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Critique de YANCOU


Je suis quelqu'un de chaotique, rien à faire, avec moi le courrier s'empile, j'oublie de l'ouvrir, je prends des numéros de téléphone en omettant d'y ajouter un nom, je garde tout "au cas où" pour finalement tout balancer deux semaines plus tard parce que je ne sais plus quoi en faire et c'est tout pareil avec les papillons de publicités pour les expositions, les pièces de théâtre etc. Et c'est là que j'ai failli bazarder bêtement ce livre dans le carton de récupération de papier, ayant remarqué une police de caractère qui me semblait être celle du MAH ou d'un autre musée, et ce titre, Sans mythologies, imaginant le temps d'une fraction de seconde un curateur voulant faire un "clin d'oeil" aux Mythologies de Barthes, et en me persuadant immédiatement que la date devait déjà être dépassée, ce petit cahier publicitaire devenant ainsi inutile... Mais - ouf! -, au dernier moment j'entraperçus le nom de Guillaume Favre pour me rendre compte de l'abomination que j'allais commettre : jeter un livre apporté en mon absence, qui plus est dédicacé par son auteur ! Double abomination même, car ce livre est magnifique. Écrit en deux jours par son auteur visiblement marqué par la fin d'une amitié, la mort de plusieurs proches, la maladie de son amie, ce livre est un acte de bravoure où l'écrivain se met à nu dans un texte vif comme une lettre. Ici nulle "autofiction" mais plutôt un exercice parfaitement réussi de catharsis par l'écriture ; l'envie d'en découdre avec les mots, mais aussi avec le destinataire de ce livre, avec le lecteur sans doute encore. On ne sait pas bien au fond si Guillaume Favre voulait faire de la poésie en prose, orale, ou expérimentale, ou tout cela à la fois, le résultat est là, il est beau et c'est ce qui compte ; l'objet est unique, se lit d'un trait et vous coupe le souffle. Il y a des écrivains qui ont besoin de 450 pages de baratin pour vous parler de littérature, de poésie, d'amitié brisée par le temps, l'usure, l'ennui, eh bien tout ça Guillaume Favre, lui, le fait en 68 pages incandescentes, Sans mythologies, mais avec beaucoup de Gustave Roud, de Chappaz, de Didi-Huberman et de Jaccottet dedans.
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