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Citations sur Boussole (248)

La musique est un beau refuge contre l'imperfection du monde et la déchéance du corps.
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Nos rêves sont peut-être plus savants que nous.
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Quelle heure est-il ?
Le réveil est la canne de l'insomniaque, je devrais m'acheter un réveil-mosquée comme ceux de Bilger à Damas, mosquée de Médine ou de Jérusalem, en plastique doré, avec une petite boussole incorporée pour la direction de la prière - voilà la supériorité du musulman sur le chrétien : en Allemagne on vous impose les Evangiles au creux du tiroir de la table de nuit, dans les hôtels musulmans on vous colle une petite boussole contre le bois du lit, boussole et rose des vents qui peuvent servir certes à localiser la péninsule arabique, mais aussi, si le coeur vous en dit, Rome, Vienne ou Moscou : on n'est jamais perdu dans ces contrées.
J'ai même vu des tapis de prière avec une petite boussole intégrée au tissage, tapis qu'on avait immédiatement envie de faire voler, puisqu'ils étaient ainsi préparés pour la navigation aérienne : un jardin dans les nuages, avec, comme le tapis de Salomon da la légende juive, un dais de colombes pour se protéger du soleil - il y aurait beaucoup à écrire sur le tapis volant [...]
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Berlioz n'a jamais voyagé en Orient, mais était, depuis ses vingt-cinq ans, fasciné par Les Orientales d'Hugo. Il y aurait donc un Orient second, celui de Goethe ou d'Hugo, qui ne connaissent ni les langues orientales, ni les pays où on les parle, mais s'appuient sur les travaux des orientalistes et voyageurs comme Hammer-Purgstall, et même un Orient troisième, un Tiers-Orient, celui de Berlioz ou de Wagner, qui se nourrit de ces œuvres elles-mêmes indirectes. Le Tiers-Orient, voilà une notion à développer.
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L'être est toujours dans cette distance, quelque part entre un soi insondable et l'autre en soi. Dans la sensation du temps. Dans l'amour, qui est l'impossibilité de la fusion entre soi et l'autre.
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Effectivement, les roumis* se sont approprié le territoire du rêve, ce sont eux qui, après les conteurs arabes classiques, l'exploitent et le parcourent, et tous les voyages sont une confrontation avec ce songe. Il y a même un courant fertile qui se construit SUR ce rêve, sans avoir besoin de voyager, dont le représentant le plus illustre est sans doute Marcel Proust et sa "Recherche du temps perdu", coeur symbolique du roman européen : Proust fait des "Mille et Une Nuits" un de ses modèles - le livre de la nuit, le livre de la lutte contre la mort. Comme Schéhérazade se bat chaque soir, après l'amour, contre la sentence qui pèse sur elle en racontant une histoire au sultan Shahryâr, Marcel Proust prend tous les nuits la plume, beaucoup de nuits, dit-il, "peut-être cent, peut-être mille, pour lutter contre le temps. Plus de deux cents fois au cours de sa "Recherche", Proust fait allusion à l'Orient et aux "Nuits", qu'il connaît dans la traduction de Galland (celle de la chasteté de l'enfance, celle de Combray) et de Mardrus (celle, plus trouble, plus érotique, de l'âge adulte) - il tisse le fil d'or du merveilleux arabe tout au long de son immense roman; Swann entend un violon comme un génie hors d'une lampe, une symphonie révèle "toutes les pierreries des Mille et Une Nuits". Sans l'Orient (ce songe en arabe, en persan et en turc, apatride, qu'on appelle l'Orient) pas de Proust, pas de "Recherche du temps perdu".

*(terme désignant un Européen et signifiant littéralement « Romain »)
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Incipit
Nous sommes deux fumeurs d’opium chacun dans son nuage, sans rien voir au-dehors, seuls, sans nous comprendre jamais nous fumons, visages agonisants dans un miroir, nous sommes une image glacée à laquelle le temps donne l’illusion du mouvement, un cristal de neige glissant sur une pelote de givre dont personne ne perçoit la complexité des enchevêtrements, je suis cette goutte d’eau condensée sur la vitre de mon salon, une perle liquide qui roule et ne sait rien de la vapeur qui l’a engendrée, ni des atomes qui la composent encore mais qui, bientôt, serviront à d’autres molécules, à d’autres corps, aux nuages pesant lourd sur Vienne ce soir : qui sait dans quelle nuque ruissellera cette eau, contre quelle peau, sur quel trottoir, vers quelle rivière, et cette face indistincte sur le verre n’est mienne qu’un instant, une des millions de configurations possibles de l’illusion... p 7
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Je me revois frapper à sa porte, deux battants de bois à la peinture jaunie, les phalanges tout près des trois chiffres de métal, avec l'angoisse, la détermination, l'espoir, l'aveuglement, le serrement de poitrine de celui qui se lance, qui veut retrouver dans un lit l'être deviné sous une couverture à Palmyre et poursuivre, s'accrocher, s'enfuir dans l'oubli, dans la saturation des sens, afin que la tendresse chasse la mélancolie, que l'exploration avide d'autrui ouvre les remparts du soi.
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Le parfum du chant nous emportait [..]
Je sentais la chaleur du corps de Sarah contre moi, et mon ivresse était double - nous écoutions à l'unisson, aussi synchrones dans les battements de nos cœurs et nos respirations que si nous avions chanté nous-mêmes, touchés, emportés par le miracle de la voix humaine, la communication profonde, l'humanité partagée, dans ces rares instants où, comme dit Khayyam, on boit l'éternité.
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On s’imagine retourner à Daradek ou à Darband, haut dans les montagnes au nord de la ville (Téhéran), excursion du vendredi, au bord d’un ruisseau à l’écart de la foule, en pleine nature, sous un arbre, avec une jeune femme au foulard gris, au manteau bleu, entourés de coquelicot, fleur du martyre qui aime ces pierriers, ces ravines et y ressème chaque printemps ses graines minuscules — le bruit de l’eau, le vent, le parfum des épices, de charbon, un groupe de jeunes gens proches mais invisibles, en contrebas dans la combe, dont seuls parviennent les rires et les odeurs des repas ; on reste là, à l’ombre épineuse d’un grenadier géant, à jeter des cailloux dans l’eau, à manger des cerises et des prunes confites en espérant, en espérant quoi ? Un chevreuil,un ibex, un lynx, il n’en vient aucun ; personne ne passe à part un vieux derviche à l’étrange chapeau, tout droit sorti du Masnavi de Roumi, qui monte vers on ne sait quels sommets, quels refuges, sa flûte de roseau en bandoulière, son bâton à la main
p 207
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