Roman pudique d'un Français d'origine camerounaise cherchant la voie de l'assimilation en évitant le reniement.
Quatorzième oeuvre du Français d'origine camerounaise
Gaston-Paul Effa, publiée début 2012 chez
Actes Sud, ce "roman" est sans doute celui qui joue le plus ouvertement avec l'autobiographie.
Racontant essentiellement l'arrivée en France, à Strasbourg, d'un adolescent camerounais dans les années 80, et son "acclimatation" jusqu'à devenir professeur de philosophie, le récit oscille entre deux pôles opposés, dont la conjonction semble bien être l'objectif du narrateur : le rejet de l'origine africaine d'une part, lucide et calme, dans l'assimilation totale, au risque d'une cible impossible (et on pense ici nécessairement au
Gaston Kelman de "
Je suis noir et je n'aime pas le manioc"), et la nécessité absolue de repuiser à cette source trop tôt écartée, d'autre part, en remontant aux circonstances du départ, et au drame ayant entouré la mort du grand-père féticheur, au village.
"L'Afrique était derrière moi,
je la voulais lointaine ; j'aimais l'Alsace, ses rêves, ses fantômes ; j'en étais un moi-même ; jusqu'à mon dernier jour, je resterais cet adolescent de dix-huit ans qui refuse de grandir. J'ignorais que vivre à Strasbourg c'était susciter des revenants avec lesquels toute transaction serait toujours ajournée."
Roman poignant, dont l'impact est pour moi quelque peu amoindri tant l'auteur se contraint peut-être à un style tout en pudeur, en réserve et en distance...