Le projet féministe est de mettre fin à la domination masculine – de la rayer de la surface de la Terre. Nous voulons aussi mettre fin aux formes d’injustice sociale qui découlent du modèle patriarcal de la hiérarchie masculine – à savoir, l’impérialisme, le colonialisme, le racisme, la guerre, la pauvreté, la violence sous toutes ses formes
J’ai donc pris la parole en public – non pas avec l’étalage improvisé de pensées ou l’effusion de sentiments, mais avec une prose façonnée pour informer, persuader, perturber, provoquer la reconnaissance, autoriser la rage
La première tâche, en tant que féministes, est d’apprendre à voir de nos propres yeux
Nous répudierons le système patriarcal tout entier, avec ses institutions sadomasochistes, avec ses scénarios de domination et de soumission sociales tous fondés sur le modèle hommes-dominants/femmes-dominées, quand nous refuserons consciencieusement, rigoureusement et absolument d’être le terreau sur lequel l’agressivité, la fierté et l’arrogance masculines peuvent croître telles de mauvaises herbes.
Ceux-là, les masculinistes, nous ont raconté qu’ils écrivent sur la condition humaine, que leurs thèmes sont les grands thèmes – l’amour, la mort, l’héroïsme, la souffrance, l’Histoire même. Ils nous ont raconté que nos thèmes – l’amour, la mort, l’héroïsme, la souffrance, l’Histoire même – sont insignifiants parce que, par nature, nous sommes insignifiantes. Je renie l’art masculiniste. Ce n’est pas un art qui éclaire la condition humaine – il éclaire seulement, et pour toujours à la honte éternelle des hommes, le monde masculiniste – et à bien regarder autour de nous, ce n’est pas un monde dont on peut être fier.
J’ai appris quelque chose sur la nature du monde qui m’avait été cachée auparavant – j’ai vu un mépris systématique des femmes qui imprégnait chaque institution de la société, chaque organe de la culture, chaque expression de l’être humain
les hommes possèdent en fait l’acte sexuel, le langage qui décrit le sexe, les femmes qu’ils chosifient
Je veux vous parler de viol, de ce que c’est, de qui le commet, contre qui, comment, pourquoi et de ce qu’il faut faire à son sujet pour qu’il ne soit plus commis
La notion de consentement aux rapports sexuels en tant que droit humain inaliénable d’une femme n’existe pas dans la jurisprudence masculine ; le retrait du consentement d’une femme n’est perçu que comme une forme socialement acceptable de marchandage et la notion de consentement n’est respectée que dans la mesure où elle protège le droit de propriété du mâle sur son corps à elle
Le viol est donc la conséquence logique d’un système de définitions de ce qui est normatif. Le viol n’est ni un abus, ni une aberration, ni un accident, ni une erreur – il incarne la sexualité telle que définie par la culture