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Voici une lecture fondamentale pour comprendre les rouages du racisme aujourd'hui, dans notre société. Avec des mots et des faits très simples, l'autrice pose les contextes historique, économique et social. A travers des témoignages et des exemples clairs, elle exprime tout haut les souffrances vécues silencieusement par les personnes de couleur et, sans jugement, confronte les Blancs à ce qu'ils refusent de voir, même les plus humains d'entre eux. En effet, Reni Eddo-Lodge aide à prendre conscience de la réalité concrète du privilège blanc, de ses racines et du déni qui l'entoure tel une carapace blindée. Avec beaucoup d'énergie et d'espoir, elle transmet aussi, à travers ces pages, quelques clefs pour amorcer le dialogue et combattre le racisme. Un livre à lire si on veut changer le monde.
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A la base, le sujet avait inspiré à son autrice un article de blog, du même titre, qui avait pas mal suscité la polémique. Ici, Reni Eddo-Lodge nous explique en quoi le racisme est un problème structurel dans nos sociétés majoritairement blanches [elle parle de la Grand-Bretagne mais de nombreuses choses peuvent être transposées en Belgique ou en France] et qu'il provient, majoritairement, d'une peur qu'auraient les blancs de devenir minoritaires dans les pays qui les ont vu naître. Elle met en avant toutes les injustices auxquelles doivent faire face les personnes de couleur dans nos sociétés : certaines sont facilement compréhensibles comme les violences racistes qu'on s'imagine très bien, pour en avoir vu de nombreux exemples dans la vie ou aux journaux télévisés ; d'autres sont moins facilement appréhendables pour nous, blancs, habitués à vivre dans un monde façonné à notre image.

Cette lecture peut nous déranger, à certains moments, car elle nous renvoie à nos responsabilités, même quand on s'estime ouvert d'esprit et profondément anti-raciste. Car nous participons tous, volontairement ou non, au maintien de ce racisme structurel. Comment ? Par exemple, en ne nous étonnant pas spécialement de voir des séries ou des romans dont les acteurs/personnages ne sont pas représentatifs de notre société.

Pour mieux faire comprendre son point de vue, l'autrice aborde d'autres problèmes sociétaux qui touchent des minorités afin d'illustrer ce que peuvent ressentir des personnes non-blanches dans nos sociétés. Elle met également en évidence le fait que le racisme peut se retrouver dans des mouvements qui défendent pourtant les droits humains, comme dans les mouvements féministes qu'elle a pu fréquenter jusqu'à présent. Ce racisme a justifié l'apparition de l'afro-féminisme, d'après elle. Sur ce point, je trouve que cet essai est un complément actuel au livre de bell hooks, Ne suis-je pas une femme ?!

Elle montre aussi que le racisme est une réponse facile aux enjeux sociétaux qui demanderaient un changement profond de nos sociétés : par exemple, lorsqu'il est question de pauvreté, il est plus facile de repousser la responsabilité sur les “étrangers” qui s'installent et prennent le pain des blancs, plutôt que de réfléchir à des solutions structurelles pour endiguer la pauvreté.

Je suis contente de m'être penchée sur cette lecture même si elle m'a pas mal bousculée !
Lien : https://www.maghily.be/2018/..
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Getting to the end point will require you to be uncomfortable, dit l'auteure dans son livre. Uncomfortable, je l'ai été. Cette lecture m'a confrontée à un tas de choses dont je ne réalisais pas l'importance ou l'existence, de par mon statut de personne blanche, appartenant donc à la majorité dans ma région du monde.
Quand un livre te fait comprendre que, d'une certaine façon, tu participes malgré toi au maintien d'une société raciste, c'est assez interpellant. La plus grosse claque de ce livre, pour moi, c'est le fait de me prouver qu'une éducation comme la mienne n'est pas un bon moyen pour lutter contre le racisme, une éducation où on est « colour-blind », éduqué à ne pas voir de différences entre les races (ou d'autres « critères » amenant à pouvoir identifier une différence – le sexe, la religion, les handicaps, etc.)
L'auteure parle de racisme dans son livre, mais elle va à plusieurs reprises évoquer d'autres thématiques qui font que l'on peut se sentir comme appartenant à une minorité (être une femme, être dans la classe inférieure, etc.) Finalement, ce qu'elle pointe du doigt, c'est cette capacité que l'on peut avoir à se battre pour les droits de sa propre minorité, tout en maintenant des structures qui défavorisent d'autres minorités. Ce qui est d'ailleurs, quand on y pense, une façon de raisonner très appréciée par des partis qui tentent de nous faire croire qu'accueillir des migrants va mettre en danger les efforts pour « sauver nos pauvres de souche ».
Lien : https://juliejuz.wordpress.c..
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Je viens ajouter ma pierre à l'édifice des critiques positives de ce livre. Lire Reni Eddo-Lodge est nécessaire. Ce livre tire son origine d'un post Facebook où elle expliquait qu'elle mettait désormais des barrières, face aux réactions d'incompréhension, d'agressivité, de déni, de refus d'écoute, des blancs, lorsqu'elle abordait la question de la race, et de l'ensemble de discriminations qui y sont liés. "Comment pouvait-on dire que le racisme existait toujours, puisque les couleurs n'existaient pas ? / puisque la discrimination positive existe ?", lui opposaient ces personnes. Tout un ensemble de réactions violentes, l'amenant à refuser de continuer à discuter de cette question avec des personnes refusant de toute manière le dialogue et l'écoute, la remise en question et l'acceptation du vécu d'une autre. Au bout d'un moment, la nécessité de se protéger de ce genre d'actes devient nécessaire.

Puis, une chose en amenant une autre, les réactions jaillissant de toute part, un livre est né. Et ce livre est définitivement à lire, et une bonne chose qu'il existe.
Au cours de ces chapitres, Reni Eddo-Lodge revient sur les fondamentaux, ceux qui n'ont jamais été posé, et qui ont besoin d'être connus : l'histoire, tout d'abord. Rappeler le poids de l'empire colonial britannique qui a façonné une certaine vision des peuples colonisés, rappeler les vols de l'histoire, ces personnes dont l'impérialisme blanc a volé l'existence, rappeler les injustices criantes et révoltantes, et les évolutions de langage pour bien instituer une distinction entre les couleurs de peau et le sentiment d'appartenance à un pays. Rappeler aussi que le racisme existe toujours, et qu'il se manifeste dans toutes les sphères de la société, que ce n'est pas qu'un phénomène qui est cantonné aux Etats-Unis d'Amérique - contrairement à ce qu'on aimerait croire. Cela permet à Eddo-Lodge d'expliquer le concept de racisme structurel et de système raciste institutionnalisé, tout un ensemble d'éléments qui, mis bout à bout, expliquent les inégalités, les barrières à l'entrée des institutions, l'invisibilisation des problèmes et surtout favorisent l'acceptation du développement de discours extrêmement racistes (avec le fameux couplet du "qu'ils retournent chez eux" et autres fabuleux arguments qui fleurent bon le "nationalisme" puant et dangereux)...
Le système tel qu'il perdure, est à détruire. Ce système qui privilégie toujours les mêmes, ceux qui ont le pouvoir et qui se cooptent entre eux.
En parlant ensuite du féminisme, Eddo-Lodge aborde la notion d'intersectionnalité : les femmes noires sont à l'intersection entre deux systèmes d'oppression : le sexisme, et le racisme. Il faut donc en prendre conscience, accepter et reconnaître que les femmes noires subiront une oppression différentiée des femmes blanches, accepter et reconnaître que le privilège blanc existe et qu'il est nécessaire de lutter contre, tout comme il est nécessaire d'instaurer des espaces de non-mixité.

C'est un ouvrage très complet, très intéressant, qui suscite indignations, envies de mettre à bas un système d'oppression racial, qui puise ses bases également dans le sexisme et le classisme (le capitalisme, voilà l'ennemi, comme dirait l'autre), l'envie également d'en parler autour de soi, parce que la prise de conscience est nécessaire.
Je suis reconnaissante à Reni Eddo-Lodge d'avoir écrit ce livre, d'avoir accepté de continuer à parler de races, parce qu'il m'a donné des clés supplémentaires pour analyser le système et prendre mes distances à son encontre, parce qu'il m'a donné des arguments pour explorer ce sujet dans mon entourage et m'a permis de rendre visibles des choses que je ne voyais pas spécialement jusque-là.
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Au programme du bookclub féministe Our Shared Shelf en début d'année, ce livre me tentait depuis un bout de temps. le titre en dit déjà long sur le contenu, « pourquoi je ne parle plus de race aux Blancs », si on devait le traduire en français.
Ce livre a été une grosse claque pour moi. Je savais que je sortais de ma zone de confort, mais je ne pensais pas être aussi aveugle. Heureusement, il y a des autrices comme Reni Eddo-Lodge ou Chimamanda Ngozi Adichie pour m'ouvrir les yeux.

Dans cet essai, Reni Eddo-Lodge aborde la question de la race, et surtout des Noirs, des relations entre Noirs et Blancs, en Grande-Bretagne. Il est vrai que quand on parle racisme/esclavagisme, on pense tout de suite aux Etats-Unis : aux plantations de cotons et la ségrégation qui a sévi là-bas. Or, nous explique Reni Eddo-Lodge, cet automatisme nous laisse penser que les problématiques racistes ne sont légitimes qu'Outre-Atlantique, alors qu'il n'en est rien.
La Grande-Bretagne a elle aussi joué un rôle majeur dans l'esclavagisme et n'est pas en reste en ce qui concerne le racisme. En lisant le premier chapitre consacré à l'histoire en Grande-Bretagne, j'ai réalisé que ce pays, aussi grunge et libéré soit-il, repose sur un fond de racisme.
Je suis tombée des nues. Les propos de l'autrice, étayés par une argumentation claire et des chiffres récents, ont ébranlé mes convictions. Et ce tout au long du livre.

Reni Eddo-Lodge aborde de nombreuses thématiques qui touchent au problème de la race et mets les mots sur des phénomènes auxquels je ne pense pas forcément en tant que femme Blanche : le « white privilege » ou le privilège des Blancs en français, qui consiste à avoir des avantages majeurs dans la vie grâce à une peau blanche (avantages sociaux, professionnels, relationnels…) ;

La « color-blindness » ou être aveugle à la couleur en français, tout simplement ignorer la différence de couleur de peau. Si cela peut paraître être la meilleure solution pour rester sur un pied d'égalité, Reni Eddo-Lodge explique qu'en fait, cet aveuglement n'aide en rien la lutte contre le racisme, bien au contraire. Pour elle, il faut voir les différences, reconnaître les races pour pouvoir éradiquer le racisme.

Dans le chapitre sur le féminisme, Reni Eddo-Lodge aborde la question de l'intersectionnalité. le féminisme, pour être réellement ancré dans l'égalité des sexes, doit prendre en compte toutes les femmes : qu'elles soient Noires, Blanches, lesbiennes, trans, etc, toutes les différentes « sections » de femmes doivent être écoutées et représentées. le féminisme intersectionnel n'est pas vieux, puisque le terme a été utilisé pour la première fois dans les années 1990. Si vous voulez en savoir plus, je vous conseille fortement l'article des Glorieuses sur le féminisme intersectionnel.

Je pourrais continuer à écrire des tartines sur cet essai. Il m'a fait énormément réfléchir, me remettre en question. C'est une lecture que je trouve essentielle, dans laquelle Reni Eddo-Lodge parle avec franchise de sujets qui sont encore tabous aujourd'hui, notamment concernant la race.
Lien : http://mybooksntea.wordpress..
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