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Critique de Krout


Critique pas ordinaire sur un livre qui vous change de votre ordinaire !

A la fin de ce livre, je me questionne comment rédiger cette critique. Normal, au sortir d'une oeuvre ambitieuse, philosophique et psychanalytique post-moderne à la quête de soi et de l'amour absolu dans un monde argenté mais désenchanté et pourtant perdant le sens de la réalité. Je recopierais bien cette phrase puissante car à mon avis, mais ce n'est que le mien, il est utile de la relire plusieurs fois pour en capter toute la portée. Je vous encourage à le faire, la relire, oui et la recopier aussi, si cela vous aide : elle n'est pas protégée par un copyright. Ce n'est pas tous les jours. Champagne et Bonne Année !

Il faudrait de plus développer les concepts de soi, d'amour absolu, de désenchantement, de réalité, de modernité et bien entendu de normalité, mais ceci n'est qu'une critique. Un tel développement demande d'écrire un livre, non une critique. Bonne nouvelle c'est déjà fait, donc inutile pour moi de recommencer. Ouf ! Ah oui, ceux qui seraient intéressés par le sujet peuvent commencer par la fin du monde a du retard. Mais autant commencer par le début. C'est un conseil, il faut s'accrocher car le sujet est ardu.

Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, l'auteur le sait, il a lu Platon, l'allégorie de la caverne. Il est déchaîné, il y va. Va-t-il s'en sortir ??? Il sait que ceux qui y sont restés (Oui, il y a des morts dans cette histoire. Personne n'a entrepris cette quête sans mort à la clé, mais ceux qui restent au fond de la caverne meurent aussi. Inutile de demander le 50/50, il n'y a qu'un seul résultat, au final. Autant essayer d'en sortir... mais essayer ne suffit pas.) ne peuvent comprendre ceux qui sont sortis. Donc, soit vous êtes dans la caverne et vous n'allez pas comprendre, soit vous êtes sorti et avez commencé votre quête, vous suivez votre propre chemin et bien malin qui vous retrouvera pour vous expliquer. Alors l'auteur se lance dans une magnifique tentative désespérée, le détournement de l'indicible par l'humour. Car avec l'humour, pense-t-il, l'on peut tout dire, même les vérités qui ne sont pas bonnes à l'être. Et si l'on peut en effet tout dire avec humour, on prend un gros risque de ne pas être compris. Dois-je donner des preuves ? Vraiment ???

Je pourrais vous parler d'attentats perpétrés par des gens sans humour. Les meilleurs d'entre vous me répondront avec justesse que ces individus sans humour ne sont qu'une poignée, sans légitimité représentative. Vous me direz que le rire est le propre de l'Homme. le rire, c'est vrai, mais l'humour ? Je vous prends au mot, lorsque vous aurez terminé celle-ci lisez les autres critiques sur ce livre et dites-moi combien ont capté le thème central, combien vous disent que c'est une oeuvre ambitieuse, philosophique et psychanalytique post-moderne à la quête de soi et de l'amour absolu dans un monde argenté mais désenchanté et pourtant perdant le sens de la réalité ? Combien à part celle-ci ? 0, un nombre aussi fermé que les maillons qui enchaînent ces pauvres malheureux au fond de leur caverne. La critique qui s'approche le plus de la vérité profonde de l'auteur est celle d'une personne qui n'attribue qu'une seule étoile, parce qu'elle n'a pas aimé l'humour. Cette critique n'a reçu aucun clic de babeliotte, juste un clic de passage. Et les autres ? Certaines sont pleines d'humour mais toutes celles que j'ai lu, les plus populaires, prennent l'accessoire pour l'essentiel et soit passent carrément à coté de l'essentiel, soit au mieux le considère comme très accessoire. C'est un désastre ! L'auteur courait à sa perte, il le savait, c'est d'autant plus digne d'admiration.

L'auteur s'offre en figure Christique comme propre victime de sa démonstration absolue du célèbre mythe de la caverne de Platon. Il a beau sacrifier ses héros principaux, rien n'y fait. Platon est trop fort ! L'aveuglement reste la norme, encore faudrait-il développer les concepts d'aveuglement et de normalité, mais inutile de recommencer. Ce qu'il faut sans doute recommencer, c'est la lecture du livre ou bien déjà la commencer. Car c'est une profonde injustice si J.M. Erre hors des sentiers battus de la renommée médiatique et du matraquage marketing qui l'accompagne. Nul n'est prophète en son pays, heureusement pour lui, pour vous, pour moi surtout, je suis Belge ! Et je lis lentement, ça aide pour la compréhension des doubles sens et la lecture des interlignes.

J'en reviens au questionnement, le mode le plus approprié pour la philosophie. du reste, j'aime beaucoup l'humour aussi, surtout du second degré. Il m'arrive même de le pratiquer, parfois, ne fût-ce que pour m'entraîner. L'auteur a, lui, privilégié le burlesque. Sans doute l'a-t-il fait parce que ce style s'adapte bien à imager une quête et les inévitables péripéties qui l'accompagnent, cela reste un choix malheureux qui tourne parfois à la pantalonnade. Choix malheureux car si rire aère le cerveau, ce qui est excellent, rire à gorge déployée, inévitable résultat du burlesque, empêche d'encore voir le texte, ce qui nuit considérablement à la compréhension du propos sous-tendu comme le confirme les critiques. Pour preuve : seule la personne qui n'a pas rit c'est le plus approchée de l'essentiel du propos. Sur ce, quittons Buster. Voulez-vous ? Ah ! Ah ! La question c'est ...

Qu'elle est donc cette question au chevet (car elle est très vieille) de laquelle J.M. Erre nous invite à nous pencher ? Elle est là, en bas de la page 15, tout au début de la fin du monde, claire, immanquable, personne ne peut nier son existence. Mais la question n'est pas où, ni quand, vous avez raison, je vous la retranscrit. Elle a trait à l'allégorie de la caverne détaillée par Platon dans le livre VII de la République. La question elle n'est pas de Platon, l'auteur nous la livre comme sienne, mais il a peut-être copié, si c'est le cas ce n'est pas beau. Quoiqu'il en soit, la question reste toujours aussi intéressante : "Au-delà de la signification de cette histoire, une question reste en suspens après sa lecture, une question à laquelle personne ne s'intéresse jamais et qui est pourtant fondamentale : qui a enchaîné ces hommes au fond d'une caverne ?" Au passage, il faut souligner toute la lucidité de l'auteur qui sait déjà que personne ne s'intéresse jamais, ce qui englobe aussi le futur, il connait ses lecteurs. Il sait bien, lui, que la question est fondamentale, qu'elle est le coeur de son sujet. Il le dit, c'est écrit en toutes lettres au début du livre. Et malgré cela, il sait que ses lecteurs vont passer à coté. Une fois encore l'auteur est omniscient. Comment dans ces conditions a-t-il eu la force d'écrire les 385 pages restantes ? C'est aussi cela un vrai écrivain : l'abnégation, le don de soi. Bon d'accord, mais la réponse.

Elle est là aussi, en pleine page 390, du moins dans mon édition, en 4 phases et commençant par ces mots... Attendez que j'ouvre le livre, oui le suspens est insoutenable, oui l'auteur a voulu aussi en faire une sorte de thriller, oui c'est nécessaire pour attirer certains à lire ce livre ambiteux, oui c'est un très gros risque car c'est l'ambition qui perdra le monde, oui c'est aussi cela la vie, une succession de risques assumés, oui c'est néanmoins fâcheux car cela détourne l'attention du lecteur de l'essentiel qui se trouve être cette foutue réponse qui commence par .... "On se souvient que la phase 1". Mais ma critique est déjà fort longue, non ? Donc je saute tout le paragraphe et vais directement à la fin de cette réponse qui prend une bonne demi-page : "Et ce n'est pas beau à voir." Certes, je suis tout à fait d'accord, mais c'est tellement beau à lire !

Cependant il reste 8 pages, pourquoi se donner tant de mal si l'essentiel est dit ? En voilà une bonne question, je vous la pose. Et aussi : Y aurait-il encore de bons écrivains en France ? Etait-ce mieux avant ? Y a-t-il d'autres questions ? L'amour absolu peut-il exister ? Pourquoi avoir choisi l'humour ? L'écrivain français est-il capable de se faire comprendre par l'humour ? Ou faut-il systématiquement se tourner vers des écrivains belges qui manient drôlement bien la langue française ? Faut-il essayer de les égaler ? N'est-ce pas plus simple et moins fatiguant de continuer à faire croire qu'ils sont français ? Y a-t-il un méta-message ? Une méta-question, prolongeant la question initiale ? Faut-il prendre tout cela au sérieux ? Tout quoi ? La vie ?


Challenge : pavé dans la mare
Challenge : éclairer l'aveuglement
Challenge : en hiver 2ème, 3ème degrés et plus réchauffent le coeur
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