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Critique de Patsales


Je ne sais plus qui a dit qu'un classique est un livre qu'on relit toujours et qu'on ne lit jamais. "Le Piéton de Paris" peut-il être estampillé de la sorte? le titre, en tout cas, m'était familier et semblait relever de ce grand fond patrimonial des oeuvres dont tout le monde s'accorde qu'il faut les avoir lues sans forcément passer à l'acte. En surfant sur les sites qui mettent à disposition les livres tombés dans le domaine public, me voilà titillée par ce titre tout empreint de promesses . Je me prends à rêver d'errances forcenées sur les pavés parisiens et me plais à imaginer Fargue comme un trait d'union entre les quartiers aristocratiques et ceux des petites gens, capable de faire revivre un monde qui n'existe plus, d'être à la fois Hugo, Prévert et Zola.
Bon, on en est loin.
Le premier chapitre était plein de promesses: « Le bruit de la ligne Dauphine-Nation, pareil à une plainte de zeppelin, accompagne le voyageur jusqu'à ces quartiers cernés de cheminées d'usines, lacs de zinc où la rue d'Aubervilliers se jette comme une rivière de vernis. Des vagissements de trains égarés servent de basse au paysage. À toute heure du jour, des équipes d'ouvriers vont et viennent le long des cafés au front bas où l'on peut « apporter son manger », laisser ses gosses « pour une heure », et dormir parfois sans consommer. »
Hélas, les déambulations tournent rapidement à la chronique mondaine, pire, au name dropping. Qu'on en juge:« on me désigna rapidement, au passage, le comte et la comtesse Haugwitz-Reventlow, c'est-à-dire toute l'Allemagne wilhelminienne et toute l'aristocratie de l'aventure mondaine, car la comtesse Haugwitz-Reventlow n'est autre que Barbara Hutton, l'ex-épouse de M. Mdivani. J'aperçus, guidé par ma vue perçante et par son index précis, le baron et la baronne de Wedels-Jarlsberg, M. Joseph Widener, le prince et la princesse Nicolas de Grèce, le marquis Somni-Piccionardi, le prince héritier de Kapurthala, Georges Mandel, le docteur Nicolas Murray Butler, bref, tout un aréopage dont la disparition entraînerait de l'anémie en Europe. »
J'aime particulièrement le "bref" qui clôt l'énumération.
Et puis l'observation est quand même très souvent entachée de poncifs (qui devaient déjà l'être quand ils furent écrits) et que leur désuétude ne m'a pas rendus ni charmants ni plus aimables, tels "les dessous des femmes (qui) bruissaient dans nos imaginations de collégiens".
Le livre a quand même un (très) gros avantage: il donne furieusement envie de relire Proust.
(Vous aurez noté: j'ai bien dit RE-lire :-))
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