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Critique de Tubabasse


S'appeler d'Estienne d'Orves, déjà, ce n'est pas rien. Mais posséder un tel sens du suspens constitue un autre challenge.
J'ai lu le livre à sa sortie, il y a une dizaine d'années maintenant, et j'ai grave kiffé, comme dirait mon voisin rappeur, qui ne connaît pas des masses de mots et d'expressions, mais les use volontiers jusqu'à la corde, fatalement.
Le livre est axé sur deux connaissances énormes, celles des animaux et celles de Paris. Donc, si vous êtes habitants de la capitale ou vétérinaire, pas d'hésitation, foncez ! Si ce n'est pas le cas, allez-y quand même de bon coeur !
À la base, l'idée de partir du jardin des Plantes se montre de bon augure. Bien que notre ami fébrile Lorant Deutsch situe les origines de la ville beaucoup plus au nord, il apparaîtrait que la vie spirituelle de celle-ci ait bien démarré dans ce secteur, où demeure entre autres la petite église de Saint-Julien-le-pauvre, souvent annoncée comme une des plus anciennes de la capitale, puisque la bâtisse originelle, avant d'être violemment détruite par les Vikings, daterait du sixième siècle. On va suivre l'enquête en même temps que la Bièvre, ce ruisseau qui traversait, jadis, le vaste parc animalier d'en face la gare d'Austerlitz, et flânait un bon moment dans le cinquième puis le treizième arrondissement, se transformant à la fin en un cloaque nauséeux, puisqu'il était devenu l'apanage des tanneurs, dont la profession n'était pas réellement gage de senteurs divines. Quand, d'ailleurs, on se promène un peu avant les Gobelins sur la droite, pas loin du fameux château de la Reine Blanche, la rue prend un virage qui constituait autre fois le ruisseau, carrément, disparu de la manière la plus mystérieuse qui soit.
Alors, au début du livre, sur ce fond de parc naturel en pleine ville commencent des inquiétudes : animaux hypernerveux, disparition de bébés, montée des eaux inexplicable en apparence …
L'auteur nous emmène jusqu'à la fin au pas de charge, sans un moment pour souffler. le rythme du bouquin est proprement hallucinant. Pas facile de repérer, à cette vitesse, des personnages qui seraient responsables de cet immense bazar. Car ce sont toujours les hommes qui sèment la panique, tout le monde le sait.
Le livre est complet. Excellentissime thriller, il se voit aussi érudit et instructif. Parcourir Paris avec Vargas, Victor Hugo ou Raymond Queneau figure un plaisir de fin gourmet. Nicolas d'Estienne d'Orves continue la tradition en la plongeant dans l'actualité la plus crédible, c'est confondant de naturel. Même quand il évoque l'histoire du lieu, riche en éléments de toute sorte, jamais il ne fait dans l'universitaire pontifiant ou l'historien local poussif. le tout est allègre, sonore, enlevé, pertinent.
De famille illustre, petit-fils d'un frère du grand militaire Honoré, exécuté au Mont-Valérien en 1941 à la suite d'un imbroglio pathétique et surtout d'une ignoble trahison, Nicolas est aussi parent de la poétesse Louise de Vilmorin, dont la mère était soeur du père d'Honoré (ça va, vous suivez toujours ?). Honoré lui-même, s'il n'était en aucun cas homme de lettres reconnu, possédait une plume que ses condisciples avaient remarquée pendant ses études à Polytechnique. On connaît de lui seulement sa correspondance et un journal, l'un comme l'autre fort bien tournés et très émouvants.
Bon sang ne saurait mentir !

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