que le narrateur nous dépeint aujourd'hui comme disparu, de même que son fonctionnement, ses spécificités et surtout son histoire. A aucun moment l'autrice ne se lance dans de grandes explications, mais on glane suffisamment d'informations ici et là pour dessiner peu à peu les contours de cet univers dont certaines subtilités nous échappent malgré tout et qui posent beaucoup de questionnements qui resteront malheureusement sans réponse. Il ne s'agit là que d'une brève incursion, et non pas d'un voyage au long cours. Par cet aspect, le roman m'a un peu fait penser à « Kalpa impérial » d'Angelica Gorodischer : l'autrice nous dépeint une civilisation qu'on a du mal à rattacher à notre propre histoire puisqu'elle brasse une multitude de références différentes et tente de donner une dimension mythique au récit. Si le surnaturel est absent dans le quotidien des personnages (pas de magie ni de créatures extraordinaires), un brutal basculement nous invite à revoir totalement notre vision du monde dans lequel évolue Liesse, et va orienter le récit dans une direction totalement inattendue. Passé le choc de cette révélation (dont je ne parlerais pas davantage ici afin de ne pas vous gâcher la surprise), la seconde partie du roman se fait plus rythmée, plus intense émotionnellement et donc plus captivante. Impossible de reposer le roman une fois les principaux événements mis en branle, et cela faisait longtemps que je ne m'étais pas oubliée à ce point dans un livre.

Qui dit récit intimiste dit personnages au coeur du roman, ce qui implique que ces derniers soient à la hauteur. Et c'est le cas. Liesse est un narrateur très attachant, et ce pour plusieurs raisons. Son parcours, d'abord, et les épreuves qu'il aura à surmonter : son enfance difficile, son statut d'esclave qui lui vaut d'être jugé et déprécié, ou encore ses origines modestes qui le discriminent (il parle avec un accent, sa graphie est difficilement compréhensible…). Dans son témoignage, Liesse raconte les brimades, les peines, les désillusions, mais sans jamais s'apitoyer sur son sort. Son intérêt réside aussi dans le rôle qu'il occupe dans L Histoire avec un grand H. En effet, l'autrice n'a pas choisi de raconter les événements du point de vue d'un individu qui aurait joué un rôle clé ou qui aurait eu une influence remarquable. Liesse n'a rien d'un héros, ni d'un guerrier, ni même d'un habile politicien : il est le second fidèle, l'ami, qui ne comprend pas toujours les décisions de sa supérieure mais qui fait preuve à son égard d'une loyauté à toute épreuve. Or, il est assez rare de voir le destin d'un personnage jugé hors norme relaté par quelqu'un que d'aucun jugerait insignifiant. Ce choix narratif n'est d'ailleurs pas sans entraîner une certaine frustration dans la mesure où l'on souhaiterait parfois voir le narrateur s'attarder un peu moins sur son état d'esprit ou ses déboires personnels, et davantage sur les grands faits qui sont en train de se dérouler. Cet « égocentrisme » n'en rend toutefois le témoignage que plus authentique et plus émouvant. La situation difficile dans laquelle va se retrouver Liesse dans la seconde partie du récit permet quant à elle d'aborder des thématiques intéressantes et qui sont traitées avec beaucoup de sensibilité (l'impact de la misère sur le comportement et le développement d'un individu, l'apaisement inévitable que procure le passage du temps, l'importance de l'histoire…). le personnage de Malvine est lui aussi une grande réussite puisqu'on a affaire à une femme intelligente, ambitieuse (dans le bon sens du terme), dotée du sens de l'humour et d'un sacré sang froid (merci en passant à l'autrice de ne pas en faire une beauté et de ne pas insister dessus à longueur de temps, cela fait un bien fou d'avoir un personnage féminin qui n'est pas avant tout caractérisé par son physique).

Pari réussi pour Claire Duviver qui signe avec « Un long voyage » un très beau premier roman qui aura de toute évidence séduit aussi bien les amateurs de fantasy que les néophytes en la matière. le choix de relater la vie d'une femme de premier plan du point de vue de son discret et peu influent secrétaire est une excellente idée et permet à l'autrice de donner une dimension plus authentique et plus intime à son récit. Un vrai coup de coeur.
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