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Citations sur Le garçon disparu (Le gamin des ordures) (20)

Pour se débarrasser rapidement du bidonville, la municipalité avait suspendu la collecte des déchets afin que l'hygiène se dégrade et menace la sécurité des occupants. Dans ces conditions, le maire était en droit de planifier une expulsion sans l'accord du tribunal, pour « mettre fin à l'imminence du péril ». En d'autres mots, il s'agissait d'un habile stratagème pour court-circuiter la justice.
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[Ils] avaient posé leurs valises sur un 'platz' en marge de la ville spécialement conçu pour les Roms. Les 'gadjé' l'appelaient 'village d'insertion' mais ce n'était pas vraiment un village : un grillage enclavait les lieux gardés 24h/24 par un vigile. Malgré tout, Simona et sa famille avaient un toit : la tôle brûlante du container aménagé de 14 m2 comme on en trouve sur certains chantiers de construction. Comparé aux belles maisons que construisaient certains Roms en Roumanie, le confort était sommaire, mais Simona vivait pour la première fois dans un logement avec une kitchenette et des sanitaires, le tout pour une participation financière symbolique de trente euros par mois.
(...)
Tous les matins avait lieu le même rituel : Cristi et d'autres Roms du platz s'en allaient en centre-ville pour construire quelque chose qui s'appelait 'le projet professionnel'. Pendant ce temps, les enfants du terrain s'adonnaient à des activités 'pédagogiques' avec des 'éducateurs'. L'après-midi, c'était au tour de Simona de remplir sa part du contrat en suivant les cours intensifs de français dispensés par une formatrice roumaine.
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Depuis qu'il avait réalisé que les Roms d'ici [en France] n'avaient ni travail ni maison, il était en proie au désagréable sentiment qu'il s'était nourri d'illusions au sujet de ce pays.
Il savait qui l'avait trompé… A Fara Vitor [en Roumanie], le Camatar* racontait à qui voulait l'entendre que les Roms étaient plus heureux en France. […] Par contre, Djino avait du mal à comprendre pourquoi sa sœur avait manqué d'honnêteté. Les rares fois où il lui avait parlé au téléphone, elle avait toujours mis en avant les bons côtés de leur nouvelle vie, en omettant de décrire dans quelles conditions sa famille vivait. Était-ce par honte ou essayait-elle de se convaincre qu'elle avait eu raison de quitter la Roumanie ?
(p. 33)

* prêteur pour le paiement des trajets vers d'autres pays
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(…) la population tsigane ne constituait pas un groupe homogène. Elle s'était fragmentée au fil de ses déplacements puis recomposée en différents lieux et à différentes périodes. Par conséquent, il existait d'énormes différences culturelles et plus d'une quinzaine de variantes de la langue romani. A Romano Pero cohabitaient plusieurs communautés issues de diverses nationalités : des Kosovars, des Serbes, des Roumains, des Bulgares, des Hongrois. Parmi eux, certains se détestaient sans même essayer d'apprendre à se connaître.
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[…] Ses parents avaient passé leur jeunesse à parcourir les routes de la Roumanie dans une roulotte qu'ils avaient eux-mêmes rénovée. Pour subvenir à leurs besoins, sa mère 'drabarni' lisait l'avenir aux gadjé et son père jouait de l'accordéon sur les places du village. L'arrivée de Ceaușescu [1965] avait bouleversé leur quotidien : 90% des Roms nomades avaient été sédentarisés de force, poussés à adopter le même mode de vie que les Roumains. Ainsi sa mère avait cessé de dire la bonne aventure et son père avait été enrôlé dans un kolkhoze.
La suite, Lina l'avait déjà lue sur internet : les tentatives d'assimilation avaient en grande partie échoué et le racisme comme le chômage étaient montés en flèche à la fin de la dictature [1990]. Libérés de la censure étatique, les médias avaient diabolisé les Tsiganes en brandissant la notion de 'communauté racialement criminogène'.
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Pourtant, 'expulser' les Roms ne faisait pas partie de ses attributions. Au contraire : sa fiche de poste mettait en avant un travail d'intégration et d'aide sociale. Claudette [adjointe du maire] s'en serait bien contentée si un tournant n'avait pas eu lieu en 2007, quand la Bulgarie et la Roumanie avaient rejoint l'Union européenne. En France, les Roms issus de ces pays avaient changé de statut. Ils étaient passés du rang de migrants illégaux à celui de citoyens européens autorisés à circuler librement en Europe. Depuis le 1er janvier 2007, les autorités n'étaient plus en mesure de les reconduire à la frontière pour les réexpédier dans leur pays…
Pour les pouvoirs publics, ce changement avait été problématique. Les bidonvilles, la mendicité, cette misère qui s'exhibe aux quatre coins des rues nuisait gravement à l'image d'une ville, surtout pendant la saison touristique. Pour éviter de perdre de potentiels vacanciers - ainsi que les voix électorales les plus à droite - il fallait donc limiter la présence des Roms tout en préservant une bonne réputation.
A Bugrassot, c'était Claudette Bourdon qui s'était vu attribuer le mauvais rôle. Aidée de la police municipale, elle sélectionnait les familles 'à intégrer' et celles qui n'auraient pas de place ici. Or un des moyens les plus simples quand on ne peut pas renvoyer légalement quelqu'un dans son pays est de l'inciter à partir… Le harcèlement et l'intimidation étaient assez efficaces.
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- Tu sais ce que disait ma mère quand j'avais ton âge ? demanda-t-elle pour piquer sa curiosité.
La fillette dodelina de la tête.
- « Une Romni ne pleure pas. Quand elle est malheureuse, elle danse. »
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Elle se surprit à sourire en pensant au travail remarquable qu'accomplissaient de nombreuses associations. A côté de ceux qui se refugiaient dans la haine par peur de l'altérité, il y avait aussi ces autres individus, ceux qui par un élan d'altruisme, embrassaient l'humanité et toutes ses différences.
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On finit par s'y faire..."
Non, Cybèle ne s'y ferait pas. Elle n'aurait pas la force de l'imiter! Depuis qu'elle avait commencé à mendier, chaque refus lui renvoyait l'image de sa propre médiocrité: le rien, le vide. [...]
En les regardant, Cybèle éprouva le désagréable sentiment d'être complètement transparente: un mirage, un spectre, du vent... Pourquoi la fuyait-il comme la peste? Pensaient-ils qu'elle ne méritait par leur attention?"
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On finit par s'y faire...
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