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Critique de lilicrapota


Un ami FB (Samsagace) livre sur le réseau une critique élogieuse de ce bouquin ; l'auteur répond direct ; je me dis, chouette ! Une auteure proche de ses lecteurs ! Bon, en fait, l'ami en question est prof de lettres, elle aussi, en fait ils se connaissent, je suppose. N'empêche. Comme cet ami-là a toujours été de bon conseil pour les lectures, je m'empresse de commander l'ouvrage auprès de mon libraire. Je l'ai lu hier soir, quasi d'une traite. Et je ne sais qu'en penser.
Le style est vraiment très agréable, facile à lire, percutant, avec ce genre de reprises et de métaphores qui le rendent poétique aussi. Par contre, il manque cruellement d'humour. J'ai voulu me dire que non, ce n'était pas sérieux, que c'était pour rire ces prises de position absurdes… mais même en essayant de détourner, non non, c'est sérieux, rien à faire, la colère est tellement là qu'on la sent poindre à chaque phrase.
Donc oui : le texte, le sujet, ça m'a agacé, profondément. Parce que c'est un récit autobiographique qui manque pleinement de recul. Parce que l'histoire (à priori c'est celle qu'elle raconte dans impasse Verlaine) de son enfance, qu'elle brandit comme un étendard, et même pire, comme une excuse, ça n'a rien de très original. Parce que là-dedans, elle mélange des tas de choses sans rien approfondir. Parce que sur le point de départ, qui est la baffe qu'elle reçoit après avoir fait deux doigts d'honneur à un mec, et qui sous-tend du coup tout le roman, elle fait comme si elle était parfaitement innocente, et j'ai trouvé ça compliqué d'adhérer, de me prendre d'amitié pour le personnage, de l'accompagner dans sa démarche.
Pour faire bref, il y a trois choses dans ce roman :
- Les actes de violence qu'elle a connus en tant que prof, au nombre de trois : un gitan du nom de Django qui l'a frappée, un Jonathan qui l'a insultée, et pour finir ce Laurent qui lui en a collé une.
- le travail sur elle-même qu'elle va conduire pour essayer de comprendre pourquoi ça lui arrive à elle et pas aux autres, pourquoi la violence fait partie intrinsèque de son être
- Et un plaidoyer contre l'éducation nationale, qu'elle avait érigée/glorifiée/piedestalée ( !!!) et qui l'a lâchée, la fin de ses aspirations messianiques auprès de ses étudiants.
J'ai repensé souvent dans ce roman à Magyd Cherfi et aux deux romans que j'ai lus il n'y a pas si longtemps (La part du Gaulois/La part du sarrazin) : Cherfi et Farah ont en commun cette enfance habitée de violence, cet amour des lettres pour s'en sauver, et la réalisation par l'écriture. A part que chez Cherfi, il y a beaucoup d'humour, il se moque de lui-même et de ses poussées de violence, il est cynique, ironique, il explique oui, mais il ne se donne pas d'excuses. Chez Farah, on est à mi-chemin entre le roman exorciste et la confession romanesque, on a l'impression qu'il n'est pas fini ce roman, qu'elle s'y donne en pâture en espérant qu'on la prenne par la main, ce n'est d'ailleurs pas qu'elle l'espère, elle ne voit pas comment on pourrait faire autrement. Alors j'ai pris la tangente, je ne supporte pas qu'on me dicte ce que je dois faire.
Mais j'ai vraiment bien aimé le style, oui…
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