AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de nilebeh


S'engager dans la lecture de « Boussole » c'est accepter de s'immerger dans la nuit d'un musicologue qui sait qu'il est très malade et que sa vie arrive à son terme. C'est aussi — et surtout — s'immerger dans cet Orient mythique qui fait tant rêver les Occidentaux depuis le XIXe siècle, Orient auquel s'attachent toutes les exaspérations sensitives, toutes les langueurs, tous les érotismes et tous les vertiges poétiques. Les plus grands noms de l'orientalisme émaillent ce livre et il faut, sous peine de n'en tirer qu'un bien faible profit intellectuel, il faut aller chercher les musiques, les tableaux, les poèmes, les récits de voyages qui se sont nourris des merveilles de l'Orient.

Lire ce roman qui n'en est pas un vraiment, c'est plutôt accompagner la dérive des sensations, des souvenirs, des chagrins et des troubles d'un musicologue qui a vécu en Iran, en Syrie, au Liban, dans son coeur et dans sa chair, qui y a trouvé l'amour fou pour Sarah et les inoubliables paysages du désert. Tout est référence, tout est culture, histoires, Histoire. Franz Ritter s'éteint et avec lui, une certaine idée de l'Orient car, en contrepoint, surgissent les horribles images de DAESH.

On peut s'agacer de la luxuriance intellectuelle de ce livre qui par moments prend des allures de thèse, sans apporter les éléments narratifs propres au roman, mais surtout on peut s'y enfouir comme dans une mine de minuscules et foisonnantes notations qui se répondent et nous livrent, un peu, de la magie de ces régions devenues vraisemblablement inaccessibles pour plusieurs générations.

La langue de Mathias Enard est certes savante, travaillée, ciselée autant qu'une miniature persane mais il suffit de se laisser doucement porter par les mots et les images pour en jouir avec douceur. Quitte à se lancer ensuite dans quelques recherches pour en apprécier le fond autant que la forme.

Une lecture dense (il faut des heures et des heures pour lire un tel livre!) et exigeante mais dont on est grandement récompensé.


Commenter  J’apprécie          150



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}