Citations sur Les vieux ne parlent plus (24)
Une conduite lente mais nerveuse dans la circulation dense du matin, et l’impression d’être un tigre se faufilant entre des moutons gras et idiots, ce bétail abruti qui avait tacitement cautionné un programme d’éradication des vieillards improductifs, sans songer qu’il se retrouverait un jour dans la même situation que leurs parents.
- [...] Tu sais, j’adore ma mère, je lui dois tout… La voir dans cet état me brise le cœur, et plus encore de ne pas pouvoir en prendre soin moi-même. Mais je suis si rarement chez moi, j’ai des horaires épouvantables… Elle s’inquiéterait tout le temps, je devrais engager une aide-soignante à demeure, et c’est si désagréable d’avoir une étrangère chez soi.
C’était évident. Bien plus désagréable que de placer son parent dans une institution remplie d’étrangers… Il tint sa réflexion pour lui et songea à sa propre mère ; il ne savait que trop ce qui se passait dans ces institutions, et il était hors de question qu’elle y mette jamais les pieds.
- La politique ! Qui veut se lancer dans ce cirque aujourd’hui, sinon celles et ceux qui vendraient père et mère ? Vendre ou tuer… d’une manière ou d’une autre ! Vous avez la chance de ne pas avoir d’enfants, Me Geoffroy ; vous ignorez au moins cette déception-là. Il y en a d’autres, faisons confiance à l’infinie ingéniosité humaine pour s’avilir…
C'était triste, mais acceptable, ces morts par milliers chez les vieux. Des fantassins sans valeur qu'on sacrifiait sur le front, de la chair à virus, des victimes sacrificielles aux dieux aléatoires...
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J'aime organiser des spectacles de qualité. Les gens s'en foutent de ce qu'on dit, mais ils veulent du show.
J'ai toujours agi dans le cadre de la loi, d'autant plus que j'ai aidé à l'écrire!
Les pandémies vous ont aussi appris quelque chose: l'émotion du public est vive, bien sûr, même quand il s'agissait des vieux dans les homes, mais dans ce cas, elle était largement ... de surface, de convenance. C'était triste mais acceptable, ces morts par milliers chez les vieux.
Était-ce vraiment aussi simple ? Les gens ne supportaient pas de se tromper. Et être trompé, finalement, était d'abord la conséquence d'une erreur personnelle : celle qui consiste à faire confiance. On ne devrait jamais faire confiance à personne, sauf pour des questions sans importance.
Beaucoup trop de vieux, pas assez de jeunes, lesquels vont vieillir prématurément s'ils doivent prendre en charge tous ces êtres en charge tous ces êtres improductifs ! Il y a un siècle ou deux, les vieillards étaient une denrée rare, on pouvait les respecter ; mais le respect, cela répond aux mêmes impératifs que le marché, pas vrai ? L'offre et la demande. Trop de vieux tue le respect, non ? Vous organisez la pénurie et vous réintroduisez la respectabilité et le mérite, lesquels sont liés à la fortune, comme cela se doit depuis l'aube de l'humanité. Dans "mérite", j'ai toujours entendu "hérite!
Depuis que les politiques ont confié leur communication à des publicitaires, une vérité est apparue, mais que tout le monde refuse de voir : la politique n'est plus qu'un produit comme un autre. L'emballage compte plus que le contenu ou, pire : il masque le contenu réel.