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Critique de Presence


Une histoire annexe dispensable
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L'histoire comprise dans ce tome se déroule concomitamment à la série Immortal Hulk, et plus particulièrement au tome Immortal Hulk Vol. 10: Of Hell and Death (épisodes 46 à 50). Il regroupe les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2021, coécrits par Al Ewing & Crystal Frasier, dessinés et encrés par Lan Medina, avec une mise en couleurs réalisée par Antonio Fabelo. Les couvertures ont été réalisées par Leinil Francis Yu. Dans l'ouvrage se trouvent les couvertures alternatives réalisées par Kaare Andrews, Carlos Pacheco (*6), Joshua Cassara, Dustin Weaver, Skottie Young, Kyle Hotz,Pat Zircher, James Stokoe.

Deux membres de Gamma Flight se trouvent dans un complexe abandonné de l'organisation Shadow Base : Sasquatch (Leonard Samson) et Absorbing Man (Carl Creel) sont en train de récupérer du matériel. Des militaires armés interviennent. Creel fait barrage de son corps en acier, pour que Samson puisse terminer de rassembler le matériel qu'ils doivent remmener. Il pense à ce que lui disait son père, que le monde le dévorera, sauf s'il devient l'agresseur le plus costaud. Mais il ay toujours quelqu'un de plus costaud et de plus agressif. Dans une autre base au Nouveau Mexique, Charlene McGowan reçoit l'appel de Creel qui lui demande où en est le translocateur : il est presque chargé au point de pouvoir être mis en ligne. Creel est touché au flanc par un rayon laser, et se met à l'abri derrière des débris métalliques. Sasquatch accourt à ses côtés, mais le blessé touche les débris et se transforme alors que le translocateur téléporte Sasquatch dans la base du Nouveau Mexique. Absorbing Man se défend contre les soldats, et quelques minutes plus tard, il est à son tour rapatrié dans la base.

Eugene Judd (Puck) arrive à son tour avec d'autres fournitures. Samson fait remarquer qu'ils vont avoir besoin de plus d'espace et d'un réseau débitant plus d'énergie. Creel prend la mouche estimant qu'il s'agit d'une critique déguisée contre Mary MacPherran (Titania) et il sort de la pièce. Samson explique à Charlene qu'il n'a pas l'habitude d'être un fugitif, ni de devoir se cacher d'Alpha Flight. Mais il fait une remarque peu adroite, et elle prend la mouche y voyant une critique sur son corps transgenre. Elle traverse une pièce qui sert de salon pour aller pleurer tranquille. Carl et Mary y sont installés et elle lui offre un cadeau : un morceau d'adamantium secondaire. Eugene entre à son tour et leur distribue de la nourriture. Assis dans le canapé, en train de jouer à la console, Rick Jones et del Frye qui partagent le même corps demandent s'il a rapporté la boisson qu'ils avaient demandée. Eugene la donne à Del, et il s'assoit sur le canapé pour jouer avec eux. del éprouve des difficultés à manipuler la manette et finit par la jeter à terre, de dépit. Eugene change de chaîne pour passer à un autre sujet. Il tombe sur les informations qui montrent un monstre nourri aux rayons gamma en train de semer la destruction dans une avenue d'Austin. Après une discussion, les membres de l'équipe décident qu'ils doivent intervenir.

S'il a apprécié la série Immortal Hulk, le lecteur ne résiste pas à la curiosité de mettre le nez dans cette histoire qui s'insère dans cette série, qui plus est coécrite par l'auteur de ladite série. Il se doute bien que l'adjonction d'une coscénariste va changer un peu le ton de la narration, ainsi qu'un dessinateur qui n'est celui attitré sur la série mère, à savoir Joe Bennett. Il feuillète rapidement la bande dessinée avant de plonger dedans et constate déjà que le metteur aime bien les couleurs un peu ternes. Délaissant les couleurs pétantes, il réalise des camaïeux en fond de case en retenue, sans chercher à mettre plein la vue. Il joue avec les nuances d'une même teinte pour rehausser le relief de chaque surface, en particulier celles des personnages, et appliquer une texture qui vient donner plus de substance aux peaux particulières, comme celle de Sasquatch, ou celle de Absorbing Man quand il a pris les caractéristiques d'un métal ou d'une autre matière. Globalement, Fabela complète bien les dessins, sans écraser les traits encrés, et avec une sensibilité réaliste qui ne permet pas de masquer les pages sans aucun décor en arrière-plan. En revanche, il déploie les effets spéciaux avec pertinence et efficacité, en particulier pour le corps composite de del Frye émettant des radiations.

Derrière la couverture bien impressionnante des membres de Gamma Flight prêts au combat (mais sans aucun arrière-plan), le lecteur découvre les planches de l'artiste ayant dessiné les épisodes 1 à 5 de la série Fables de Bill Willingham. Il dessine dans un registre descriptif et réaliste, avec des traits de contours bien nets et bien propres, assez fins pour délimiter les contours des personnages, des décors et des accessoires. le lecteur commence par voir Carl Creel dans sa forme humaine : un bel homme à la musculature impressionnante. Par la suite, l'artiste se plie aux exigences du scénario et le montre ayant absorbé un appareillage complexe à base de composants électroniques. La représentation marque le coup, devenant moins précise, et étant obligée de rendre compte de l'idée pas très cohérente : Creel absorbe les propriétés de cet appareil électronique. Donc sa peau prend une apparence métallique bardée de composants, et son corps devient capable d'être malléable : une version très améliorée de ses superpouvoirs, difficile à avaler. Sasquatch apparaît comme un être humain de grande taille, avec des poils partout, plus long au niveau du bassin et de la chevelure, avec de grandes canines. On est loin d'un être mi-homme, mi animal des neiges : il a tout perdu de sa superbe, et ne fait pas peur, ni n'impressionne. Judd est charmant jeune homme chauve de petite taille, là non plus pas très impressionnant par rapport à ce qu'il a pu être par le passé. Titania est visuellement plus crédible, mais elle n'a pas un grand rôle.

L'artiste se retrouve à devoir reprendre les apparences déjà établies d'autres personnages, pas facile à faire fonctionner sur le plan visuel. Il en va ainsi de la fusion entre Rick Jones et del Frye : le corps irradiant de cette seconde moitié s'avère convaincant, grâce à la mise en couleurs, en revanche la partie Rick Jones ne fonctionne pas. Il doit également reprendre en l'état l'apparence de Skaar : sans explication, les doigts fixés sur son visage rendent le personnage totalement idiot, et ce quel que soit le talent de l'artiste. Il s'en sort beaucoup mieux pour Emil Blonsky, et Stockpile fonctionne bien deux fois sur trois, ce qui n'est pas si facile que ça au vu de ses capacités. En effet les coscénaristes ont décidé de focaliser leur intrigue sur l'existence d'un nombre toujours croissant de monstres générés par l'action de rayons gamma. Pourquoi pas. Sauf que dans cette histoire, ces rayons semblent pouvoir donner n'importe quel type de superpouvoir ou presque. Ewing avait déjà un peu tiré sur la corde dans la série Immortal Hulk, en particulier avec une vision aux rayons Gamma, mais là il abuse, avec un métamorphe capable d'absorber de la matière. Il n'est pas aidé par le coloriste qui a décidé qu'il n'y avait pas de raison non plus de se cantonner à toutes les nuances du spectre de la couleur vert pour les rayons gamma, et que le marron ferait tout aussi bien l'affaire. Bien sûr la variété des superpouvoirs apporte une variété dans les combats, mais Medina s'en tient à des échanges de coup assez basiques, avec souvent une prise de vue à un ou deux mètres des personnages, ce qui rend les mêlées confuses sans pour autant les rendre plus percutantes.

L'histoire s'avère assez simple : les membres de Gamma flight sont en fuite, devant se cacher pour éviter la traque menée par l'armée. Néanmoins, ils ne peuvent pas rester les bras ballants et laisser une autre personne transformée par des rayons gamma se faire traquer et pourchasser. Dans un premier temps, les coscénaristes introduisent une réflexion par le biais de des pensées intérieures de Carl Creel. le lecteur garde ainsi à l'esprit que l'équipe est composée de superhéros (Puck, Sasquatch), mais aussi de repris de justice (Absorbing Man, Ttitania) dont les intentions ne sont pas altruistes. Stockpile est une victime de tests non consentis et ne sait plus à qui accorder sa confiance. Skaar semble obéir aveuglément à l'autorité. Mais une fois révélée l'identité du grand méchant, l'histoire rentre dans le chemin tout tracé des bons contre les méchants, Titania et Absorbing Man perdant toute ambiguïté morale. Il ne reste plus qu'à assister à l'affrontement final et le tour est joué, dans un récit de superhéros très classique, à qui la dimension spectaculaire fait défaut.

Cette minisérie est l'occasion de prolonger le plaisir de lecture de la version Immortel de Hulk, en suivant des personnages secondaires jouant un petit rôle dans la série mère. le premier épisode met l'eau à la bouche avec une coexistence compliquée au sein de l'équipe, du fait de motivations différentes, et de positionnement antagoniste par rapport à la loi. Mais les dessins s'inscrivent dans un registre trop littéral, ce qui rend les personnages plus ridicules que véritablement effrayants, et les combats plus des passages obligés qu'un véritable spectacle. de même, l'intrigue se réduit rapidement à un combat des bons contre les méchants, assez convenu.
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