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Critique de daniel_dz


Plus que pour le récit lui-même, prenant mais sans plus, je vous recommanderais ce roman pour son thème: la prise en charge des aînés lorsqu'ils peinent à vivre seuls. Une pure fiction, dont on peut espérer qu'elle ne deviendra jamais réalité, mais qui tout de même pousse à la réflexion.

Dans la société imaginée par Vincent Engel pour "Les vieux ne parlent plus", l'État a mis en place des "Villages de santé pour aînés", des institutions présentées comme des petits paradis où les seniors pourront passer une fin de vie tranquille, après leur avoir délégué la gestion de leur patrimoine.

Le personnage principal du roman est un avocat bien établi, dont la mère pourrait avoir sa place dans un de ces villages. Sa position est ambiguë. En effet, d'une part, il est le principal conseiller de l'État pour l'établissement du cadre juridique des villages, ce dont il s'est acquitté avec énormément de soin. D'autre part, on pourrait dire qu'il est un concurrent "artisanal" de ce projet car ses activités d'avocat consistent entièrement à jouer un rôle de "gestionnaire de vie" pour des personnes âgées qui souhaitent être soulagées de la gestion quotidienne de leur patrimoine du bien-être de leur vie de tous les jours.

On ne pourrait sans doute pas qualifier cet avocat de véreux, mais ce n'est pas non plus un philanthrope... En particulier, on commence à mettre en doute sa moralité lorsque l'on apprend qu'il a fait développer un logiciel spécialisé pour le suivi de ses clients, en particulier pour estimer le coût des soins dont ils ont ou auront besoin. Cela lui est bien utile pour l'aider à déterminer où il doit spécialement porter son attention et pour l'aider à prendre les meilleures décisions pour ceux qui lui font confiance. Mais par son intermédiaire, les Villages de santé peuvent également utiliser ce logiciel et déterminer le moment où, pour le dire crûment, il serait plus rentable pour le système qu'un senior soit mort plutôt que vivant. Et il arrive ainsi que la famille apprenne qu'un proche a été victime d'un problème de santé inattendu mais pas improbable à son âge...

L'avocat finit lui-même par se trouver dans une position fort inconfortable lorsque l'État le presse à faire une publicité bien médiatisée pour les Villages en le poussant à y faire entrer sa propre mère. Je vous laisse découvrir le reste. N'hésitez pas à m'envoyer (en message privé) vos commentaires sur la fin de l'histoire que, comme d'autres avant moi, je ne suis pas sûr d'avoir bien comprise.

Du point de vue purement littéraire, je dirais que le texte se lit assez agréablement, sans provoquer de lassitude, mais sans non plus occuper toute l'attention du lecteur au point qu'il repousse le moment où il devrait interrompre sa lecture. Bien mais sans plus, dirais-je. Par contre, vous aurez compris que le thème est vraiment intéressant. le petit résumé que je viens d'écrire peut déjà vous faire réfléchir, mais lire le texte donne plus de substance à la réflexion car même si je suis persuadé que l'on ne pourrait pas en arriver là chez nous, le roman instille tout de même un certain doute. Je mets ceci en parallèle avec les débats actuels sur la vaccination contre le Corona virus; la gestion de la crise a suscité d'intéressants débats la frontière entre les impératifs économiques et les questions de santé publique et de respect des libertés individuelles. Personnellement, rien ne m'a choqué dans les mesures qui ont été prises, ni même dans la "pression" que les autorités mettent pour pousser les individus à se faire vacciner. Mais la question plus délicate et plus difficile est de légiférer pour éviter un précédent qui un jour, plus tard, pour une autre crise, conduise à de réelles dérives.

Bref, je suis heureux, une fois de plus, de mettre en évidence un auteur belge, pour ce roman qui est un excellent point de départ d'une réflexion sur les extrêmes, sur les excès possibles d'un système. Mais bon, je reste confiant dans la nature humaine. Ne me rangez surtout pas dans le clan des complotistes !
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