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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voici le roman qui poursuit et clos les aventures du quatuor de Los Angeles.
J'avais fortement apprécié le Dahlia noir et un peu moins celui-ci.
Néanmoins, il faut reconnaitre que l'auteur a un vrai style littéraire unique. Il alterne en permanence dialogue et des termes direct et court pour décrire l'ambiance. C'est unique et assez étrange au début. Il s'agit d'un grand classique de la littérature américaine.
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Suite au Noël Sanglant, au cours duquel des agents de police ont passé à tabac des mexicains, coupables de violences sur leurs collègues du LAPD, trois policiers voient leur carrière prendre un tournant.
Edmund "Ed" Exley, fils du milliardaire Preston Exley, dénonce les fauteurs de troubles et y gagne ses gallons de sergent, ainsi que la haine générale du service.
En première ligne, Jack "Poubelle" Vincennes, un flic en cheville avec des journalistes pour apparaître toujours en première page, épinglé pour avoir importé quantité de gnôle dans l'enceinte du commissariat. Ancien alcoolique, il se retrouve muté au moeurs, pas idéal pour faire la une des journaux ...
Quant à Wendell "Bud" White, la brute épaisse, il s'en sort bien. Ayant largement participé au lynchage, il est couvert par sa hiérarchie et se retrouve homme de main d'une brigade de "recherche" particulièrement virile.
Les trois hommes se vouent mutuellement haine ou mépris. Pourtant, les éléments que chacun détient dans des enquêtes distinctes vont les amener à collaborer pour résoudre l'affaire du "Hibou de Nuit", un sextuple meurtre au fusil de chasse, calibre 12, dans un bar de nuit. L'affaire révèle un vaste réseau mafieux, impliquant prostitution, pornographie et trafic de drogue ...

Très bon polar, à l'intrigue complexe, peut-être trop complexe. La profusion des personnages et certaines redites donnent parfois une sensation de lourdeur. Toutefois l'ensemble reste pleinement maîtrisé, le suspens est bien là et les 650 pages s'avalent assez vite. Comme dans le Dalhia noir, Ellroy est un monstre de précision et de réalisme. Recréant à la perfection l'ambiance des années 1950, un véritable "film noir" avec tous les classiques du genre : flics alcooliques au passé louche, brute au coeur d'or, enchevêtrement politique-mafia-showbiz' et, bien sûr, femmes fatales et belles pépées. Les dialogues font toujours mouches, là encore respectant les codes du genre : interrogatoire de riches magnats de l'industrie autour d'un verre de cognac, tout en finesse et en élégance. Indic' un peu timbrés, producteur de musique minable et couard, qui bavasse au premier bourre pif, prostituées jurant comme des charretières. Bref tout y est pour s'y croire, sortez les clopes et le whisky et sombrez dans les méandres de L.A Confidential.
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Chasse à l'homme dans un motel abandonné des environs de Los Angeles. de la viande froide dans les cuisines d'un restaurant nommé le Hibou de nuit. Un recueil de photos à mi-chemin entre le porno et l'horreur. Trois affaires mises sous le nez du lecteur pour l'inviter dans cette L.A. confidential, cette Los Angeles secrète dont on devine déjà, si l'on a lu auparavant les deux premiers tomes du quatuor de Los Angeles - avec le dahlia noir et le grand nulle part - la fâcheuse tendance au sordide. Pour l'accompagner, Ellroy met à sa disposition trois cicérones : Edmund J. Exley, Wendell "Bud" White et Jack "la Poubelle" Vincennes, dont les caractères et les ambitions sont aussi dissemblables que le sont South Central et Beverly Hills. le lecteur peut prendre son temps : de 1951 à 1958, il s'apprête à traverser presque une décennie entière et presque sept cents pages pour connaître la vérité sur ces trois affaires. le moins que l'on puisse dire, c'est que derrière la façade brillante du rêve californien, la métropole angelinos démontre une capacité phénoménale à briser hommes, femmes et principes moraux. Ne rêvez pas, écrit Ellroy, c'est Los Angeles ici, que nul ne connaît vraiment bien, même ses enfants, même ceux qui, pourtant bien placés du haut de leur statut social enviable, voient s'agiter en bas une populace au moins aussi dégueulasse que ceux qui s'en disent les notables. Avec le rêve californien, c'est le rêve américain qui en prend un coup, et il n'y aura pas assez de Dream-a-Dreamland, ce parc d'attraction formidable construit par Ray Dieterling et Preston Exley, pour cacher la misère. L'histoire commence, donc, à la Noël 1951.

Policiers blessés, Latinos embarqués : la fil de l'année 1951 a tout pour mal se conclure. Profitant de leur nombre, et de ce que les Latinos sont enfermés dans leurs cellules, les policiers, avinés par quelque alcool qui n'aurait jamais dû franchir la porte du commissariat, se mettent à tabasser les prisonniers. Un jeune flic témoigne contre ses collègues pour permettre au chef Parker de soulager l'opinion publique : c'est Ed Exley, héros de guerre - mais un héros de pacotille - et fils de l'ancien flic Preston Exley, devenu entrepreneur à succès. Exley eut aussi un frère, Thomas, fierté de la famille, mais désormais mort : figure à dépasser aux yeux du père. Exley s'attire les foudres de ses collègues, mais gagne une promotion, et son talent d'enquêteur fait le reste. Dans son collimateur, et pour régler une fois pour toutes cette Noël sanglant 1951, Exley fait surveiller puis arrêter, et enfin condamner à mort, Dick Stensland, grand ami de Bud White. White aussi a un passé difficile. Sa mère est morte sous les coups de son père, alors White secoue sans tendresse les bonshommes qui aiment à corriger leurs épouses. White est repéré par Dudley Smith, grande figure du LAPD, grand meneur hommes aussi, entouré d'une équipe visiblement prête à tout pour son chef. Pour compléter la Trinité, ajoutons Jack Vincennes, dit la Poubelle, fournisseur à l'occasion d'informations au profit du torchon L'Indiscret de Sid Hudgens, héros de L'insigne du courage, sorte de reportage-télé-réalité qui met en valeur la police, et aussi assassin d'un couple innocent - ça, c'est son secret - en 1947. Vincennes commence à travailler sur une affaire de photos pornographiques dont les acteurs, hélas, restent par lui introuvables. Survient alors l'affaire du Hibou de nuit, en avril 1953. Six personnes sont retrouvées mortes : trois serveuses, et trois autres personnages dont on saura bien plus tard qu'il s'agit d'un ancien flic de l'entourage de Dudley Smith, une jeune femme de San Bernardino et le sosie d'une sorte de demi-voyou, appelé Duke Cathcart. Trois jeunes Noirs sont bientôt arrêtés et, à la faveur de leur évasion, sont abattus par Ed Exley. Entre temps, celui-ci a fait la connaissance d'Inez Soto, victime de viol par ces trois hommes, à laquelle Exley va s'attacher. Démarre alors un triangle amoureux auquel s'associe Bud White. 1953 se clôt ainsi : le Hibou de nuit est classé, Sid Hudgens a été assassiné, son corps découpé, et Vincennes n'a pas trouvé la source du trafic porno. L'affaire reprend en 1957, à la faveur de nouveaux témoignages. Pour sauver sa réputation et sa carrière, Exley plonge à nouveau dans ce dossier sanglant. Rejaillissent alors toutes les affaires, les résolues et les irrésolues : les photos pornographiques et gores, l'affaire Atherton sur laquelle avait planché Preston Exley, le meurtre de Kathy Janeway qui a obsédé White, tout ça sur fond de marché de la drogue sur lequel de mystérieux individus tentent de faire main basse depuis l'incarcération de Mickey Cohen. Alors, malgré les inimitiés, les jalousies, les dossiers du passé, Exley, White et Vincennes devront unir leurs forces pour, enfin, rendre à L.A. et à toutes ses victimes une "absolue justice".

Polar, roman historique, L.A. Confidential est aussi un roman profondément moral. Ce que laisse voir Ellroy de cette Los Angeles qui, on peut le penser, n'a guère changé depuis les années 1950, c'est d'abord la couche de vernis brillant qui attire tant. Les stars hollywoodiennes font fantasmer à tel point que Pratchett qu'il fait passer les femmes qu'il prostitue sous le bistouri d'un célèbre chirurgien de la ville. Lynn Bracken, alias Veronica Lane, permet ainsi de faciliter les affaires de Pratchett et, le cas échéant, de lui permettre de disposer de dossiers compromettants contre certaines figures locales. le vernis, ce sont aussi les histoires de succès, celle de Preston Exley, bâtisseur en chef du sud californien, lui qui construit un parc d'attraction puis un réseau autoroutier. le vernis, ce sont enfin les histoires de démocratie - Ellis Loew élu à la régulière procureur de la ville, alors qu'il doit son élection à un grossier traquenard sexuel tendu à son adversaire -, les histoires de justice - l'ultime discours de Dudley Smith est d'une effrayante hypocrisie - que véhicule une certaine société, blanche et socialement dominante. L'héroïsme, aussi, fait partie de ce vernis qui semble si attrayant. Héroïques, les descentes de police dans les quartiers difficiles de Los Angeles, quand la réalité montre des méthodes brutales pour lesquelles les vies des personnes Noires valent moins que tout avancement dans la carrière. Héroïque, Preston Exley, dont les brillants faits d'armes ont rejailli sur ses collègues et sur son fils, avant que l'on apprenne que sa grande enquête ne fut pas réellement résolue. Héroïque son fils, Ed Exley, tueur de Japonais lors de la guerre - lui seul sait que la peur lui inspira l'abominable mise en scène responsable de sa distinction - et défenseur de la femme violée, alors que Exley est tout simplement coupable de meurtre. Pourtant, nous montre Ellroy, il reste bien quelque chose de ces principes que la cité des Anges, pensait-on, avait foulé aux pieds. C'est bien de la justice qu'Ed Exley se réclame lorsqu'il reprend l'affaire du Hibou de nuit et qu'il se montre déterminé à dénicher la vérité, y compris à son propre détriment. C'est aussi au nom de la justice, celle due à Kathy Janeway et à toutes les jeunes prostituées massacrées sur le même modus operandi, que Bud White dirige son action. Quant à l'héroïsme, sans doute les trois personnages principaux en font-ils preuve, y compris Jack Vincennes qui tâche de sauver son couple et finalement trouve la rédemption dans l'ultime action du roman. Héros finalement par loyauté : à qui la doivent-ils ? Aux aînés et aux chefs à qui ils doivent leur carrière, leur fortune ? Mais Preston est au mieux un naïf, au pire un menteur. Quant à Dudley Smith, il est irrémédiablement un pourri. Alors loyauté aux victimes, et notamment aux femmes : victimes du Hibou de Nuit, à Inez Soto, victime de viol, victimes du tueur fou qui abat les prostituées de ses poings bagués.

D'une certaine manière, L.A. Confidential se fait, par effet miroir, un roman féminin. Evidemment, aucun personnage féminin n'est érigée par James Ellroy au rang de personnage principal de son roman. Les femmes de cette Los Angeles ne sont en rien responsables de l'action de la police et de la justice ; cependant, leur rôle n'en est pas moins important, moteur même, dans l'action du roman. Elles sont le reflet, et hélas les réceptrices, de la violence des hommes. Femmes désirées et photographiées, elles sont aussi vendues, violées, battues voire tuées. le corps des femmes est celui où s'exerce la misérable violence des hommes, incapables de réfréner leurs instincts, qu'ils soient sexuels ou de puissance physique. Ces corps traités comme de la marchandise, comme les jouets d'une volonté masculine qui n'écoute qu'elle-même, disent beaucoup de la société - de la civilisation - dont ils sont issus. Sous le vernis brillant d'une Los Angeles des strass et des stars, on permet les pires traitements, on inflige les pires sévices aux femmes. Vendues et échangées comme des marchandises les jeunes femmes prostituées de Pratchett ou de Cathcart. Mis en scènes de façon pornographique ou horrifique le corps de Lynn Bracken, qui n'est plus humain, mais appât pour qu'un objectif argentique capture le vice masculin et s'en serve comme moyen de chantage. Violée toute une nuit durant, Inez Soto, avant que les journaux ne livrent en pâture son nom à une population avide de faits divers. Battue à mort la petite Kathy Janeway, dont l'adolescence n'aurait jamais dû permettre qu'elle vive dans des motels pourris où allaient la rencontrer la lubricité masculine et enfin la mort. Pourtant, même dans ces positions de victimes, ces femmes constituent bien le moteur de la narration. Vincennes est sur la piste de ces photos pornographiques qui semblent le dégoûter, White entend la voix de la Kathy Janeway qui lui intime d'agir pour la venger, pour lui rendre justice. Et, bien-sûr, il y a Inez Soto, au corps outragé, qui crie vengeance et réclame la mort pour ses tortionnaires. Inez Soto, qui parvient à dépasser sa condition de victime, et se hisse, par ses relations, par l'effet qu'elle produit auprès des hommes - en tant que femme doublement intouchable, parce qu'elle a été violée, parce qu'elle est d'origine latino - au plus près du pouvoir : celui de la police d'Ed Exley, celui de l'argent de Preston Exley et de Ray Dieterling. Cette place narrative centrale qu'occupent les femmes dans le roman d'Ellroy a sans doute à voir avec le propre traumatisme que connut, enfant, l'auteur. Fils d'une femme assassinée, obsédé par cette mort qui ne fut jamais résolue, Ellroy rend ainsi Bud White proche de lui, en ce que ce dernier cherche, par les moyens physiques les plus brutaux, à rendre justice aux femmes qui subissent le courroux des hommes. C'est cela qui le rend attirant, aux yeux d'Inez Soto (et contrairement à Ed Exley qui use de la loi comme seule arme), et c'est cette dichotomie entre l'expression de la violence et la volonté de justice qui en fait l'un des personnages emblématiques de l'oeuvre. Car Bud White, comme Ellroy, demeure marqué par le meurtre de sa mère et obsédé, dans une plus large mesure, par les violences faites aux femmes. Pendant bestial d'un Ellroy qui a converti sa rage et sa culpabilité en un talent d'écrivain pour réconforter sa fantôme de mère, White, lui, cogne les cogneurs et veut offrir aux Kathy Janeway la vérité de leurs derniers instants. Sa violence physique a quelque chose de réconfortant, car c'est une violence vengeresse, légitime quoique illégale. D'une façon ou d'une autre, ce sont les femmes qui font se mouvoir les hommes, lesquels, malgré toute l'apparence de la force, apparaissent désespérément faibles.

C'est cette faiblesse morale généralisée que tend à montrer le roman. Symbole du vice, la ville de Los Angeles est personnalisée à travers mille visages qui, tous, tendent le même miroir au lecteur : celui de la bassesse, de l'avilissement. Los Angeles est une ville sale, une sorte d'enfer au bord de l'océan, où tous les vices humains se rencontrent. La violence est le premier d'entre eux, et on la rencontre sous toutes ses formes : physiques, évidemment (celle des meurtres ou des viols, mais aussi celle des interrogatoires ou des passages à tabac infligés par la police, et notamment par Bud White), mais aussi morale (le voyeurisme de l'Insigne du courage) ou encore institutionnelle (ainsi le Noël sanglant, ou même l'exécution de Dick Stensland). Surgissent aussi le racisme - n'entend-on pas Dudley Smith et d'autres policiers désigner une partie de la ville comme "Nègreville" ? -, le mensonge (qui permet l'élection d'Ellis Loew), la trahison (Davey Goldman, le petit comptable, qui trahit le boss, Mickey Cohen ; Bud White qui finit par trahir Dudley Smith ; Ed Exley qui, à sa manière, trahit ses collègues dans l'affaire du Noël sanglant ; Dudley Smith, qui trahit l'insigne et la ville ...), le copinage, les jeux de pouvoir. Suivent aussi l'ambition qui dévore tout et ne laisse pas même la moindre dignité (à nouveau : l'élection d'Ellis Loew). Ellroy insère pléthores de petits personnages dans son récit, comme autant de facettes que possède la Cité des Anges, misérables en tout genre (Dick Stensland après son limogeage de la police, les Noirs de la ville qui vivent dans une précarité économique et sociale effarante, Sid Hudgens qui croit pouvoir sauver sa vie grâce aux dossiers qu'il détient sur chacun des personnages importants de la ville ...), ambitieux, père-la-morale (Preston Exley), fouilleurs de fange ... La Los Angeles des années 1950, celle de la fin du premier âge d'or d'Hollywood, n'a probablement pas grand-chose à envier à la mégapole actuelle. Pour la décrire, pour y faire évoluer ses personnages, James Ellroy use d'un style bien reconnaissable et d'une profusion de détails, de personnages et d'événements parmi lesquels il faut faire le tri, comme dans une enquête de police avec moult indices, comme dans la tête de l'un de ses personnages, avec moult pistes. Tranchant avec cela, les dialogues sont ciselés, vivants, demeurant dans l'action présente seulement. A la narration classique, Ellroy ajoute de fausses coupures de presse, qui servent tant d'ellipses temporelles que d'encarts narratifs décalés, qui proposent au lecteur une version sinon alternative des événements, du moins complémentaire au lecteur. Celui-ci pourra alors s'approcher d'une vérité que ne lui dévoilera Ellroy qu'à l'extrême fin du roman, telle une confidence enfin révélée.
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Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de la cité des anges déchus. Une nuit de noël sanglant de 1951, des flics mal dégrossis passent leurs nerfs sur des délinquants ayant mis à mal des collègues, dans les cellules du LAPD. Wendell "Bud" White est un des policiers les plus compromis dans cette bavure, avec son tempérament fougueux, son intelligence moyenne, et sa manière bien personnelle, toute d'impulsivité, de faire passer l'envie aux hommes de violenter leur compagne. Dans une moindre mesure, Edmund "Ed" Exley, agent d'une extrême ambition, est impliqué dans cette affaire, pour avoir été mis hors d'état d'intervenir sur ses hommes. Mais il en faut plus pour mettre à mal les projets d'avancement du jeune héritier d'une véritable dynastie de défenseurs de la loi, dont le père s'est reconvertit, avec le plus grand succès, dans des affaires de construction. Ajoutez à cela, pour la bonne bouche, Jack "Poubelle" Vincennes, agent singulier, qui joue les informateurs pour la presse à scandale, les conseillers techniques pour une émission de grande audience sur la police, et qui se fait passer pour le chevalier blanc en alpaguant les seconds rôles du cinéma dans des situations embarrassantes alors qu'il a pas mal de choses pas brillantes sur la conscience. Malgré la franche antipathie qui oppose le flic indic, la brute épaisse, à leur supérieur hiérarchique aux dents longues, cette brochette hétéroclite est contrainte de collaborer sur une affaire de fusillade sanglante dans un café, que les journaux se sont empressés de surnommer le Massacre du Hibou de Nuit. Ce fait divers se révèle être un simple épilogue, une conséquence logique d'un véritable embrouillamini criminel, impliquant des activités de plus vastes envergures : maitres chanteurs, édition et diffusion de revues pornographiques très particulières, trafic de drogue et corruption à tous les étages.

James Ellroy a, dans ce troisième volet du Quatuor de Los Angeles, recours à la technique éprouvée du partage de la narration entre trois personnes fort dissemblables. Il retrousse les mains et nous plonge dans le cloaque infernal de la cité aux lumières trompeusement coruscantes. Il agrémente le récit de pseudo coupures de presse et de rapports internes à la police, pour donner plus de relief et de crédibilité aux récits. On éprouve un agrément louche à lire ce mélange de faits divers sanglants, de collusions entre les représentants de la loi et ceux qui la bravent plus ouvertement, baignant dans une atmosphère de racisme tout à fait décomplexée. Je rapprocherai le plaisir qu'on en retire, à celui, indéniable, pourvu qu'il reste exceptionnel, de manger un burger bien gras, les doigts maculés de ketchup, en faisant passer le tout d'un milkshake trop sucré. A la bonne votre!
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J'ai adoré ! Il y a dans ce film le jus de l'humanité. Dans un même univers, ultra-violent, des personnages sensiblement différents qui se confrontent et s'affrontent pour des raisons toutes différentes. La police de Los Angeles en prend plein la gueule comme certains personnages. C'est comme dans la vraie vie. J'aime Ellroy pour cela. Derrière la vitrine de chacun des personnages se dressent des coulissent radicalement opposées. Arborer son étoile de shérif dans un merdier comme celui-ci, vanter la morale et la droiture en exprimant en même temps son arrivisme, cogner pour justifier, toutes ces invraisemblance ressemblent à notre humanité dans laquelle beaucoup d'entre nous se perdent. L'argent, les honneurs, la droiture, l'avidité, le désir, l'envie d'être comme, tout cela, nous est posé et remue le merdier de la cité des anges pour notre plus grand bonheur. Sans cette part d'ombre, sans cette bagarre entre le bien et le mal souvent confondus, nous ne serions pas preneurs. C'est un excellent polar. A acheter, lire et partager.
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Jame Ellroy (pseudonyme de Lee Earle Ellroy, né en 1948), – "L.A. confidential" – Rivages, 1990 (ISBN 2-86930-376-9) - traduit par Freddy Michalski, réédité en Poche Rivages/Noir en 1997 (ISBN 978-2743602680)

Commençons par un grand coup de chapeau au traducteur de cet imposant roman, quasiment 600 pages, qui a su également surmonter la difficulté que représentent un style et un vocabulaire très particuliers et changeants, propres à cet auteur, impliquant une connaissance très approfondie de la langue originelle et de son parler argotique de la région de Los Angeles dans les années soixante du vingtième siècle, ce qui représente vraiment une belle performance.

Le lecteur devra tout de même surmonter aussi la foule des personnages évoqués dans le récit (quelqu'un les aurait-il comptés ?), foule d'autant plus redoutable que l'auteur cède à cette particularité états-unisienne d'attribuer au moins quatre ou cinq dénominations à un même personnage (son appellation d'état civil, son patronyme ou son prénom sous forme développée, son prénom sous forme tronquée, et enfin un surnom généralement bien peu gentillet).

Les amateurs éclairés le savent, l'auteur a lui-même subi de plein fouet l'assassinat (jamais élucidé) de sa propre mère en 1958 (il avait dix ans) puis connu le monde de la grande délinquance et de la pègre des années 1965-1975. Il se targue de reconstituer très fidèlement non seulement la langue mais aussi l'ambiance, le mode de vie, le fonctionnement policier, les bas quartiers du Los Angeles des années 1940-1950, en se fondant non seulement sur sa propre connaissance mais aussi sur un travail documentaire titanesque, dont ce roman serait une preuve éclatante.
Si tel est bien le cas, si les agissements relatés dans ce récit sont vraiment très proches de la réalité, alors on ne peut qu'en conclure que la Californie de ces années-là était un pays profondément rongé par le racisme, la drogue, le banditisme, l'affairisme, la corruption et bien d'autres maux. Plus généralement, les Etats-Unis apparaissent ici comme une société extrêmement violente, dans laquelle chacun s'arroge le droit d'abattre son voisin s'il se sent menacé ou tout simplement pris d'un coup de folie (serial killer).
Finalement, après avoir lu ce roman policier, on comprend mieux comment ce pays se croit autorisé à exporter la violence et la guerre dans le monde entier, puisque l'écrasante majorité de ses concitoyens semble convaincue de la vertu de la violence pour régler les problèmes complexes. Nous sommes très loin des comptines sirupeuses distillées par les studios d'Hollywood ! Et c'est ce pays-là qui sert de modèle aux autres pays européens ainsi qu'à une large frange de la population mondiale, se vautrant dans une imitation simiesque aussi servile que ridicule.

Une lecture plutôt ardue, mais très intéressante.
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Le maitre du roman noir et une écriture incomparable.
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Hollywood, les stars, les paillettes, la célébrité et sous ce décor idyllique toute l'ignominie de L.A. masquée par un peu de chirurgie esthétique et de la poudre blanche aux yeux : meurtres avec mises en scène macabres, prostitution, pornographie dégénérée, chantage. Des hommes violents, perdus dans leurs erreurs passées, avides de leur propre justice, enlisés dans leurs problèmes, en quête de femmes douces et de sensualité. La plume qui pulse de James Ellroy, accrochez-vous au départ ! Et puis le style intransigeant et lapidaire nous transporte dans les bas fonds de L.A. pour un voyage interminable dans l'enfer de la Cité des Anges.

Même sentiment que lors de ma lecture du Dahlia Noir, besoin d'une bonne centaine de pages (sur 750 !) pour me refaire au style si particulier d'Ellroy, ne plus me perdre dans sa galerie de personnages sombres, perturbés et sans pitié, entrer pleinement dans l'histoire et dévorer les six cent pages restantes. Les chapitres sont courts, apportant une réelle dynamique au récit. L'alternance avec les coupures de presse nous immergent entièrement dans l'enquête, où les pistes fuitent au gré des indics, où la presse joue un rôle majeur dans la résolution (ou la non résolution ?) de la tuerie du Hibou de Nuit. Les trois personnages principaux sont magistraux. Ellroy pousse ses protagonistes jusqu'au bout, sans crainte de l'excès et nous brosse ainsi des portraits forts, cyniques et aboutis. Malgré leurs gros défauts (violence, mensonge, meurtre, drogue) je me suis attachée à ces antihéros paumés. Comme dans nombre de romans noirs, je leur ai souhaité une rédemption qui semble méritée ; comme dans tout bon roman noir, celle-ci semble s'échapper dès que Bud, Exley ou Vincennes s'en approche d'un peu trop près. Alors j'ai continué de m'enfoncer dans les chapitres, de m'imprégner des mots d'Ellroy, horrifiée par les atrocités commises, stimulée par les talents d'enquêteur d'Exley, attristée pour Vincennes qui semble souvent si seul, pleine d'espoir pour Bud qui sortira peut-être de sa spirale infernale dans les bras de Lynn. Les secrets et les mensonges se mêlent dans les pires brutalités, le lecteur s'enlise dans le sang, la drogue et le porno sale et malgré cela j'ai vibré auprès des personnages, j'ai tourné les pages avec empressement et le point final posé, la tension enfin soulagée, j'en aurai presque redemandé !
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Le livre dont a ete tire le film: un regal par un maitre americain du roman policier un film en a ete tiré et le livre vous ravir tout utant à ne rater sous aucun pretexte !
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Obscur, noir, comme tout ce qu'écrit Ellroy, mais pasionnant.
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