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Critique de gill


Adossé à un réverbère au coeur de la ville, un vieil homme semble être absorbé par son carnet à dessin.
Will Eisner, lui-même, se met fugitivement en scène dans ce carnet de notes sur les gens de la ville.
New-York !
Will Eisner ressent la ville, à un point tel, qu'il parvient à redonner vie au plus invisible de son peuple.
Et, même si ce superbe roman graphique, par son universalité, pourrait se situer dans n'importe quelle autre grande cité ; l'âme de New-York porte en elle un relief et un pittoresque que seul le crayon d'Eisner a su saisir.
C'est bien de New-York dont il s'agit là !
Les portraits des personnages se mêlent aux décors.
Le gris est de mise, judicieux et indispensable.
Will Eisner raconte ici des histoires, des histoires qui s'attardent ou pas sur des destins croisés.
C'est parfois très courts, une planche ou deux.
C'est quelquefois plus long.
Le dessin est splendide.
Il est plein d'humanité, de mouvement.
Le tout est un petit chef d'oeuvre de croquis pris sur le vif, volés à l'imagination vagabonde de leur auteur.
Des mouvements de vie, des sensations, Will Eisner est un fin observateur, un poète apitoyé.
Mais pour autant la sensiblerie n'a pas ici sa place.
Et, même lorsqu'il use d'une touche de fantastique, en faisant par exemple resurgir dans son récit quelques fantômes du passé, c'est pour mieux saisir la réalité.
Eisner est un conteur. le dessin n'empêche pas les mots.
Les mots semblent ici même provenir du dessin.
Et du titre aussi, car Will Einer possède l'art du titre.
Déjà dans le Spirit, il s'en amusait.
Dans l'oeuvre d'Eisner, le terme de roman graphique prend tout son sens.
Le récit est est servi par un magnifique trait de crayon qui insuffle le mouvement, qui déchire l'invisibilité et l'anonymat dans lequel, avant lui, étaient plongés ses personnages.
Pincus Pleatnik en est le symbole même, lui qui croyait se protéger en n'étant personne.
Mais, malheureusement pour lui, un 4 novembre au matin, le journal, en annonçant son décès, fit prendre à son existence un tournant tragique.
Les personnages de Will Eisner sont attachants.
Cet album, paru chez Delcourt en 2018 est une réédition intégrale des trois albums : "la ville", "les gens" et "l'immeuble".
Elle est additionnée d'un carnet de notes sur les gens de la ville, d'une postface de Neil Gaiman, de quelques notes de l'éditeur et de deux histoires : "le pouvoir" et "combat mortel".
C'est une belle réédition, la mise en valeur réussie d'un petit chef d'oeuvre puissant et intemporel ...
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