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Imaginez si les hommes étaient aussi dégoutés par le viol que par les règles
Camille Emmanuelle propose de « Ne plus jamais rougir de nos règles ». Avec beaucoup d'humour, elle analyse, entre autres, sa découverte d'un continent rouge, des traditions saugrenues ou farfelues, des mises à l'écart et des stigmatisations des femmes, le liquide bleu des publicités, l'endométriose, les corps féminins « vus comme faibles, impurs, sales, voire parfois même dangereux », les silences et les dénis, « TOUTES les femmes… TOUS LES MOIS ». A la pitié ou la compassion, elle oppose l'écoute, l'empathie.

« Je souhaite qu'on libère la parole sur les règles, mais cette parole sera d'autant plus forte si elle est libérée des images de l'éternel féminin, si elle est « sans fards », et si elle est drôle ».

Buvez, ceci est mon sang ; Je m'en tamponne ; On nous prend pour des bleues ; La coupe est pleine ; Aux chiottes les règles ; Bande de chochottes ; Larmes de sang ; Rouge Baiser ; Ayé, t'es une femme, bon courage ! Ayé, t'es plus une femme, désolée ! ; Mes règles, mon choix ; Tampons sur tapis rouge.

Camille Emmanuelle interroge la pérennité des croyances, cette femme impure des religions monothéistes, les tartufferies menstruelles. Elle parle, entre autres, du syndrome du choc toxique, des tampons et des taches, des messages publicitaires de l'industrie « de la protection intime », du « marketing de la honte », de l'absence d'indication de composition des tampons et de Monsanto, du sang menstruel et sa recoloration en bleu, des odeurs et des techniques publicitaires, « les règles ne puent pas : leur honte, si », des femmes sexualisées dans l'espace public et dont les réalités de leur corps doivent rester cachées, de l'absence de distributeurs de protections hygiéniques dans les lieux publics…

Je souligne les paragraphes sur Thérèse Clerc, les chiffons-tissus avant les serviettes jetables (1963 en France, la bande adhésive en 1973), le mythe de la défloration par tampon. L'auteure aborde aussi la coupe menstruelle, le nouveau business de serviettes lavables, « La Chatte Machine », la rhétorique naturaliste… Elle nous invite dans un petit tour du monde de l'enfer sur terre pendant les règles et nous rappelle qu'en 2015, 500 millions de femmes n'avaient pas accès à des protections hygiéniques.

Les règles sont considérées comme un flux corporel « dégueulasse », un sujet qu'il ne faudrait pas aborder en public, (sauf en publicité bleue) « le corps féminin est valorisé uniquement quand il est sexuellement disponible pour la gent masculine », un « truc de gonzesses » hors sujet pour les mecs, « Comment les hommes hétéros peuvent-ils partager la vie de leurs amantes, amoureuses, femmes, tout en ignorant complètement ou partiellement un phénomène physiologique qui impacte de façon plus ou moins forte, quatre jours par mois, le corps et la physiologie de celles-ci ? »…

Camille Emmanuelle discute d'un éventuel congé menstruel (et de l'expression d'absence par courriel : « sangtiments distingués », « amitiés menstruelles », « menstrucordialement », « en vous souhaitampax une bonne journée »), analyse les souffrances, les douleurs, l'endométriose et son invisibilisation, les actions de celles qui ne cachent pas les taches, les effets hormonaux, la hiérarchisation des émotions, les hommes « menstruhater »…

Elle poursuit sur le fameux « elle a ses règles » et la figure de la chieuse, la valorisation des hormones dites masculines, le sexe pendant les règles, les premières règles et la ménopause, l'asymétrie entre le traitement des femmes et des hommes, les liens construits entre féminité et maternité potentielle, la TVA et les députés, le sang dans l'art… « Saignons sans pertes et sans reproches ».

Un livre contre les tabous, comme celui d'Elise Thiébaut : Ceci est mon sang. Petite histoire des règles, de celles qui les ont et de ceux qui les font
Lien : https://entreleslignesentrel..
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