Je songeai aux problèmes mathématiques proposés par mon maître à l'école. En fait, ils avaient tous déjà des résultats trouvés par d'autres, tout mystère ainsi soulevé en classe avait d'avance sa solution. Je découvrais à présent qu'il n'en était rien dans la vie. Parfois il n'y avait pas de réponse à nos questions et nous devions vivre avec ça.
Nous cherchions toujours à avoir du sens dans les choses, à découvrir une raison secrète. La vérité en fait était que rien n'avait de sens sauf celui que nous-mêmes nous lui donnions. Nous interprétions le moindre événement selon nos désirs, nos croyances.
J'avais, sans me l'avouer, imaginé ou tout au moins espéré un monde meilleur, libéré des contraintes du passé. Quel fou ! Le voyageur emporte avec lui la poussière de chez lui ; dès qu'il s'arrête, elle se redépose.
L'idée que seule Keraël existait sous le soleil, et rien d'autre, était fortement ancrée dans tous les esprits. J'avais la certitude qu'il n'en était rien. Le monde était vaste. Des villes, des gens devaient subsister quelque part.