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Critique de Pecosa


Un vent libertaire souffle sur le sud des Etats-Unis dans cet Evangelisti grand cru où l'on retrouve le singulier Pantera, déjà aperçu dans Métal Hurlant.
En pleine guerre de Sécession, un Ranger a fait appel au charismatique sorcier pistolero adepte du Palo Mayombé pour exécuter un homme-loup soupçonné du meurtre de plusieurs prostituées dans la ville de Laredo. Trahi par ses commanditaires, il se retrouve au milieu d'une bande de bushwhackers, celle des frères Franck et Jesse James, fidèles à William Quantrill et Bloody Blood Anderson. En cet été 1864, la troupe progresse vers le Mexique, traquant les sympathisants nordistes et les déserteurs confédérés, drapeau noir à la main.
On pourrait presque se croire dans Josey Wales hors-la-loi, mais nous sommes dans un roman d'Evangelisti, qui revisite le bon vieux western des familles à grands coups de digressions libertaires et de voyages dans le temps.
Comme dans la série Eymerich, l'Italien nous ballade dans le futur, un futur bien aliénant, fait de surpopulation, de famine, de maladies mentales et de violence. A l'aube de l'an 3000, le monde devenu "Paradice" est un asile à ciel ouvert où les liens sociaux ont entièrement disparu.
Et comme dans Tortuga, le meilleur roman de piraterie de tous les temps, Evangelisti se fait libertaire. Pantera s'écrie "Je ne mets pas de putains d'uniformes nordistes. Ni sudistes d'ailleurs. Mais surtout, je ne veux pas recevoir d'ordres du premier type venu. C'est clair?". Et aussi incroyable que cela puisse paraître, le Gersois Anselme Bellegarrigue, en frac noir et melon, fait partie de la troupe et trimballe dans son chariot un attirail digne du cabinet du docteur Caligari dans le but de réaliser des expériences sur la porphyrie et l'homme nouveau. le lecteur appréciera les allusions à Auguste Blanqui, à la Goguette des fils du diable, et à l'anarchisme fédéraliste de celui qui déclare "J'ai choisi l'Amérique parce que c'est ici que naîtra la véritable anarchie! Sans gouvernements, sans chefs, sans armées régulières. Des individus libres de posséder et de penser à eux, prêts à tuer quiconque voudrait leur imposer quelque chose! Bloody Bill ne le sait pas, mais il est en train d'inventer une nation!"
Ce qui est certain c'est que seul Evangelisti peut à ce point mélanger les genres, western, politique fiction et SF, saupoudrer le tout de recherche biologique, de cosmogonie indienne, de rappels d'histoire politique et sociale, y ajouter des bases lunaires et des laboratoires classés Secret Défense, sans sombrer dans le ridicule. Black Flag est un roman passionnant. On y retrouve bien sûr l'ultra violence dans les rapports humains et le sexe, la thématique de la décrépitude, de l'avilissement des corps, la figure du héros complexe et solitaire (Pantera comme Eymerich) qui lutte dès que son humanité refait surface, et le chaos généralisé.

Adepte de la lecture consolatoire, passe ton chemin. Pour les autres, la route se poursuit avec l'excellent Anthracite. C'est noir, mais c'est bon.
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