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Citations sur Les poètes de la Méditerranée (74)

Amour solaire



Lassé des hommes j’écarte les nuages
Cherchant un arbre où je pourrais
Boire en paix et en paix
Edifier mon nid. Là
Sur le tronc le plus silencieux de la grande maison
Je ne suis citoyen d’aucun pays
Ni père d’aucune famille
Je suis simplement le plus humble chien
Du monde existant au-delà du monde
Où l’on mesure au millimètre près
Le bien et le mal. Mais je ne suis plus
Dans cette cour je me suis éloigné
Quand j’ai perdu le sens exact du poids
Et des mesures – quand quelqu’un m’a dit
Et je l’ai vu
Que dans une goutte de vin il y a mille ans
D’amour solaire.


// Casimiro de Brito (1938 -)

/Traduit du portugais par Michelle Giudicelli
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Ce sera exactement…



À Sofia, 19 novembre 1993

Ce sera exactement comme aujourd’hui, l’olivier sur le balcon
le vent qui transforme les nuages. Au-delà du siècle
dans les crépuscules que ni toi ni moi ne verrons
quand les années seront des branches
avec quoi pousser des choses sans destination
dans les soirs ou d’autres gens
se regarderont comme en ce moment
dans le sommeil, l’obscurité
pareils à des moulages de volcan inclinés dans la cendre blanche.

Je replie le drap, j’éteins la dernière lampe.
J’attends que tes tempes battent doucement contre les couvertures
je laisse la nuit s’agenouiller
sur ton rapide novembre.


/Traduit de l’italien par Jean-Baptiste Para

// Antonella Anedda (1958 -)
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Rien n’est plus beau
qu’un amour qui ne soit pas immortel
qui a la souple respiration du voilier
endormant la vague
prodige oui mais qui se sait tributaire
d’un vent si incertain
qu’il voudrait d’un seul déploiement de son erre
boire toute une nuit d’étoiles et de lune pleine

un amour comme une joie d’enfance
grandie de sa fin trop proche
ce qui se tient timide
au faîte de l’instant

nid d’hirondelle
dans le noir
ah ce n’est pas cela un amour de légende
qui se targue des mélancolies
et geint à genoux sous la couronne des roses

toi mon aimée demeure princière en ton rire
chaque matin devant ta mort et ma mort
sois libre et fière et ferme
car il suffit de la caresse d’un rire
pour que tout en nous se recompose
et que soit le monde uniment
sous nos mains le passage et la durée
la nudité d’une âme dans la douceur du corps

nous mourrons mon amour sans rien perdre
si nous séjournons visages étonnées
dans l’instant qui nous prolonge
et fait de nos gestes les plus simples
— baiser murmure épaule lente —
un feu dormant

demeurons mon aimée
fût-ce au cœur d’un sanglot silencieux
une joie ouverte

sommet de l’éclair
rire et bonté persistants
dans la disparition

(Jean-Pierre Siméon)
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je voudrais que tu m’accompagnes
à travers la vie
telle une toile
pour me faire découvrir le monde
mais je me situe du côté précaire
où frappe le vent
et je peux seulement t’apprendre
des noms d’arbres
dont le fruit se cueille à la prochaine saison,
là où les trains poussent
de lugubres sifflements

(Ana Paula Inácio)
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Mur blanc qui s’effrite…



Mur blanc qui s’effrite, alentour le désert,
un inconnu y a gravé des vers obscurs.
Est-ce le vent qui a creusé la pierre ? Ou l’écriture ?
Des moines l’ont-ils jamais transcrite ?

Tout ce vaste pays de dunes, pâle, étourdie,
elle demeure sur place, enfoncée jusqu’aux chevilles, fragile,
un éclat d’asphalte dans les yeux et en sueur
dans les bras du sombre amant qu’elle a en tête.


// Erika Vouk (1941 -)

/ Traduit du slovène par Barbara Poganik et Ludovic Janvier
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Les poètes

Nulle part, eux : ils portent la tiédeur
Dans le corps froid de la terre, ils forgent
À l’horizon ses clés.

Ils n’ont laissé
Ni père ni foyer
Pour leurs légendes

Ils les ont écrites
Comme le soleil écrit son histoire :

Nulle part.

(Adonis)
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Le long du lit tari…


Le long du lit tari
je cours et je t’appelle,
toi qui est autre ;
qui ne sais rien des vagues
ruées sur les mots et la peau,
rien des marées
cruauté tendre,
rien de l’eau qui se perd en soi,
rien des charmes du sud,
rien de ce temps
qui fait de moi une autre.


// Erika Vouk (1941 -)

/Traduction du slovène par Barbara Poganik,
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Perdons-nous plus loin, plus loin encore,
dans les collines aux pierres de bronze,
dans les montagnes noires de septembre,
et leurs vallons où
bientôt les peupliers vont lever leurs brasiers.

Perdons-nous ou laisse-moi me perdre
en toi, ou peut-être derrière les murets,
de bronze aussi,
de ce tout petit jardin.
Derrière je vois un noyer
et à son ombre nous pourrions trouver
ta paix et la mienne.

Emmène-moi, amène-moi, ou perds-moi
dans cet amer et doux pays qui est le nôtre,
mais en ce crépuscule d’été moribond
ne me chasse pas du labyrinthe sans issue
de tes yeux.

(Antonio Colinas)
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On quittera toujours la mer à reculons
c'est toujours le même regret
c'est la même lenteur debout
qui vous déchire d'avec le pays
chaque adieu vous retourne infiniment
chaque pas qu'on pose hors de l'eau
veut creuser jusqu'à l'eau encore

(James Sacré)
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L’étranger

Car l’étranger dans la journée ne connaît pas la ville.

L’étranger la connaît le soir, quand elle dort.

Il repart au matin, l’air dur
de qui a cherché en vain.

Toi qui l’aimas un jour
quand tu le verras passer devant ta porte,
donne-lui un peu de l’ancienne tendresse.

Et pense après des années
que par ta vie un jour Ulysse est passé.

(Yorgos Markopoulos)
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