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Critique de Le_chien_critique


Violence des échanges en milieu tempéré
Bienvenue au Cercle, un réseau social 4.0. Son crédo : la transparence et votre bien-être. Son crédo "Tout ce qui se produit doit être su".
Un beau gâchis.

Le nom du personnage principale Mae, le lieu une entreprise de technologies numériques. J'ai eu peur de me trouver devant la novélisation de la novela Cookie monster de Vernor Vinge. Quelques pages ont fait disparaitre ma crainte.

Le cercle, un succédané de Google Facebook et consort. Mae, jeune campagnarde y a décroché une place dans le service relation clientèle, ou plutôt l'"expérience clientèle". Nous découvrons avec elle ce lieu de travail idyllique ou tous les collègues sont sympas, les chefs top cool (L'entretien bienveillant, empreint de communication non violente, fait froid dans le dos) .
Les technologies mises en place sont un brin invasive ? Qu'importe, si vous n'avez rien à vous reprocher, pourquoi le cacher ? Et de convoquer aussitôt la défense des fameux droits de l'homme et des libertés individuelles.
Tout doit être dans le réseau. Si vous ne répondez pas immédiatement, vous devenez un bourreau pour vos amis. Vous oubliez de vous connectez, de commenter un commentaire, de partager votre week end, et voilà qu'on vous regarde avec méfiance.
Tout le monde est toujours bienveillant, on vous prend avec des pincettes pour ne pas vous froisser, fâcher, énerver. Un monde où l'apparence est reine, lisse, propre mais les conséquences sur les individus d'une violence inouïe. C'est bien vu, interroge la gratuité de ces modèles économiques.
Des notes d'humour absurde : l'inflation exponentielle du nombre d'écran, pour être toujours "au courant".
Voilà pour une moitié réussie, puis ça se gâte.

Mae, malgré une vie professionnelle épanouissante, a une vie amoureuse compliquée. Elle n'est qu'une petite femme prise dans la valse des sentiments entre le beau ténébreux mystérieux, le geek à la gachette rapide et le rustre campagnard. Et la voilà butinant chez l'un, chez l'autre.
Je ne résiste pas à la tentation de vous en mettre quelques extraits torrides
Attention, Caliente.Imaginez la musique Sexual Healing de Marvin Gaye et appréciez:
Sa bouche s'ouvrit dans son oreille et il enfonça sa langue. Elle haleta et s'appuya contre lui. Les mains de Kalden caressèrent son ventre, sa taille, et descendirent rapidement vers ses cuisses qu'elles saisirent vigoureusement.
Et ferme les yeux. Imagine ce que je suis en train de te faire.
Sa bouche s'attardait dans son cou, l'embrassait et la léchait, pendant que ses mains s'affairaient avec sa jupe et sa culotte qu'il fit glisser sur ses cuisses, puis par terre. Puis il la souleva et la pénétra aussitôt. « Mae », dit-il encore, les mains sur ses hanches. Elle s'arc-bouta sur lui, l'enfonçant si profondément en elle qu'elle sentit la pointe de son sexe quelque part près de son coeur.
Elle jouit, pantelante, et lui aussi, frissonnant en silence.

Elle décrivit de la main gauche des cercles autour de ses tétons, et de la droite poussa sa culotte et imita les mouvements d'une langue, sa langue.

L'énigme du beau ténébreux mystérieux empoisonnera Mae durant les 500 pages, alors qu'il lui suffisait de demander au pauvre lecteur qui il était. Navrant.
Et c'est long, très long. L'auteur ajoute des développements qui n'apportent rien au récit, une course poursuite ridicule et téléphonée...
Pas de réel contrepoint, pas de véritables opposants à cette entreprise. La transparence s'applique à tous les décideurs, sauf ceux du Cercle, et cela ne choque personne.

La fin évite toutefois de nous laisser sur une note affligée.

Vendu au prix de 18 euros en numérique, soit 118,07 francs, cela laisse rêveur.
La politique tarifaire du groupe Gallimard en 2017 : le prix de l'ebook plus cher que la version papier grand format ?
Pour les plus riches d'entre vous qui déciderez tout de même d'acheter le livre, Gallimard a mis en place une deuxième sécurité : verrouillage par des DRM.
Mais je pense que je ne vois que le mal : Gallimard à sûrement une très haute estime de notre réseau de bibliothèques médiathèques en France, milite pour une culture libre et pousse par tous les moyens les lecteurs à s'inscrire en masse. Cet altruisme pouvant être mal vu de la part de ses actionnaires, le groupe préfère utiliser divers subterfuges pour le cacher. Désolé donc pour mes sarcasmes et je souhaite à Monsieur Gallimard de continuer sa politique de mise en avant de nos bibliothèques.
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