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Critique de LoupAlunettes


La couverture ne laisse pas supposer le genre de récit que nous allons découvrir.

Une tête de renard masquée d'un loup et couronné. On pouvait s'attendre, le titre en plus, "le renard et la couronne", à une aventure de Fantasy, avec des animaux aux sentiments humains à une époque de la chevalerie.

Et bien, il n'en est rien.

D'ailleurs c'eut été étonnant avec Talents Hauts, éditeur dont nous connaissons les directions plus ancrées dans le réel et historiquement engagées sur des valeurs.

L'épaisseur du roman nous fait grandement douter aussi de l'hypothèse d'un petit roman d'aventure à l'intention d'un public de 8-9 ans.



Les personnages du roman sont des enfants de cet âge pourtant, au début, l'héroïne principale Ana n'a que 10 ans. Mais la maturité et la dureté (raisonnable à la lecture) de sa mésaventure la réservera plutôt à un public ado un peu plus vieux.

Les contextes géographiques et historiques ne sont pas encore précis sur les 1ers chapitres, nous sommes dans les pays de l'Est et tout ce qui relie Ana à ses origines sont ces sources italiennes dont ils parlent.

Nous donnons l'impression de nous trouver dans une période médiévale, sans en connaitre l'allégeance du roi et cela nous suffit bien pour ce qui débute.

Nous verrons bien par la suite que nous nous trompons sur l'époque et nous saurons pourquoi. Mais il y avait là comme une marque du destin.



Ana, 10 ans, vivait un peu en marge des villageois avec sa grand-mère et lorsque celle-ci n'est plus, la petite se retrouve dans les rues, sur les chemins.

C'est dans une autre ville qu'elle sympathise avec une bande d'enfants perdus comme elle, qu'ils lui enseignent à être une voleuse très téméraire.

La vie n'était pas simple face au village avec sa grand-mère mais elles étaient ensemble.

La petite troupe de voleurs est une mini meute de loups, se prodiguant affection, se chamaillant ou se mordant l'oreille férocement.

Les rapports entre les gamins sont durs et Ana accepte toute cette complexité en échange du rien. Elle s'adapte.

Les choses évolueront encore, la faisant croiser d'autres compagnons de route.



Devant la rudesse du quotidien, Ana en sera quitte pour douter de la bonté d'autrui, d'une main tendue.

Il est sans nul doute plus simple de détrousser que d'accepter en se demandant pourquoi.

Pourtant la main tendue sera prise, dans des circonstances à découvrir et nous traverserons les années jusqu'à ces 21 ans, l'âge de sa majorité.

Ana est transformée par la bienveillance prodiguée comme un bon onguent, un peu à l'opposée de ce qu'elle était devenue, candide et presque naïve cette fois sous ses jupes et ses froufrous.



Elle nous amuse de son langage châtié d'un autre temps, elle parle comme dans les livres qu'elle adore et le décalage du manque d'expérience du vrai langage courant sera à faire. Ana aura encore beaucoup à apprendre sur le monde qui l'entoure.

Encore beaucoup.

À la 217 ème page, le masque tombe.



Nous ne savions où nous allions avec Ana mais nous y allions de bon gré, attaché au personnage.

Et enfin, l'auteur balance le pavé dans la mare, le projet autour du personnage se révèle enfin et le passé réclame son dû.

On aura beau l'arracher ou enterrer la vérité sous les strates les plus profondes, la "mauvaise" herbe est vivace.

Quel véritable destin attend donc notre Ana?



Notre patience est doublement récompensée mais à aucun moment nous nous sentons exaspérés de ne pas savoir.

Ana fait son chemin, apprend, fait des rencontres décisives et nous en avons pour notre plaisir.

Yann Fastier sait raconter, avec une belle langue qui fait aimer l'aventure, l'histoire et l'écriture, et nous ne lâchons rien.
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