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Critique de Tamm


C'est le deuxième livre de Louise Erdrich que je lis et le constat est le même, une alternance de moment où je suis tout à fait absorbée et d'autres où je reste sur le côté.
Louise Erdrich est une descendante des premiers americains et la construction de l'identité entre héritage de la culture ancestrale et de celles des européens installés est centrale dans son oeuvre. Mais ces personnages sont assez éloignés de ce que l'on peut imaginer, ce ne sont pas les gardiens d'une sagesse du passé, comme le père de Betty dans le livre de T. McDaniel, des personnages réalistes dans l'Amérique moderne, conscient toutefois d'avoir un statut particulier. « ne peins pas les Indiens. le sujet l'emporte. C'était un peintre indien qui le lui avait dit. Tu ne seras jamais un artiste. Tu seras un artiste indien. Ta carrière sera bouchée. Tu n'iras jamais plus loin. Tu définiras des attentes. N'attireras qu'un seul type de collectionneurs. Les noirs peuvent être post- raciaux. Mais les Indiens sont toujours bloqués en 1892.»
Ces écrits me semblent assez désenchantés à ce niveau là et globalement plutôt noirs.
Ici on assiste à l'agonie de l'amour de Gil et Irène qui entraînent toute leur famille dans une spirale de violence 'ordinaire', de manipulation, glissant vers une haine que seul l'alcool colmate et permet de garder une apparente normalité à la face du monde.
Louise Erdrich maîtrise parfaitement le cloisonnement entre les deux carnets et le point de vue omniscient sur chaque personnage pourtant je n'ai pas construit de reelle empathie pour les personnages. Par contre elle crée parfaitement une ambiance lourde et inquiétante où l'on s'attend à un drame en tournant chaque page.
Enfin comme avec beaucoup d'auteurs contemporains, la manière de traiter les dialogues me gêne et retarde mon immersion dans l'histoire, malgré une plume par ailleurs vibrante et éloquente.
Je continuerai à lire Louise Erdrich.

«Ce moment inconnaissable dont parlait l'écrivain exerçait un puissant effet sur ces actes. Car il avait la certitude qu'existaient des interstices, des ouvertures, des brèches dans le mur qui se dressait entre eux. Ces murs étaient composés de décombres immatériels. Dits et non-dits, actes, malentendus, un agglomérat de moments empilés, duquel, croyait-il, pouvait percer un pur moment.»

«Gil avait un mur. Irène avait un mur. Entre les deux existait une zone neutre, intacte, une etendue sauvage, où se trouvait tout ce qu'ils ne savaient pas et ne pouvaient imaginer sur l'autre. Gil avait une vision claire de cet espace qui les séparait. Il y voyait un paradis intact semblable à la zone démilitarisée entre les deux Corées.»

«Nous étions l'un et l'autre chamailleurs, l'un et l'autre buveurs. La première fois où nous fîmes l'amour nous étions ivres. La première fois que nous fîmes l'amour sans être ivres, ce fût si étonnant, si émouvant, si intime que nous tombâmes aussitôt amoureux. [•••] L'idée de symétrie était si puissante que pendant des années, je ne compris pas que la structure s'était gauchie. Je continuais à faire l'amour en pensant à des activités qui soient symétriques, des activités qui nous avaient occupé au début.»
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