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Critique de Krout


Les caravansérails étaient essaimés tous les trente kilomètres sur la route de la soie, un âne en tête de convoi lisait le chemin, choisissant, selon sa propre inclination, la pente la plus douce, évitant les ronces, facilitant la lente progression des bêtes et des hommes qui serpentaient pendant des heures, acheminant les marchandises pour le commerce ainsi que literie et nourriture ; un voyage prenait des mois voire des années, toutes et tous n'en reviendraient pas indemnes, peut-être aucun ?

Encore fallait-il ne pas se perdre en traversant toutes ces contrées d'autant plus étranges qu'étrangères, toujours plus à l'Est, le dépaysement s'ajoutant au dépaysement, rarement mais parfois hostiles, ou encore balayées par une onde de violence surgissant en bande, soudain comme une nuée d'orage que l'on ne pouvait jamais exclure ni s' hasarder à prévoir. le temps était un fameux anesthésiant, sinon l'opium !

Etait-ce l'attrait de l'inconnu ou du danger, l'éloignement, l'isolement avec soi-même, la vraie rencontre d'autant plus espérée qu'improbable, ou encore courir après la fortune qui ne sourit, on le sait, qu'aux audacieux ? Quelque chose fascinait certains Occidentaux au point de les attirer comme un aimant pour devancer le lever du jour, et toujours l'envie de raconter, en ces temps précurseurs, par l'écrit, la musique, la peinture et d'autres souvenirs, façonnait peu à peu le visage de cet Orient fantasmé dans la mémoire collective.

Je me souviens avoir rencontré la charmante amie qui m'a prêté ce livre, ayant lu une trentaine de pages, et lui lâcher tout à trac ma première impression : c'est très littéraire ! Peut-être suis-je allé jusqu'à lui confier, mais rien n'est moins sûr, ma mémoire est parfois incertaine à la fin d'un repas bien arrosé et cette nouvelle tendance à fatiguer au vu de récentes circonstances sur lesquelles il est inutile de s'attarder, la route promet d'être longue ... : j'ai dû relire certaines phrases.

Très littéraire : trop propre, trop lisse, trop scolaire, sans faute, sans faille pour s'échapper. Ma lecture me donne de suite la sensation d'une partition exempte de pauses et de soupirs, point de rondes, très peu de blanches, trop de croches pour que je m'accroche. de l'air ! Trop de tout, trop propre, et surtout, trop de noms propres. le vent l'emportera ... A quoi bon associer tant de noms célèbres ou connus seulement d'un tout petit nombre. Que cachent-ils ? Ah, mais qui voilà ? Bettina Brentano von Arnim ? Cette bimbo qui courait dans l'immortalité de Milan Kundera après toutes les célébrités de son époque dans l'espoir d'accroître ainsi sa propre notoriété. Est-ce cela Monsieur ?

Sinon c'est l'histoire d'un mec qui dort ou plutôt ne dort pas et nous assomme de son insomnie, je la trouve beaucoup moins percutante que celle de l'histoire de ce mec qui racontait l'histoire d'un mec ; particulièrement égocentrique aussi, elle m'aura apporté bien moins de chaleur que les restos du coeur. Je reste donc sur ma faim après avoir rêvé Sarah flamboyante, au soleil levant, aux yeux que j'imagine couleur d'Irlande. Les yeux de l'Orient je les ai, quant à eux, rencontrés près de Ouarzazate au Maroc, soit d'après les oscillations du pendule de Tournesol, un peu plus à l'Ouest que le château de Moulinsart. Quant à cette caravane, j'ai dû l'avoir rêvée, lâchant le livre des mains, bercé par la chanson de Raphaël.
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