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Critique de Presence


"Dixie fried" est le cinquième tome dans la série "Preacher". Il fait suite à Preacher Ancient History. Il comprend le numéro spécial "Blood & Whiskey" qui est consacré à Cassidy et les épisodes 27 à 33 de la série mensuelle.

"Blood & Whiskey" bénéficie d'un scénario de Garth Ennis (évidemment) et d'illustrations de Steve Dillon. Cet épisode est un concentré de tout ce qu'on aime dans Preacher. le lecteur suit Cassidy lors de sa première rencontre (et peut être la seule) avec un autre vampire à San Francisco. Garth Ennis a choisi de donner à ce vampire, une personnalité calquée sur celle de Lestat (Lestat le vampire) d'Ann Rice. le décalage entre Cassidy et ce gothique de pacotille est à savourer sans modération. Cet épisode associe violence, humour noir et camaraderie virile dans un récit qui fait avancer l'histoire globale.

Et puis le récit reprend son cours au temps présent : les 3 personnages principaux se retrouvent à New York City. Tulip joue avec des menottes et avec Jesse Custer. Cassidy joue avec Tulip et avec ses anciennes connaissances. Sur les conseils de Cassidy, le trio décide de se rendre à la Nouvelle Orléans pour rencontrer un prêtre vaudou qui pourrait aider Custer à pirater les souvenirs de Genesis (l'entité qui a élu domicile dans sa psyché). Pas de chance, lors de son précédent passage dans cette ville, Cassidy ne s'est pas fait que des amis. Pendant ce temps là, Herr Starr résume les événements du tome 3 à madame Featherstone et essaye de camoufler la cicatrice que lui a laissée Jesse Custer.

Garth Ennis a énormément de choses à dire et à exposer dans ces épisodes et par voie de conséquence l'action diminue d'intensité par rapport aux 3 premiers tomes. Ennis oriente son scénario vers l'approfondissement des relations entre les 3 personnages principaux : Jesse Custer, Tulip O'Hare et Proinsias Cassidy. Tulip prouve qu'elle est capable de se défendre toute seule. Les bases de l'amitié entre Custer et Cassidy sont développées et analysées. Et Cassidy se rapproche de Tulip qui prend au premier degré la promesse de Custer de l'aimer jusqu'à la fin des temps. Ces individus gagnent en épaisseur psychologique et en intensité émotionnelle : le lecteur les redécouvre et s'interroge sur les motivations profondes des uns et des autres. Ennis révèle des aspects affectifs inattendus. Il ose même questionner la nature et le fondement de l'amitié qui lie Jesse et Cassidy. de la même manière, il fait se heurter doucement le machisme et la virilité des 2 compères avec l'assertivité féministe de Tulip. Mais tout cela se fait franchement au détriment de l'action.

Et ces scènes ressortent d'autant plus que Steve Dillon n'est pas le dessinateur le plus doué pour rendre visuellement intéressantes des scènes de dialogues. D'une part il reste toujours aussi léger dans les décors qui se dégradent de case en case pour atteindre le niveau de 2 ou 3 traits, puis pour disparaître complètement 1 ou 2 pages durant. Heureusement il sait toujours aussi bien dessiner les visages avec des expressions faciales nuancées. Il insère quelques gags visuels réussis. le vampire mythomane et gothique ressemble à un croisement entre Morpheus et Neil Gaiman. Death n'est pas très loin derrière mais elle a subit une transformation physique qui la rend d'autant moins crédible. Et en prêtant attention aux personnages secondaires, le lecteur voit passer le manteau de Shade (tout droit sorti de Shade, the Changing Man: The American Scream v. 1). Les éléments horrifiques présentent toujours autant d'efficacité, que ce soit le visage d'Arseface, les mutilations subies par Cassidy ou les parties corporelles explosées par les coups de feu tirés par Tulip.

Évidemment, ce tome est indispensable dans la série de 9 qui composent l'intégralité de la série Preacher. Force est de constater que ce tome est d'un niveau de qualité inférieur aux autres parce ses créateurs n'ont pas su gérer la masse d'informations et les profils psychologiques d'une manière adaptée à la bande dessinée. Malgré tout, le résultat se lit avec plaisir et le lecteur appréciera la prise de risques d'Ennis et Dillon qui ne se contentent pas de resservir les mêmes séquences que dans les tomes précédents. Ils emmènent leur histoire dans une direction claire et ils approfondissent la psychologie de leurs personnages pour les rendre plus crédibles à nos yeux. À l'évidence, Jesse, Tulip et Cassidy ne sont pas des héros, mais des personnages principaux. Et du coup, le lecteur partage plus aisément leur point de vue et il comprend que leurs relations ne peuvent que dégénérer. Tout n'est pas ce qu'il paraît et la suite est explosive dans Preacher: War in the Sun.
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