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Critique de 5Arabella


Peut-être la dernière pièce de l'auteur, représentée après sa mort, elle pourrait avoir été écrite en -406.

Nous sommes à Thèbes, patrie de Sémélé, mère de Dionysos. le jeune dieu vient d'arriver dans la ville de sa mère, décidé à se venger de la famille maternelle. Il impute deux crimes à ses parents humains : avoir douté de la relation de Sémélé avec Zeus, dont il est le fruit, et le refus de l'honorer comme un dieu. Si Cadmos, son grand-père, et Tirésias, le devin, sont prêts à se convertir à son culte, Penthée, le fils de la soeur de Sémélé, et roi actuel de la ville, s'y oppose formellement. Dionysos a inspiré de frénésie les femmes de la ville, qui se sont transformées en Bacchantes, et qui ont fuit la ville pour s'adonner au culte du dieu ; les deux tantes de Dionysos sont du groupe. Penthée ordonne de les ramener et des les emprisonner, il commande également d'emprisonner Dionysos. Ce dernier prend l'allure d'un homme, d'un prêtre du culte. Il se laisse arrêter, tout en délivrant les Bacchantes. Il provoque Penthée, et lui fait perdre en partie l'esprit, le poussant à se déguiser pour aller épier les Bacchantes. Dionysos s'arrange pour qu'elles le découvrent, et prises de folies, le mettent en pièces, Agavé portant en trophée la tête de son fils. de retour à la ville, Agavé retrouve ses esprits et réalise l'horreur de la situation.

Pièce ambiguë, qui a donné lieu à des interprétations diverses, voire contradictoires : pour certains elle aurait marqué un retour d'Euripide vers une foi affirmée, pour d'autres au contraire, elle peut être lue comme une dénonciation de la cruauté divine.

La trame de la pièce est simple et linéaire (ce qui n'est pas toujours le cas chez Euripide), nous suivons le destin tragique de Penthée jusqu'à la catastrophe annoncé. le roi est très terre à terre, il refuse le mystère, la folie sacrée, tout ce qui pourrait être de l'ordre du désordre, un fonctionnement en dehors des lois, en dehors du raisonnable et de l'immédiatement saisissable. Quelque part, le divin.

Dionysos est une figure complexe. Déjà en prenant l'apparence d'un homme, en se dépouillant de sa divinité, pour mieux affirmer sa puissance et sa nature divine. Il s'applique, sans aucune passion apparente, à démontrer l'impuissance du pouvoir et de la raison humaine face à un dieu. Il déclenche la fureur, la folie, provoque l'aveuglement et un manque de discernement, et fait des hommes (ou femmes) eux-mêmes leurs propres bourreaux, exécutant les sentences qu'il a prononcé contre eux.

La pièce comporte aussi des aspects comiques : Cadmos, Tyrésias, et plus tard Penthée déguisés en Bacchantes par exemple. Un comique qui au final est cruel ; c'est en prenant l'apparence d'un adorateur de Dionysos que Penthée court à sa perte.

Le choeur est composé de Ménades lydiennes, il doit donc être inspiré par le dieux, le texte qu'il chante est un rituel en somme, ce qui fait revenir le théâtre à son origine religieuse, liée à Dionysos, justement. La mort de Penthée a presque le caractère d'un sacrifice, cruel, mais nécessaire à l'ordre du monde.

Un texte vertigineux.
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