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Critique de Calimero29


C'est grâce au club de lecture dont je fais partie que j'ai eu l'occasion de découvrir le premier roman de cette auteure franco-mauricienne. Mes goûts littéraires habituels ne m'y auraient probablement pas portée.
Alex, cuisinier à Paris, écrivain à ses heures, oublie son manuscrit inachevé "La femme qui parlait avec un accent étrange" dans le métro. Désiré, balayeur, immigré mauricien, détenteur de faux papiers, le trouve et propose un marché singulier à Alex : il lui rend son manuscrit si Alex termine l'histoire. Alex, quant à lui, en panne d'inspiration, demande à Désiré de l'aider en parlant de lui, de sa vie d'avant, de son île. Comme Désiré aime les mots mais ne sait pas bien les écrire, il demande l'aide de Marie, une jeune étudiante, bénévole à la distribution de repas pour ceux qui vivent dans la rue.
Ce premier roman est très original car il se présente comme une poupée russe littéraire avec le roman écrit par le personnage Alex intégré dans celui de l'auteure avec la mise en valeur de l'île Maurice à travers le regard intérieur d'un mauricien pauvre, loin de l'île paradisiaque que viennent chercher les touristes. L'originalité réside également dans le style, parsemé de mots créoles et empreint d'humour, ce qui rend le texte vivant et lui confère une certaine authenticité. Je regrette, une fois de plus, qu'ils soient rassemblés dans un glossaire en fin de livre et non explicités au fil de l'eau, en notes de bas de page; la lecture n'en serait que plus fluide, moins hachée.
Mariam Sheik Fareed développe de nombreux thèmes mais j'en retiendrai deux qui m'ont particulièrement interpellée. Tout d'abord, l'amour des mots comme liens entre des personnes qui n'ont rien en commun, les mots comme exutoire à la douleur, comme allègement de la peine, les mots comme découverte intime de ceux qui nous côtoient, les mots comme apprentissage de la vie. Ce sont les mots qui conduisent Alex et Désiré l'un vers l'autre grâce à la passeuse de mots qu'est Marie. Ensuite, l'ode à la diversité à travers la description des mauriciens de différentes religions, origines, qui vivent ensemble et à travers les immigrés et les migrants en France auxquels Marie apporte son aide. Si ce thème est aussi prégnant, c'est certainement dû à la vie de Mariam Sheik Fareed qui est née à Londres d'une mère française et d'un père mauricien d'origine indienne, engagée auprès des migrants.
J'ai, grâce à ce livre, appris que le syndrome de l'accent étranger n'est pas un titre fantaisiste destiné à retenir l'attention mais que c'est une pathologie rare qui existe et qui survient souvent après une attaque cérébrale, un traumatisme crânien, voire une migraine.
Très bon moment de lecture de ce primo-roman plein de fraîcheur mais aussi de profondeur même si j'ai été désarçonnée par la toute fin que je n'ai pas comprise où l'auteure nous fait revivre la scène dans le métro quand Alex a oublié sa sacoche. Si un lecteur ou une lectrice ou même l'auteure peut éclairer ma lanterne vacillante, j'en serais ravie.
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