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Critique de julspirit


Trois sentiments.

La tristesse, d'abord. Tristesse de se rendre compte que, malgré une éducation ouverte, malgré un modèle parental à contre-courant, malgré un parcours scolaire abouti, on sait, on sent que la fatalité finira par rattraper l'héroïne. La fatalité, en l'espèce, ce sont les conséquences du simple fait d'être née femme, et d'être par là condamnée à jouer le rôle que nous assignons aux femmes.

Vient un autre sentiment : la honte. Honte, en tant qu'homme, d'être complice quotidiennement de l'exploitation des femmes, et de profiter matériellement et symboliquement de tous les avantages qui en découlent.

Et puis la colère. Colère qu'en quarante ans depuis la parution du roman, rien n'ait changé. Ou si peu. Il suffit par exemple de regarder les données sur la répartition du travail domestique dans les couples hétérosexuels pour en convenir.

Cet ouvrage aurait dû me déplaire : auto-fiction auto-centrée, monologue écrit dans un style soi-disant plat... Prétextes évidents afin de repousser la confrontation.

Car le style est moins plat que neutre, le texte faisant oeuvre aussi bien de roman que de monographie sociale, dans laquelle se dévoile la condition d'une femme tout au long de son parcours de transfuge de classe.

Annie Ernaux parle d'elle et de toutes les femmes. Son écriture est à la fois méthodique et incarnée, pleine de vie et de souffle malgré la soumission à la force des stéréotypes et des rôles sociaux de genre. Une excellente lecture.
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