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Citations sur Les poètes de la Méditerranée (74)

               Ville marâtre
  
  
  
  
Comment te sens-tu de haïr ta ville
de voir en ta patrie une étrangère
qui te met la corde au cou
pour te pendre, comment te sens-tu
de haïr les gens qui l’habitent, les visages
misérables qui passent, les âmes
enragées, s’adonnant à la chasse
au gain illicite, immoral ? Comment
te sens-tu de haïr tes jours, et le temps
assassiné qui part dans le monstrueux
décor dressé autour de toi ?
Comment te sens-tu de te croire mort
ou mutilé, étranger aux affaires communes
incapable de rien faire, comment te sens-tu
de vouloir échapper à la ville ? »
Mots trouvés sur un papier trempé
dans la poche révolver du noyé
tiré du fleuve profond
d’une ville étrangère. On ne savait pas
qui c’était, s’il s’agissait d’un crime
ou d’un suicide. On ne le sut que plus tard :
c’était un poète d’un pays qui souffre.


// Michalis Pieris / Μιχάλης Πιερής : (1952 -)

/Traduit du grec par Michel Volkovitch
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Un vase tu es un vase …



Un vase tu es un vase et je vacille
tandis que tes mains et ta bouche nourrissent
le feu ta langue sur les bouches de mon corps
tandis que j’écris et que tes narines
frémissent et je vacille et je respire
ton parfum et tu laves la poussière qui me couvre la saleté
des villes et ton visage
se promène sur ma taille tandis que
les eaux
se dissolvent dans mon crâne et que mes ongles s’enfoncent
dans ta chair ongles de lumière lait épaules aériennes
tandis que j’écris, tandis que je creuse
dans ta mort tu es un lac
où je n’ai pas peur un animal
qui se laisse boire mâcher et qui me boit et me dévore
et c’est pourquoi je t’aime comme on aime l’eau
et le vase et la terre cuite
qui contient l’eau.


// Casimiro de Brito (1938 -)

/ Traduit du portugais par Michelle Giudicelli
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Ce sera exactement…



À Sofia, 19 novembre 1993

Ce sera exactement comme aujourd’hui, l’olivier sur le balcon
le vent qui transforme les nuages. Au-delà du siècle
dans les crépuscules que ni toi ni moi ne verrons
quand les années seront des branches
avec quoi pousser des choses sans destination
dans les soirs ou d’autres gens
se regarderont comme en ce moment
dans le sommeil, l’obscurité
pareils à des moulages de volcan inclinés dans la cendre blanche.

Je replie le drap, j’éteins la dernière lampe.
J’attends que tes tempes battent doucement contre les couvertures
je laisse la nuit s’agenouiller
sur ton rapide novembre.


/Traduit de l’italien par Jean-Baptiste Para

// Antonella Anedda (1958 -)
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Mur blanc qui s’effrite…



Mur blanc qui s’effrite, alentour le désert,
un inconnu y a gravé des vers obscurs.
Est-ce le vent qui a creusé la pierre ? Ou l’écriture ?
Des moines l’ont-ils jamais transcrite ?

Tout ce vaste pays de dunes, pâle, étourdie,
elle demeure sur place, enfoncée jusqu’aux chevilles, fragile,
un éclat d’asphalte dans les yeux et en sueur
dans les bras du sombre amant qu’elle a en tête.


// Erika Vouk (1941 -)

/ Traduit du slovène par Barbara Poganik et Ludovic Janvier
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Amour solaire



Lassé des hommes j’écarte les nuages
Cherchant un arbre où je pourrais
Boire en paix et en paix
Edifier mon nid. Là
Sur le tronc le plus silencieux de la grande maison
Je ne suis citoyen d’aucun pays
Ni père d’aucune famille
Je suis simplement le plus humble chien
Du monde existant au-delà du monde
Où l’on mesure au millimètre près
Le bien et le mal. Mais je ne suis plus
Dans cette cour je me suis éloigné
Quand j’ai perdu le sens exact du poids
Et des mesures – quand quelqu’un m’a dit
Et je l’ai vu
Que dans une goutte de vin il y a mille ans
D’amour solaire.


// Casimiro de Brito (1938 -)

/Traduit du portugais par Michelle Giudicelli
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Pour la nuit qui tombe trop tard…



À Ida Porena

Pour la nuit qui tombe trop tard
pour le ciel qui révèle les crêtes :
la montagne au milieu des sables, la ville austère
dans la chaleur grise de l’été
pour cette peur
qui est due à la seule lumière,
au cuivre de la casserole, à la nourriture qui descendra
     dans le corps.

Il faudra comprendre la leçon du chagrin
qu’un geste suffit à écarter
le frisson que nous mettons chaque jour de côté
sans savoir s’il annonce
ou abrège le souffle d’autres vies.

À la fenêtre de la cuisine, comme par les nuits de neige
nous devons suivre la moindre lueur
nous arrêter là où elle forcit
jusqu’à former le caillot où nous disparaissons sans visage
là où même qui nous aima
– en toute justice – recule.


// Antonella Anedda (1958 -)

/ Traduit de l’italien par Jean-Baptiste Para
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Elle ne sera privée de sang…



Elle ne sera privée de sang ni de plaies
ma réalité... bien réelle ? voire !
Si je fais les comptes… entrées sorties rabais :
l’éternel déficit… allez savoir !

Et pourtant je n’attendais de mes vies,
lucifuge et solaire, dans ma lâcheté
parmi tumultes secousses et rixes hardies
que la grande et vraie fête de chair goûtée.

Belle angoisse et douce je m’encaisse,
me dévide et m’entasse, tressée à mes ardeurs…
pas de cause… et puis les ayant ressenties

que faire d’elles… cependant je me presse
contre qui sans décence peut gagner mon cœur…
Est-ce donc ma faute s’il en est ainsi ?


//Patrizia Valduga

/Traduction de Bernard Simeone
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Tu inondes la nuit…



Tu inondes la nuit
de tes mains
par toi le monde
se répand en moi
maintenant que tu es
béance absolue.

T’aimer dans le sillon
des larmes
dans la vie ébauchée
seulement avec un doigt
parce que tu es plus grande
que ta fin.

Par la douleur abrupte
on parvient jusqu’à toi
le vent fouette
ton corps bref
silencieux, heureux,
dans son urne d’eau.

//Ana Marques Gastão
/Traduit du portugais par Michel Chandeigne
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Dimanche



Je m’assieds au bord de la ville et j’entends
La rumeur du sang l’érosion de l’argile
Comme si tout ce mystère n’était rien d’autre que
La mer
Devant mon corps assis
La musique la lumière matérielle
où tout est moi où tout m’est donné
Et rigoureusement refusé. On entend

L’air. Je m’assieds dans la ville et j’entends
La rumeur de ses os et je ne ressens ni peur
Ni désir si je pensais si je désirais
Je ne serais pas ici silencieusement assis
A côté de ce corps où celui que je suis
dans cette sculpture ici d’homme assis
Entend la mort la diaspora de la lumière
Au travail.

//Casimiro de Brito (1938 -)
/Traduit du portugais par Michelle Giudicelli
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Le chèvrefeuille



Extrait 4

Tout est chaud immobile
Maintenant que l’odeur a tout enseveli.
Cette nuit
le seul mouvement
sera les insectes qui veillent
et chimères dans la nuit
les phares des voitures.


//Stratis Pascalis (1958 -)

/Traduit du grec par Michel Volkovitch
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