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Critique de julspirit


Qu'est-ce que punir ? Pourquoi punit-on ? Qui punit-on ? Ces trois interrogations sont celles de l'auteur dans un contexte historique qu'il nomme « moment punitif », nos sociétés contemporaines n'ayant jamais autant puni, sanctionné, enfermé, et jamais autant réclamé de punitions, de sanctions et d'enfermements… Pourtant les crimes les plus graves semblent être en diminution constante et régulière. Pour répondre à ce paradoxe et à ces interrogations, Fassin revisite l'histoire de la philosophie du châtiment et s'appuie sur des constats issus d'enquêtes ethnographiques sur la police, la justice et la prison qu'il a parfois lui-même réalisées.

Cette assise empirique est décisive, notamment dans la partie consacrée à la question de connaître et de distinguer ceux que l'on punit et ceux que l'on ne punit pas. L'intolérance sélective de la société (pourquoi tolère-t-on plus la fraude fiscale que le vol à l'étalage ?) et le populisme pénal des politiques qui se répondent et s'auto-renforcent engendrent en effet des pratiques discriminatoires, déléguées par la société aux institutions punitives (police, justice, prison) et à leurs agents. Par exemple :

« C'est justement en choisissant les infractions qu'il faut sanctionner et en déterminant parmi les auteurs ceux qu'il faut cibler que la pénalité est le mieux à même d'opérer des différenciations au sein de la société : la consommation de cannabis plutôt que l'abus de biens sociaux ; les patrouilles de police dans les quartiers populaires plutôt que dans les zones résidentielles. Ces différenciations ne sont bien sûr pas socialement neutres : elles relèguent les uns et protègent les autres. La répression sélective de certaines catégories d'illégalismes et de populations joue ainsi un rôle important dans la production et la reproduction des disparités sociales. » (p. 133-134)

Ce petit livre est une très bonne introduction aux études ethnographiques de Didier Fassin et d'autres auteurs sur ces thèmes, telle « La force de l'ordre », que j'ai chroniquée par ailleurs.
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