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Critique de janessane


"Tout ce que dit Manon est vrai" et pourtant dans ce roman, jamais Manon ne se raconte directement. Ce sont les autres qui parlent d'elles, ceux qui l'aiment. Parce qu'il y a bien une chose dont Manon est entourée, c'est d'amour. Mais ce dernier peut prendre plusieurs formes et se révéler parfois toxique.
Manon a 16 ans quand elle rencontre Gérald, un homme de 30 ans son aîné, éditeur de bandes dessinées. Elle lui écrit une première fois pour lui parler de son projet de BD. A partir de cet instant, les choses vont échapper à son contrôle.
Gérald tombe sous le charme de cette adolescente peu commune, à la belle crinière rousse. Peu à peu ils s'envoient des mails de plus en plus suggestifs. Il y est question d'amour, sous couvert de la femme de Gérald. Manon se laisse happer par cette attention qu'on lui prodigue, cet amour infini que Gérald lui promet. L'échange de mails entre les deux protagonistes fait froid dans le dos. La manipulation se devine entre les lignes. Toutes les caractéristiques de l'emprise se profilent. On comprend que Manon ne puisse pas y résister et on a envie de hurler devant le comportement de ce Gérald et de sa femme qui le cautionne au nom du "polyamour". Heureusement, la mère de Manon est là et elle n'abandonne pas la lutte épuisante avec sa fille pour la protéger malgré elle.
Ce roman choral est absolument addictif et sidérant de justesse. Entre la mère de Manon , son père, ses frères, ses amis, c'est un kaléidoscope de Manon qui nous est donné à voir. Chacun d'entre eux détient une part de vérité , une facette de Manon qui nous amène à réfléchir sur la complexité de l'adolescence, sur la place de chacun dans une famille. Les comportements de chacun sont également mis en exergue : entre l'indifférence, le compromis, le malaise, la fascination, la compréhension, tout se bouscule. de temps en temps, Manon fait entendre sa voix, comme pour nous permettre de mieux reconstituer le puzzle de sa personnalité. Dans des lettres qu'elle s'écrit à elle-même, elle cesse d'être celle dont on parle. Elle ajoute sa vérité au récit.
Pour autant accrocher son lecteur, Manon Fargetton déploie tout son talent d'oratrice. Pas à un seul moment, le nom des protagonistes n'est évoqué au moment de leur prise de parole mais on devine tout de suite de qui il s'agit et ça, c'est extrêmement fort. Ce procédé révèle toute l'habileté de l'auteure et a pour conséquence de nous faire rentrer directement dans la psyché de chacun.
J'ai dévoré ce roman. Il m'a fait penser au roman de Vanessa Springora "Le consentement", dans une version traitée différemment. Par le biais de la fiction, on ne peut pas s'empêcher de penser que tout ce que dit Manon Fargetton est vrai...
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