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Critique de frconstant


"Boussole", Prix Goncourt 2015 a été édité par Actes Sud. Selon moi, ce label est souvent synonyme de 'livre à lire'! J'ai cependant été très déconcerté. Je me suis tout d'abord interrogé. Ce roman de Mathias ENARD est-il autre chose qu'un condensé de pédantisme culturel? Pourquoi le construire avec une telle diarrhée de références musicologiques, littéraires, artistiques? Pourquoi, par ailleurs, l'auteur revendique-t-il une bibliographie pour son opus de quelques 400 références? Par vanité? Amusant à noter, M. ENARD, lui-même, attribue ce reproche à un de ses personnages plus que secondaire lorsque ce dernier truffe et allonge un récit de références aussi lourdes qu'inutiles à sa compréhension. Autodérision d'auteur? Pas sûr!

Comment, dès lors, aborder ce roman? Pour le lecteur qui ne peut revendiquer un sérieux bagage d'orientaliste (c'est mon cas!), toutes ces lourdeurs compliquent l'accrochage à un fil conducteur permettant de suivre l'histoire.

En fait, l'histoire semble se résumer à un soliloque éveillé d'un musicologue orientaliste et insomniaque qui sait sa fin prochaine. Au fil d'une nuit, il se repasse le film de sa vie, de ses voyages, de son amour pour Sarah, universitaire orientaliste comme lui. C'est assommant!

Alors, quelles étaient les intentions de l'auteur? J'imagine qu'une des volontés était de présenter l'Orient comme ne pouvant se résumer aux conflits meurtriers qui s'y déroulent de nos jours. de montrer un Orient qui s'est révélé, à lui-même et aux occidentaux, à travers les transferts de l'Occident vers l'Orient et, plus souvent peut-être, de l'Orient vers l'Occident.

J'imagine qu'il y a aussi la volonté de montrer la richesse des courants religieux, philosophiques, ethniques qui fondent, dans la diversité, ce monde oriental irréductible à quelques puissances fanatiques. Plus certainement, il y a, dans ce roman, une recherche de cette altérité qui rend possible le besoin, l'envie de rencontrer cet Orient qui redéfinit notre Occident, et vice versa.

Le titre prend son sens lorsqu'on apprend que le héros possède une boussole qui indique toujours l'Est plutôt que le Nord. Ne jamais perdre l'Est, perdre l'Orient! L'appréhender dans sa complexité, son histoire; réaliser que ce qui nous paraît 'tout autre, incompréhensible et typiquement musulman' comme le dijhad ou les décapitations d'otages par les fanatiques de l'Etat islamique est tout aussi 'autre, incompréhensible et atypique du monde musulman' pour bien des orientaux qui ne peuvent se reconnaître dans ces pratiques.

Un livre utile? Peut-être, mais très difficile à lire, compliqué à partager. Chacun se fera donc son idée et appréciera à la mesure de ses moyens, ses connaissances et sa sensibilité à l'altérité, richesse de nos mondes.
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