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Critique de sylviedoc


Je connaissais Manon Fargetton au travers de ses romans jeunesse, notamment ceux co-écrits avec J.C. Tixier : "En plein vol" et "Quand vient la vague", et j'aime beaucoup le style de cette jeune auteure qui sait toucher ses lecteurs au travers des thèmes qui l'inspirent, souvent proches des préoccupations de ceux-ci. C'est encore plus vrai avec cette oeuvre, que je ne qualifierait pas de roman, mais plutôt de bio-fiction, puisqu'il s'agit manifestement de la transposition d'un vécu.
La jeune Manon de l'histoire vient d'avoir 17 ans, c'est une lycéenne heureuse et équilibrée, entourée d'amour malgré la séparation de ses parents des années auparavant. Elle a des amis, deux grands frères qui ne vivent plus à la maison mais retrouve toujours avec plaisir lors de leurs passages à Vannes où elle vit avec sa mère, protectrice et attentive. Elle vit des idylles sages avec des garçons du club de voile, et s'épanouit dans l'écriture d'une BD, avec beaucoup de talent pour son jeune âge. Un talent qui va être remarqué par un éditeur, lors d'une rencontre au salon du livre de Vannes. Gérald a 56 ans, une femme gravement malade, Viviane, et une "amie" très chère, Brune. Mais cela ne lui suffit pas, il a jeté son dévolu sur Manon, et ne la lâchera plus, l'inondant de sms et de mails à toute heure du jour et de la nuit, lui assénant qu'il l'Aime (toujours avec un "A" majuscule), pour toujours, toujours...Manon est bien sûr flattée de cet intérêt et de cet "Amour" auquel elle va répondre, mais pas toujours de la façon attendue.

C'est le récit d'une emprise, d'une dépendance malsaine, et d'un soi-disant "Amour" exercés aux dépens d'une jeune fille d'abord un peu naïve, mais dont l'entourage va vite tenter de la mettre en garde, parfois de façon un peu maladroite d'ailleurs. Manon ne nous raconte pas son histoire directement, mais elle est omniprésente, notamment par le biais des échanges entre elle et Gérald, ainsi que par les mots que lui adresse son alter égo de 15 ans plus âgée. L'histoire se décline sous la forme du roman choral, où le lecteur la découvre sous les regards forcéments divergents de la mère et du père de Manon, parfois de ses amis ou de ses frères, mais aussi de Gérald (que j'ai trouvé assez pathétique en manipulateur éploré) et de sa femme Viviane, complice malgré elle ou parce qu'elle voit en Manon une consolatrice pour sa disparition prochaine. D'autres personnages apparaissent également, en lien avec des événements survenus lors de l'enfance de Manon : un expert psychologue, des policiers, des amis de la famille... On découvre une multitude de points de vue et de facettes parfois opposées de la vie de Manon.

Un livre édifiant qui dénonce, mais de façon subtile et nuancée, le phénomène d'emprise sur une jeune fille "normale" et intelligente, et donne également la parole au "prédateur". Comme la mère de Manon, j'ai été frappée par la pauvreté et la mièvrerie des messages envoyés par Gérald, et son comportement d'enfant gâté avec sa femme; Un personnage bien évidemment très antipathique, mais tout aussi évidemment malheureux, comme un petit garçon qui a besoin de preuves d'amour incessantes. J'ai apprécié aussi la façon dont la jeune fille fait preuve à certains moments de plus de maturité que son "mentor", même si très souvent j'ai eu envie de lui souffler "voyons, tu ne vas quand même pas croire à toutes ces niaiseries !".
Les réactions de la maman m'ont parues parfois maladroites, mais je l'ai comprise, dans la même situation je n'aurais pas forcément fait mieux. Je me suis sentie plus proche du père (qui a la confiance de Manon), mais j'ai trouvé qu'il était très fort pour comprendre la situation et mettre des mesures en place, beaucoup moins pour assurer sur la durée !

J'ai emprunté ce roman au CDI de mon lycée, un ouvrage que je n'hésiterai pas à recommander à mes élèves. Ainsi qu'à mes babélamis !
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