Le flic, contrairement à l'historien, ne cite jamais ses sources.
Prenez un train de nuit, seul, avec un costume ordinaire, loin de vos bases, loin de ceux qui vous aiment et dont vous constituez une partie de l'univers. Vous constaterez que, pour les autres, vous n'êtes rien, transparent, à peine un amoncellement plus ou moins heureux d'os, d'eau et de cellules que nul ne songe à gratifier d'une âme, d'un passé, de souvenirs de jeunes filles amoureuses....
C'est vrai qu'il est beau mec. Il a commencé par se maquer avec l'héritière des crayons Jeffer's. Il l'a mise sur la paille mais comme c'est un brave gosse, il l'a conduite lui-même à l'hospice.
_ Eh ben ... Je crois que tu as essayé de sauver ta sincérité, tu vois? ... Seulement on ne peut pas sauver sa sincérité dans une société ou tout est conçu, pensé, et établi pour la détruire .tu vois ?
Habillé en agent de la s.n.c.f., Anastasia stationnait à proximité d’un Fenwick recouvert d’une bâche sous laquelle se trouvait dissimulé un fusil à pompe.
Il était calme, presque serein. L’opération avait été répétée dans ses moindres détails. Jusqu’à Giacinto qui, prévenu par le gardien,
Le chauffeur du train postal écarquilla les yeux. Simultanément, ses excellents réflexes fonctionnèrent, et il serra les freins.
Parce qu’au bout de cette interminable ligne droite, et bien que tous les feux soient au vert…
Oui, pas de doute : un autre train arrivait sur la voie unique !
Joe Adonis traversa le bar aux lumières douces pour venir à la rencontre d’Anastasia et de Giacinto qu’il examina sans se gêner en disant.
— Ça ne me regarde pas mais tu as ta tronche dans un journal du matin.
— Photo surexposée ! répondit froidement Giacinto.
Albert Anastasia avait quelque allure. Grand, les yeux bleus, des cheveux noirs mi-longs, il portait généralement un jean et une chemise bleue à manches courtes. Peu bavard, il vivait seul dans un petit pavillon d’un département limitrophe. Son fils unique, âgé de vingt ans, donnait rarement de ses nouvelles. Il en allait de même de son ex-épouse mais Anastasia s’accommodait de tout cela.
Dubost alluma nerveusement une cigarette puis, soulignant ses paroles d’un regard perçant :
— Qu’avez-vous fait lorsqu’il a ouvert le feu ?
— Rien, monsieur le Divisionnaire.
— Comment ça, rien ?
— Il n’y avait rien à faire.