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Citations sur Le dernier stade de la soif (89)

Nous avions déçu nos familles par notre incapacité à fonctionner correctement en société (une définition de la folie qui en valait bien d’autres). Nos familles, les yeux emplis de larmes et d’auto-apitoiement, avaient prié les médecins de nous donner à nouveau l’envie de redémarrer dans la bonne direction. Ces directions – une famille et une femme, un poste de vice-président et une Cadillac – variaient selon le terne aveuglement familial.
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Incapables de communiquer, nous restions debout au comptoir, chacun obnubilé par ses visions d'avenir, sans se soucier le moins du monde des rêves d'autrui. (p. 189)
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mais j'ai toujours su qu'à un moment ou un autre, les couleurs du monde finiraient par refaire surface, plus vives que jamais. Elles se révéleraient au contact sucré et anesthésiant de Bunny Sue. Et même si j'avais attendu ça ma vie durant, je fut abasourdi par cette fille comme si je n'avais jamais rêvé de la rencontrer. (p. 176)
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Face à la mort, mon père fut totalement différent. Il n'était, bien évidemment, plus dur du tout. [...] D'un calme apparent, il semblait avoir été rongé par une vision, comme un prophète spectral devenu muet par excès de savoir. Mais j'étais incapable de faire face à de telles images. II pesait une trentaine de kilos et, dans l'une de ces impardonnables plaisanteries dont les membres de sa profession aiment faire de nos cadavres les objets, le croque-mort avait ôté son rictus figé et mélancolique. L'effet d'ensemble - son corps ravagé, le fond de teint ocre, le rouge à lèvres et l'odeur lourde et capiteuse des roses funéraires - compromettait sérieusement sa virilité. Rien ne suggérait les mois d'agonie et d'interminables angoisses, angoisses qui, lors des derniers stades de la maladie, avaient atteint une telle intensité qu'un jeune médecin, dans un sursaut d'impuissance, avait dû asséner une gifle à mon père.
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Persuadé que le mouvement était égal à la vie, j'avais l'impression que je vivrais tant que je continuerais à bouger. Tout en gesticulant, je ne cessais de pleurer abondamment ; de chaudes larmes ravinaient mes joues, et pendant tout ce temps j'en appelais, si ce n'est à Dieu, aux forces arbitraires et insidieuses de l'univers – Je ne veux pas finir comme ça ! Pas comme ça ! –, essayant même, dans ma terreur, de négocier avec cette force, lui demandant le temps de boire une bière de plus, le temps d'un autre match, le temps de me faire à l'idée des ténèbres éternelles. « Sale fils de pute ! criai-je. Je veux vivre ! » Sur ces paroles crachées de ma bouche dans l'air scintillant de novembre, je remontai péniblement les marches, entrai dans le bar et dis à Freddy que ça n'allait pas et qu'il fallait que j'aille à l'hôpital.
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Un jour à la mi-août, alors que le vent du nord soufflait sur la ferme, la brise amena le froid et l'odeur de l'automne. Ces signes avant-coureurs annonçaient mon départ imminent, et je fus pétrifié car je savais que contrairement aux autres hommes qui sont attachés à leurs origines, je détestais et méprisais les miennes, et cette haine m'y liait aussi fortement que l'amour est capable de le faire.
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Malheureusement je possédais tous les travers des gens talentueux : le besoin de m’opposer au monde matériel et incrédule, ce monde qui vous assaille de ses rires et de son scepticisme, ce monde toujours prêt à considérer comme fou celui qui ose rêver (…) car mon cœur penchera toujours du côté de l’ivrogne, du poète, du prophète, du criminel, du peintre, du fou, de tous ceux qui aspirent à s’isoler de la banalité du quotidien.
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Je m’étais battu car j’avais compris sans le vouloir que contrairement à mon père dont la destinée avait été de vivre porté par les clameurs, la mienne était de rester parqué dans les gradins avec la foule et d’acclamer les autres.
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je savais que contrairement aux autres hommes qui sont attachés à leurs origines, je détestais et méprisais les miennes, et cette haine m’y liait aussi fortement que l’amour est capable de le faire.
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Parfois, je me mettais à "écrire". Me levant du canapé, Christie III dans mes jambes, je montais péniblement les escaliers, m'asseyais à une table de jeu ronde installée dans ma chambre et tentais de construire des paragraphes à propos de tout et de n'importe quoi, si ce n'est Bunny Sue, à cause de qui j'étais ici, dans cette ferme, allongé sur ce canapé, à donner des biscuits à un chien. j'essayais d'écrire sur la façon dont tombait la pluie dans les rues, dont une jolie nageuse se meut dans l'eau, dont la pénombre s'empare des villes du littoral pacifique. Parfois, je m'acharnais une heure sur une seule phrase, m'émerveillant des combinaisons infinies et précises que pouvaient former les mots. Finir un paragraphe relevait du hasard ou de l'acharnement le plus désespéré. Mon état était tel qu'il ne me fallait guère plus de trois ou quatre phrases assemblées selon mes désirs pour que je sois littéralement trop fatigué pour tenir assis sur ma chaise. Me levant et envoyant mentalement des bouquets de fleurs aux maîtres de cet art, je montais jusqu'à mon lit surélevé et m'allongeais à côté de Christie III qui, du bout du lit, n'avait pas raté un seul de mes griffonnages.
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