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EAN : 9782283027318
416 pages
Buchet-Chastel (13/02/2014)
3.68/5   247 notes
Résumé :
Construit sous la forme d'une course poursuite, La fin du monde a du retard met en scène Alice et Julius, deux amnésiques qui s'évadent de la clinique psychiatrique où ils sont traités.

En effet, Julius s'est donné pour mission de déjouer un terrible complot qui menace l'humanité. Poursuivis par la police, par des journalistes et par de mystérieux personnages de l'ombre, ils iront de péripéties en rebondissements jusqu'à l'incroyable révélation finale... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (75) Voir plus Ajouter une critique
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Commencer l'année par de grands éclats de rire est de bon augure.
En tout cas pour la durée de la lecture et les souvenirs amassés pour les jours plus moroses. C'est ce qu'il m'est arrivé avec « La fin du monde a du retard ».

« Boum ! fit la porte en percutant le crâne du commissaire Gaboriau comme pour rejouer l'ancestral combat entre la matière inerte et l'esprit humain » (p. 95).
« Avez-vous foi en Notre-Seigneur ? Je ne sais pas, je suis amnésique » (p. 304).

L'humour se déploie en continu, sous différentes formes, du drôle au décalé, de l'intergénérationnel au potache, de l'absurde au terre-à-terre.

Comique de situation aussi puisque les deux héros font le mur lors d'une fête donnée à la clinique psychiatrique où ils sont soignés pour amnésie. Julius se souvient seulement qu'il doit sauver le monde d'un dangereux complot fomenté par une organisation internationale tandis qu'Alice, seule rescapée de sa cérémonie de mariage, a perdu tout contact avec ses émotions lors d'une explosion qui a pulvérisé tous les invités de la noce. Ses émotions, c'est sûr mais pas sa logique !

S'ensuit une cavalcade loufoque dans les rues de Paris, dans les égouts, les catacombes et même un ancien lupanar soixante-huitard. Ainsi que des rencontres presque du Troisième Type avec un internaute féru, comme Julius, de Star Wars, de Men in Black et de toute la panoplie des « héros en justaucorps bariolés », un King Chewbacca, bouffeur de pizzas et arnaqueur de première, ainsi que d'une fine équipe, survivants de la fin du monde de décembre 2012, et de paparazzi pas futés mais tenaces.

Puisqu'il y a des policiers lancés à la poursuite des évadés, peut-on qualifier ce roman de polar ? Peut-être mais c'est plus que ça.

C'est aussi un livre de cuisine où le plat principal est servi dans la Caverne de Platon, l'entremets accompagné d'une lecture de Cioran et le dessert roboratif sucré d'une nouvelle connaissance des dieux grecs dont Superman et consorts sont les avatars. Parce que, attention, y en a là d'dans, faut pas croire. Les surhumains sont parmi nous, les films américains montrent bien ces personnages « fictionnalisés » qui délivrent même des messages secrets que Julius a captés. Ils causent des dégâts, ils sont imprévisibles, fascinants mais instables. L'organisation secrète Tirésias, vieille de plusieurs siècles, veut garder l'humanité sous contrôle en l'empêchant de reconnaître l'existence de ces super-héros. C'est eux qu'elle veut détruire, mais Julius veille. Il sait que Tirésias a effacé sa mémoire pour qu'il ne révèle pas la vérité au monde mais, shooté comme il l'est aux capsules Nespresso, il mène sa tâche tambour battant.

J.-M. Erre tire de multiples ficelles pour façonner ce roman échevelé : celles de nos croyances et de nos certitudes, celles des réseaux sociaux et du savoir encyclopédique d'Internet, celles des informations officielles passées au crible par les théoriciens du complot, celles des répliques de films cultes, celles des nouvelles technologies qui font très vite perdre les pédales.

Le suspense dure jusqu'à la fin, sauf si vous aussi êtes un super-héros. Et si je vous parlais d'un pigeon à collerette blanche, unijambiste et borgne de surcroît, vous croiriez que j'exagère ?

Très bonne pioche que la chronique de Krout m'a fait découvrir. Qu'il en soit vivement remercié.
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"C'est du grand n'importe quoi", en référence à l'un des ouvrages de l'auteur J.M Erre mais du grand art dans l'art du n'importe quoi et qui plus est, de manière organisée contrairement à ce que l'on pourrait panser.
Pour avoir déjà lu deux ouvrages de cet auteur, je savais d'avance, en m'attaquant à celui-ci, que je ne serai pas déçue et effectivement ce ne fut pas le cas. de plus, par les temps qui courent, cela fait du bien de lire ce genre d'ouvrage, complètement décalé et pourtant avec des vérités, dissimulés sous une bonne dose d'humour, assez justement placées.

Cela fait un moment que Julius, notre protagoniste, interné dans l'établissement Saint-Charles, en pince pour la belle Alice, elle aussi amnésique mais avec la particularité de ne ressentir aucune émotion. Alors que Julius est persuadée que la fin du monde est proche et qu'il est impliqué au premier plan dans cette machination sans nom, il veut à tout prix s'échapper de cet asile en emmenant Alice avec lui afin d'essayer de sauver le monde (tant qu'à faire) mais pour cela, comme tout héros qui se respecte, il aura une quête à mener, des indices à trouver et le "graal", connu sous le précieux "codex" qu'il doit à tout prix trouver et récupérer pour mener à bien sa mission.

En parallèle, le commissaire Gaboriau prépare tranquillement son départ à la retraite et, désespéré par l'attitude du jeune lieutenant Matozzi qui ne le respecte pas le moins du monde (c'est bien connu, il n'y a jamais eu de respect pour qui que ce soit dans ce bas-monde, surtout envers nos aînés) et le pot de départ est fixé le jour de la dite fin du monde. Simple coïncidence ? Complot ? Quoi qu'il en soit, nos deux représentants de l'ordre sont eux aussi sur la trace de Julius et Alice...

En vous embarquant dans cette course contre la montre (et oui, même si "la fin du monde a pris du retard", elle ne doit dorénavant plus se faire attendre), je vous garantis un suspense jusqu'à la toute dernière page, des crises de fou rire garantis et le tout, avec une écriture extrêmement bien soignée et légère à la fois. de nombreux clins d'oeil à diverses oeuvres littéraires ou cinématographiques ainsi qu'à de grands clichés dans l'univers des jeux de rôle arrivent à point nommé ! Un régal !
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Critique pas ordinaire sur un livre qui vous change de votre ordinaire !

A la fin de ce livre, je me questionne comment rédiger cette critique. Normal, au sortir d'une oeuvre ambitieuse, philosophique et psychanalytique post-moderne à la quête de soi et de l'amour absolu dans un monde argenté mais désenchanté et pourtant perdant le sens de la réalité. Je recopierais bien cette phrase puissante car à mon avis, mais ce n'est que le mien, il est utile de la relire plusieurs fois pour en capter toute la portée. Je vous encourage à le faire, la relire, oui et la recopier aussi, si cela vous aide : elle n'est pas protégée par un copyright. Ce n'est pas tous les jours. Champagne et Bonne Année !

Il faudrait de plus développer les concepts de soi, d'amour absolu, de désenchantement, de réalité, de modernité et bien entendu de normalité, mais ceci n'est qu'une critique. Un tel développement demande d'écrire un livre, non une critique. Bonne nouvelle c'est déjà fait, donc inutile pour moi de recommencer. Ouf ! Ah oui, ceux qui seraient intéressés par le sujet peuvent commencer par la fin du monde a du retard. Mais autant commencer par le début. C'est un conseil, il faut s'accrocher car le sujet est ardu.

Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, l'auteur le sait, il a lu Platon, l'allégorie de la caverne. Il est déchaîné, il y va. Va-t-il s'en sortir ??? Il sait que ceux qui y sont restés (Oui, il y a des morts dans cette histoire. Personne n'a entrepris cette quête sans mort à la clé, mais ceux qui restent au fond de la caverne meurent aussi. Inutile de demander le 50/50, il n'y a qu'un seul résultat, au final. Autant essayer d'en sortir... mais essayer ne suffit pas.) ne peuvent comprendre ceux qui sont sortis. Donc, soit vous êtes dans la caverne et vous n'allez pas comprendre, soit vous êtes sorti et avez commencé votre quête, vous suivez votre propre chemin et bien malin qui vous retrouvera pour vous expliquer. Alors l'auteur se lance dans une magnifique tentative désespérée, le détournement de l'indicible par l'humour. Car avec l'humour, pense-t-il, l'on peut tout dire, même les vérités qui ne sont pas bonnes à l'être. Et si l'on peut en effet tout dire avec humour, on prend un gros risque de ne pas être compris. Dois-je donner des preuves ? Vraiment ???

Je pourrais vous parler d'attentats perpétrés par des gens sans humour. Les meilleurs d'entre vous me répondront avec justesse que ces individus sans humour ne sont qu'une poignée, sans légitimité représentative. Vous me direz que le rire est le propre de l'Homme. le rire, c'est vrai, mais l'humour ? Je vous prends au mot, lorsque vous aurez terminé celle-ci lisez les autres critiques sur ce livre et dites-moi combien ont capté le thème central, combien vous disent que c'est une oeuvre ambitieuse, philosophique et psychanalytique post-moderne à la quête de soi et de l'amour absolu dans un monde argenté mais désenchanté et pourtant perdant le sens de la réalité ? Combien à part celle-ci ? 0, un nombre aussi fermé que les maillons qui enchaînent ces pauvres malheureux au fond de leur caverne. La critique qui s'approche le plus de la vérité profonde de l'auteur est celle d'une personne qui n'attribue qu'une seule étoile, parce qu'elle n'a pas aimé l'humour. Cette critique n'a reçu aucun clic de babeliotte, juste un clic de passage. Et les autres ? Certaines sont pleines d'humour mais toutes celles que j'ai lu, les plus populaires, prennent l'accessoire pour l'essentiel et soit passent carrément à coté de l'essentiel, soit au mieux le considère comme très accessoire. C'est un désastre ! L'auteur courait à sa perte, il le savait, c'est d'autant plus digne d'admiration.

L'auteur s'offre en figure Christique comme propre victime de sa démonstration absolue du célèbre mythe de la caverne de Platon. Il a beau sacrifier ses héros principaux, rien n'y fait. Platon est trop fort ! L'aveuglement reste la norme, encore faudrait-il développer les concepts d'aveuglement et de normalité, mais inutile de recommencer. Ce qu'il faut sans doute recommencer, c'est la lecture du livre ou bien déjà la commencer. Car c'est une profonde injustice si J.M. Erre hors des sentiers battus de la renommée médiatique et du matraquage marketing qui l'accompagne. Nul n'est prophète en son pays, heureusement pour lui, pour vous, pour moi surtout, je suis Belge ! Et je lis lentement, ça aide pour la compréhension des doubles sens et la lecture des interlignes.

J'en reviens au questionnement, le mode le plus approprié pour la philosophie. du reste, j'aime beaucoup l'humour aussi, surtout du second degré. Il m'arrive même de le pratiquer, parfois, ne fût-ce que pour m'entraîner. L'auteur a, lui, privilégié le burlesque. Sans doute l'a-t-il fait parce que ce style s'adapte bien à imager une quête et les inévitables péripéties qui l'accompagnent, cela reste un choix malheureux qui tourne parfois à la pantalonnade. Choix malheureux car si rire aère le cerveau, ce qui est excellent, rire à gorge déployée, inévitable résultat du burlesque, empêche d'encore voir le texte, ce qui nuit considérablement à la compréhension du propos sous-tendu comme le confirme les critiques. Pour preuve : seule la personne qui n'a pas rit c'est le plus approchée de l'essentiel du propos. Sur ce, quittons Buster. Voulez-vous ? Ah ! Ah ! La question c'est ...

Qu'elle est donc cette question au chevet (car elle est très vieille) de laquelle J.M. Erre nous invite à nous pencher ? Elle est là, en bas de la page 15, tout au début de la fin du monde, claire, immanquable, personne ne peut nier son existence. Mais la question n'est pas où, ni quand, vous avez raison, je vous la retranscrit. Elle a trait à l'allégorie de la caverne détaillée par Platon dans le livre VII de la République. La question elle n'est pas de Platon, l'auteur nous la livre comme sienne, mais il a peut-être copié, si c'est le cas ce n'est pas beau. Quoiqu'il en soit, la question reste toujours aussi intéressante : "Au-delà de la signification de cette histoire, une question reste en suspens après sa lecture, une question à laquelle personne ne s'intéresse jamais et qui est pourtant fondamentale : qui a enchaîné ces hommes au fond d'une caverne ?" Au passage, il faut souligner toute la lucidité de l'auteur qui sait déjà que personne ne s'intéresse jamais, ce qui englobe aussi le futur, il connait ses lecteurs. Il sait bien, lui, que la question est fondamentale, qu'elle est le coeur de son sujet. Il le dit, c'est écrit en toutes lettres au début du livre. Et malgré cela, il sait que ses lecteurs vont passer à coté. Une fois encore l'auteur est omniscient. Comment dans ces conditions a-t-il eu la force d'écrire les 385 pages restantes ? C'est aussi cela un vrai écrivain : l'abnégation, le don de soi. Bon d'accord, mais la réponse.

Elle est là aussi, en pleine page 390, du moins dans mon édition, en 4 phases et commençant par ces mots... Attendez que j'ouvre le livre, oui le suspens est insoutenable, oui l'auteur a voulu aussi en faire une sorte de thriller, oui c'est nécessaire pour attirer certains à lire ce livre ambiteux, oui c'est un très gros risque car c'est l'ambition qui perdra le monde, oui c'est aussi cela la vie, une succession de risques assumés, oui c'est néanmoins fâcheux car cela détourne l'attention du lecteur de l'essentiel qui se trouve être cette foutue réponse qui commence par .... "On se souvient que la phase 1". Mais ma critique est déjà fort longue, non ? Donc je saute tout le paragraphe et vais directement à la fin de cette réponse qui prend une bonne demi-page : "Et ce n'est pas beau à voir." Certes, je suis tout à fait d'accord, mais c'est tellement beau à lire !

Cependant il reste 8 pages, pourquoi se donner tant de mal si l'essentiel est dit ? En voilà une bonne question, je vous la pose. Et aussi : Y aurait-il encore de bons écrivains en France ? Etait-ce mieux avant ? Y a-t-il d'autres questions ? L'amour absolu peut-il exister ? Pourquoi avoir choisi l'humour ? L'écrivain français est-il capable de se faire comprendre par l'humour ? Ou faut-il systématiquement se tourner vers des écrivains belges qui manient drôlement bien la langue française ? Faut-il essayer de les égaler ? N'est-ce pas plus simple et moins fatiguant de continuer à faire croire qu'ils sont français ? Y a-t-il un méta-message ? Une méta-question, prolongeant la question initiale ? Faut-il prendre tout cela au sérieux ? Tout quoi ? La vie ?


Challenge : pavé dans la mare
Challenge : éclairer l'aveuglement
Challenge : en hiver 2ème, 3ème degrés et plus réchauffent le coeur
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Un livre surprenant. Beaucoup plus complexe que ce que j'imaginais, j'ai été surprise. Je pensais me reposer les neurones avec cette lecture. Que nenni ! J'ai ramé, j'ai du revoir mes classiques et parfois mes opinions (le lieutenant Matozzi est très efficace à cet égard) et j'ai beaucoup apprécié. C'est rudement bien mené, l'évolution des aventures et celle des idées véhiculées sont savamment imbriquées. Et puis le final est savoureux. Un réel plaisir.
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Un thrilleur ésotérique rocambolesque peuplé de personnages farfelus et loufoques dont un pigeon unijambiste et borgne à collerette blanche fraichement détonant, coup de coeur !

Petit résumé de cette quête burlesque :

Julius, patient amnésique, chaussé de lunettes sans verres et dopé aux capsules de Nespresso ne tient plus en place dans la clinique psychiatrique Saint-Charles. Il est convaincu de l'existence d'un vaste complot planétaire. Il va entrainer une jeune patiente Alice , privée d'émotion et de mémoire mais pas de punch, dans une quête trépidante à travers les rues de Paris pour s'emparer du fameux codex de Tirésias, livre sacré qui permettra de dévoiler au grand jour la véritable existence de l'humanité. Ils vont se faire aider par Ours, geek amateur de pizza froides et fan de Star Wars et par Chewbacca, un hacker dingue de jeux vidéos.
Nos deux amnésiques vont être poursuivi par le commissaire Gaboriau, lecteur de Cioran et futur bien heureux retraité (la quille dans quatre jours) accompagné de son infidèle malpoli lieutenant Matozzi et par deux paparazzis aux allures très inquiétantes.
Les deux tourtereaux en fuite vont être hébergés dans l'hôtel de la révolution tenus par des 68tards qui valent le détour, Amaury Flauricourt de Saint-Phalle, fin de race sauvé par la révolution que tout le monde appelle Mao, et madame Danielle qui a la particularité d'être toujours disponible après 23 heures.
Leur course-poursuite va les amener à se réfugier dans les catacombes où ils feront connaissance avec Marco, cadre dynamique, qui se croit rescapé de la fin du monde (selon la prédiction Maya) et Morgane, cataphile passionnée des carrières souterraines de Paris.
Dans leurs périples, ils croiseront d'autres personnages attachants comme une mamie qui croie dur comme fer à l'assassinat de Lady di , le libraire pilonneur de la "librairie en soins palliatifs" ou l'abbé Saint-Freu, "quelque chose" entre Don Camillo et Frankenstein.

C'est jubilatoire, loufoque, absurde et l'intrigue est menée de main de maître.

On ne s'ennuie jamais dans cette épopée remplie d'humour, de jeux de mots, de gags désopilants, de références à la culture populaire (Matrix, Star Wars, Men in Black...) et classique (Platon, Homère, Ulysse..).

Les héros déjantés sont inoubliables, la chute est surprenante et le rythme tellement entraînant que j'ai bouclé la fin du monde très en avance.

Cerise sur le gâteau, il y a des quiz pour les lecteurs de babélio :
A tester : le Quiz de la caverne pour calculer votre coefficient d'aveuglement



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critiques presse (1)
Actualitte
19 décembre 2014
Ce n'est pas de la franche rigolade, c'est un humour constant et parfois ravageur qui autorise J.M. ERRE à promener ses deux personnages dans une quête doublée d'une enquête policière rondement menées. N'allez pas croire pour autant à la légèreté de l'ouvrage !
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (86) Voir plus Ajouter une citation
- Matozzi, vous êtes un parfait représentant d'une génération lamentable ! Plus aucun savoir-vivre ! Voilà quelque chose qu'on n'aurait jamais vu avant.
- Avant quand ? demanda Matozzi.
- Quand j'avais votre âge, par exemple. On savait ce que ça voulait dire, la politesse, quand on s'adressait à nos aînés.
- Vos aînés ? Vous parlez de la génération qui a fait la guerre d'Algérie ? C'est vrai qu'ils ont été bien polis là-bas.
- Ne soyez pas ridicule, Matozzi.
- Ou alors vous parlez de la génération encore avant ? Celle qui dénonçait les juifs poliment pendant l'Occupation ? Ou bien les poilus de 14-18 et du fameux savoir-vivre des tranchées ?
- Je ne vous...
- Encore avant ? La guerre de 1870 ? Les campagnes napoléoniennes ? La Terreur ? L'Ancien Régime ?
- Vous ne me...
- Ou alors avant avant ? Quand nos ancêtres sortaient de leur grotte chaque matin en se demandant quelle allait être leur place dans la chaîne alimentaire ?
- Je ne discute pas avec vous, s'énerva Gaboriau, vous êtes de mauvaise foi !
- Les sociologues expliquent que l'être humain vieillissant idéalise toujours le passé parce qu'il se sent en décalage avec la société présente. D'où une nostalgie de la jeunesse, époque bénie où il était plein d'énergie et en phase avec le monde. C'est le mythe de l'âge d'or, du jardin d'Éden adapté à l'individu.
- Vous voulez dire que je suis devenu un vieux con, c'est ça ?
- C'est un résumé un peu abrupt, mais ça prouve que vous avez l'esprit vif. Pour votre âge.
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- Les gens ne lisent plus ? Comment vous le savez ?
- Vous vous moquez de moi ? Ouvrez les yeux !
- Ça veut dire que les gens lisaient avant ? Mais quand ?
- Je ne discute pas avec vous, vos raisonnements sont biaisés.
- J'essaie juste de comprendre parce que j'avais appris à l'école que jusqu'à la fin du XIXe siècle et les lois de Jules Ferry, la majorité des Français ne savaient pas lire.
- Toujours votre mauvaise foi.
- Je sais aussi que jusqu'à la fin des années 1950, les gens qui faisaient des études secondaires étaient rares. D'ailleurs le livre de poche n'apparaît qu'à ce moment-là.
- Je ne vois pas le rapport.
- Si on considère que la société des écrans naît à partit des années quatre-vingt avec le développement des télévisions, l'apparition des magnétoscopes et le début des ordinateurs, finalement on peut dire qu'au cours de l'histoire de France, les gens ont lu pendant vingt ans. Les années soixante et soixante-dix, c'est ça ?
- Je ne réponds pas.
- Et par une étrange coïncidence, c'était l'époque de votre jeunesse. Vous avez entendu parler du mythe de l'âge d'or ?
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Le thème de la révolte est au coeur de nombreux mythes, mais la transgression des règles y est toujours sévèrement punie. Le message est clair: les mythes nous intiment l'ordre de ne jamais chercher à dépasser les limites de notre condition. Les histoires sont là pour nous maintenir dans la peur et la soumission. Les films américains, les informations télévisées, les médias en général ont repris le flambeau des mythes antiques et continuent à nous dire de façon subliminale par l'exposé d'une overdose de catastrophes: ne prenez pas de risques, restez sagement à votre place, car le monde est dangereux et l'homme est faible.
L'heure est venue de ne plus avoir peur. Brisons nos chaînes, télévisées ou pas.
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Page 11
En l’an 5115 du calendrier hindou, à quelque deux millions de centimètres du nord de Paris, protégé des extraterrestres, des betteraves et des Picards par des murs épais, un établissement de standing offrait à l’être en perte de repères de regarder le monde sous un angle neuf. C’était un lieu de paix où le citadin stressé pouvait rompre avec le rythme infernal de la vie moderne ; un espace humaniste où l’on acceptait son prochain sans discrimination ; un éden hors du temps où des anges immaculés vous ramenaient aux choses essentielles à l’aide de potions magiques aux couleurs acidulées. Un lieu sans métro, sans boulot, mais avec beaucoup de dodo.

La clinique psychiatrique Saint-Charles. Trois toqués au guide Dumachin.
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-Je suis prête à vous croire, mais je suis plutôt rationnelle. Je crois en ce qui est prouvé par des scientifiques ou des historiens ...
- Parlons-en des historiens ! Pourquoi avez-vous confiance en eux ? Qu'est-ce qui vous prouve que Jeanne d'Arc ou Alexandre le Grand ont existés ?
- Il y a des preuves.
- Vous les avez vues ? Vous avez les compétences nécessaires pour détecter un document truqué ?
- Non, j'ai appris tout ça à l'école.
- Et si on vous racontait n'importe quoi à l'école, comment feriez-vous la différence ? Vous partez du postulat que vos professeurs disent vrai parce que vous avez confiance dans les programmes officiels, mais c'est aussi ce que pensent les écoliers en Caroline du Nord ! Et pour la science, c'est pareil. Les théories de Darwin sont une évidence en Europe car nous baignons dans ces idées depuis toujours, mais aux Etats-Unis, plus de la moitié de la population adhère au créationnisme !
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VLEEL 243 Rencontre littéraire J.M Erre, Les autres ne sont pas des gens comme nous, Buchet Chastel
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