AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de gruz


Les histoires de mafia ne sont pas ma tasse de thé. Il fallait donc bien un anglais pour me faire changer d'avis !

Quatorzième roman publié en français, Omerta est en fait le quatrième de Roger Jon Ellory, publié en 2006 un an avant son plus grand succès Seul le silence. Et une année après un premier roman qui mettait déjà les pieds dans le milieu mafieux, Vendetta.

Même si c'est une donnée à prendre en considération, l'écrivain anglais éclaboussait le Roman Noir de son talent unique dès ses débuts. Autant dire que ce gros pavé – 590 pages – laisse des traces en mémoire et fait vibrer les émotions.

Ne vous y trompez pas, Omerta n'est pas une histoire sur la mafia. S'en est le cadre, mais c'est avant tout le récit d'un homme à la recherche d'un passé dont il ne sait rien, et qui se retrouve plongé dans un milieu de gangsters sans n'avoir rien demandé.

C'est avant tout la recherche de ses origines qui est le vrai centre de l'histoire, avec un père qu'il croyait mort peu après sa naissance. Une quête de ses racines, même si elles doivent passer par celles du Mal. Quand on connaît l'histoire personnelle de Ellory, ce sujet prend beaucoup de signification.

Pour le personnage principal, le grand écart est brutal quand on passe d'une carrière mort-née de romancier (un seul roman et depuis plus rien), et d'un poste alimentaire de journaliste habitué à relater les parties de pêche, à se retrouver face à des mafieux.

L'hameçon qui le tirera brutalement de sa vie quiète en Floride, c'est un coup de fil de sa tante qui l'a élevé. Lui qui ne voulait plus jamais retourner dans la Grande Pomme se retrouve dans un avion sans même y avoir réfléchi. Pour découvrir sur place que son père mort est bien vivant mais en train de mourir…

C'est l'histoire d'un homme solitaire qui se retrouve avec une famille qu'il n'a pas voulue, même jamais fantasmée.

C'est le récit, sur quelques jours, d'une plongée lente et inexorable dans les méandres du crime organisé, avec une grande opération qui se prépare. Par une mafia new-yorkaise old school, en train de perdre inéluctablement la main (noire) au début des années 2000.

John, se voilant la face, en devient peu à peu acteur sans le vouloir. Immergé dans ces rues de NYC qui sentent la fumée et le sang, il teste la loyauté du sang à l'aune de ses propres valeurs.

Le titre original est bien plus révélateur de ce qui caractérise ce récit, City of lies, la ville des mensonges. le héros malgré lui va devoir tout du long démêler le vrai du faux, entre tromperies, non-dits et illusions. Jusqu'à la révélation du grand tout. Vincit omnia veritas, la vérité triomphe toujours, comme le dit l'un des mafieux au début du livre.

Mis à part un final tendu et formidablement réussi, avec nombre de surprises à la clé, Ellory a davantage fait le choix de la psychologie.

Se jouant des clichés du genre, il se focalise sur le parcours d'un homme qui perd sa naïveté et se cherche une place. Les dialogues sont nombreux et diablement bien sentis, la prose se veut aussi poétique et joue la carte de l'introspection.

L'auteur laisse avancer « tranquillement » le cheminement mental de John, jusqu'au point de rupture. Parce que, baigner ainsi dans les secrets, la trahison et une atmosphère vengeresse ne peut que vous faire flirter avec la catastrophe.

Omerta est un roman dense qui est bien davantage qu'une énième plongée dans le crime organisé. C'est un magnifique roman autour de la quête de soi.

R.J. Ellory se tient aux cotés de ses personnages, au plus près. Avec tout le talent qu'on lui connaît pour faire jaillir les émotions et bouleverser les acquis. Un Maître du Roman Noir, même à ses débuts.
Lien : https://gruznamur.com/2022/0..
Commenter  J’apprécie          445



Ont apprécié cette critique (40)voir plus




{* *}