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Citations sur La loi de la mer (77)

Il raconta qu'il avis pris la petite dépouille dans ses bras, espérant que c'était une erreur, que l'enfant était peut-être encore vivant, qu'il y aurait peut-être un très léger battement cardiaque, une veine qui pulsait, un souffle de vie à ses narines.
Mais non.
Il était mort.
Cet enfant était mort pour de vraii.
Ce fut le premier cadavre de la tragédie du 03 octobre qu'il examina.
"Comment on peut laisser mourir une créature comme ça? "accussi nica" (petite comme ça) ? On envoie des hommes sur la Lune et on laisse mourir des gens "accussi".
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Il y aura une épopée Lampedusa. Des centaines de milliers de personnes ont transité par cette île. Il manque encore une pièce dans la mosaïque, aujourd’hui : l’histoire de ceux qui migrent. Nous n’avons pas les paroles pour dire leur vérité. Nous pouvons nommer la frontière, le moment de la rencontre, montrer des documentaires sur les corps des vivants et des morts. Raconter les mains qui soignent, et celles qui érigent des barbelés. Mais l’histoire de cette migration, c’est eux qui nous la raconteront, ceux qui sont partis pour aborder sur nos rivages, à un prix qu’on n’imagine même pas. Il faudra des années. Ce n’est qu’une question de temps, mais c’est eux qui nous expliqueront leurs itinéraires et leurs désirs, qui nous diront les noms de ceux que les trafiquants d’êtres humains ont massacrés dans le désert, et la quantité de viols à laquelle une très jeune fille peut survivre pendant vingt quatre heures. Eux qui nous diront le prix exact d’une vie sous ces latitudes. Ils feront le récit, pour nous et pour eux même, des prisons libyennes et des coups reçus à toute heure du jour et de la nuit, de la mer aperçue soudain, après des jours et des jours de marche forcée, du silence qui tombe quand le sirocco se lève et qu’on est cinq cents sur un bateau de pêche de vingt mètres où l’eau monte peu à peu depuis des heures. C’est eux qui auront les mots pour décrire ce que veut dire aborder la terre ferme après avoir échappé à la guerre et à la misère, pour suivre leur rêve de vie meilleure. Qui nous expliqueront ce que l’Europe est devenue, qui nous montreront, comme dans un miroir, ce que nous sommes devenus.
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On cherche souvent loin de soi quand on devrait regarder tout près 
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Ce n’est qu’une question de temps, mais c’est eux qui nous expliqueront leurs itinéraires et leurs désirs, qui nous diront les noms de ceux que les trafiquants d’êtres humains ont massacrés dans le désert, et la quantité de viols à laquelle une très jeune fille peut survivre pendant vingt-quatre heures. Eux nous diront le prix exact d’une vie sous ces latitudes. Ils feront le récit, pour nous et pour eux-mêmes, des prisons libyennes et des coups reçus à toute heure du jour et de la nuit, de la mer aperçue soudain, après des jours et des jours de marche forcée, du silence qui tombe quand le sirocco se lève et qu’on est cinq cents sur un bateau de pêche de vingt mètres où l’eau monte peu à peu depuis des heures. C’est eux qui auront les mots pour décrire ce que veut aborder sur la terre ferme après avoir échappé à la guerre et à la misère, pour suivre leur rêve d’une vie meilleure.
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C'était ça, pour toi, être père ? Me suivre en silence quand je marche dans les ruines et les buissons d'épines, sans me perdre de vue?
Si je ne m'étais jamais aperçu de sa présence, c'est que je donnais plus d'importance à ce qui manquait, les paroles, au lieu de comprendre la valeur de ce qui avait toujours été là, son regard.
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Plusieurs récits livrent le même témoignage : celui qui se noie, souvent, crie son nom aux autres, qu’il ait été jeté à l’eau vivant par les passeurs, ou précipité en mer par une vague prise de travers. Avant de se noyer, on crie son nom.
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Ici on sauve des vies. En mer, toutes les vies sont sacrées. Si quelqu’un a besoin d’aide, on lui porte secours. Il n’y a ni couleur de peau, ni ethnie, ni religion. C’est la loi de la mer.
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Deux amoureux s'embrassent près d'un bateau dans l'air tiède de ce début d'octobre. Le ciel offre son bleu en cadeau, et dans l'image que l'eau renvoie, les reflets des lumières étincellent comme des lucioles, brèves et vite englouties par ce qui est trop paisible et trop distant pour englober vraiment les angoisses et les joies de ceux qui habitant de ce côté ci de la vie.
Ici, au coeur de l'Europe, on a gardé la mémoire de la force de la mer. C'est écrit dans la peau de cette ville, au visage marqué de rides de sel.
Une ville qui a compté autant de marins parmi ses habitants connaît ses lois.
La mer respire, à la différence du ciel.
La mer donne et prend quand elle le décide, comme le ciel.
La mer, cette même mer où je viens d'arriver accompagné par les canaux, qui baigne toutes les côtes d'Europe, est maintenant remplie de corps morts, ces migrants naufragés dans l'Odyssée du désespoir.
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Le Sud souffre d’une difficulté à communiquer venue d’une culture séculaire où se taire est une preuve de virilité. « Omo di panza » est une manière flatteuse de désigner celui qui est supposé avoir assez d’estomac pour tout garder pour lui : les doutes, les secrets, les traumatismes. C’est un trait distinctif du paternalisme : les garçons apprennent dès l’enfance l’art de se taire. Parler, c’est une activité de fìmmina. Les faibles parlent, les vrais mâles restent muets. La consigne du silence, seuil de ce roc presque inébranlable qu’est l’omertà, est une condition sine qua non d’intégration. Bref : « A megghiù parola è chìdda ca’ un si dice » la meilleure parole est celle qu’on ne dit pas. » (p. 41-42)
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C'était ça pour toi être père ? Me suivre en silence quand je marche dans les ruines et les buissons d'épines, sans me perdre de vue ?
Si je ne m'étais jamais aperçu de sa présence, c'est que je donnais plus d'importance à ce qui manquait, les paroles, au lieu de comprendre la valeur de ce qui avait toujours été là, son regard.
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