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Citations sur Le capitalisme patriarcal (10)

Tout d’abord, si l’on trouve très tôt chez Marx des condamnations des inégalités entre les genres et du contrôle patriarcal sur la famille et la société, il « n’avait pas grand-chose à dire sur le genre et la famille » et, même dans Le Capital, ses idées sur le sujet doivent être reconstruites à partir d’observations éparses.
Toutefois, l’œuvre de Marx a apporté une contribution significative au développement de la théorie féministe. Non seulement sa méthode historico-matérialiste a aidé à démontrer le caractère construit des hiérarchies et des identités de genre, mais son analyse de l’accumulation capitaliste et de la création de valeur a donné aux féministes de ma génération des outils puissants pour repenser les formes spécifiques d’exploitation auxquelles les femmes sont soumises dans la société capitaliste et le rapport entre « sexe, race et classe ».
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Malgré cela, la construction de la sexualité féminine comme service, et sa négation comme plaisir, a longtemps entretenu l'idée que la sexualité féminine était un péché qui ne pouvait s'expier que par le mariage et la procréation, et cela a produit une situation où chaque femme était considérée comme une prostituée potentielle qui devait être contrôlée constamment. En conséquence de quoi, des générations de femmes, avant l'essor du mouvement féministe, ont vécu leur sexualité comme une chose honteuse et ont dû prouver qu'elles n'étaient pas des prostituées. Dans le même temps, la prostitution, tout en faisant l'objet d'une condamnation sociale et d'un contrôle de l'État, a été reconnue comme une composante nécessaire de la reproduction de la force de travail, précisément parce qu'on supposait que l'épouse ne pouvait pas satisfaire les besoins sexuels de son mari.

P. 155
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Par conséquent, la lutte des classes est un processus bien plus compliqué que Marx ne l'avait supposé. Comme l'ont découvert les féministes, elle doit souvent commencer dans la famille puisque pour lutter contre le capitalisme, les femmes ont dû lutter avec leur mari et leur père, de même que les personnes non blanches ont dû lutter contre les travailleurs blancs et le type de composition de classe particulier que le capitalisme impose par le rapport salarial.

P. 79
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[…] pour illustrer les tendances structurelles de la production capitaliste (la tendance à allonger la journée de travail jusqu’aux limites de la résistance physique des ouvriers, à dévaluer la force de travail, à tirer le maximum de travail d’une quantité minimum de travailleurs) et pour dénoncer les horreurs auxquelles les femmes et les enfants ont été soumis à chaque stade du développement industriel.
Par ces rapports, nous apprenons que des couturières mouraient par «excès de travail, manque d’air et manque de nourriture », que des jeunes filles travaillaient quatorze heures par jour sans prendre de repas ou rampaient à moitié nues dans des galeries pour remonter le charbon à la surface, ou que des enfants étaient arrachés à leur lit au milieu de la nuit, «forcés, uniquement pour survivre, de travailler », « immolés » par une machine vampirique qui continuait à sucer leur vie «tant qu’il y a[vait] encore un muscle, un nerf, une goutte de sang à exploiter». Peu d’analystes politiques ont décrit la brutalité du travail capitaliste – en dehors de l’esclavage.
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Surtout, la création de la famille prolétaire et d’une main-d’oeuvre plus productive et en meilleure santé exigeait l’institution d’une séparation nette entre la ménagère et la prostituée, car les réformateurs reconnaissaient qu’il ne serait pas facile de convaincre les femmes de rester au foyer et de travailler gratuitement quand leurs sœurs et amies gagnaient plus et travaillaient moins en vendant leur corps dans les rues. (p. 138-139, années 1860 en Angleterre - chapitre L’Invention de la ménagère).
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Séparer la bonne ménagère, laborieuse et économe, de la prostituée dépensière était une condition essentielle à la constitution de la famille telle qu’elle a émergé au tournant du siècle. Il fallait séparer la « bonne » de la « mauvaise » femme, l’épouse de la « putain », pour faire accepter le travail domestique non rémunéré. (…) Une nouvelle division sexuelle du travail a émergé (…) La respectabilité est devenue le dédommagement du travail non rémunéré et de la dépendance à l’égard des hommes. C’est le « marché » qui a bien des égards a tenu jusqu’aux années 190/1970, quand une nouvelle génération de femmes a commencé à le refuser. Mais l’opposition au nouveau régime s’est apparemment développée très tôt, parallèlement aux efforts des réformateurs. Il semble que de nombreuses prolétaires aient résisté à l’idée d’être contraintes de travailler au foyer. Comme le rapporte Hewitt, dans le nord de l’Angleterre, on a observé que de nombreuses femmes allaient travailler même quand elles n’en avaient pas le besoin parce qu’elles y avaient pris « un goût prononcé », préférant « l’usine peine de monde au foyer tranquille par haine du travail ménager solitaire » (p. 139-141, années 1860 en Angleterre - chapitre L’Invention de la ménagère).
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Comme pour le travail ménager, la politique sexuelle du capital et de l’État pendant cette phase a consisté à étendre à la femme prolétaire les principes qui réglementaient déjà la conduite sexuelle des femmes dans la famille bourgeoise. En premier lieu la négation de la sexualité féminine comme source de plaisir et de gain financier pour les femmes. Une prémisse essentielle de la transformation de l’ouvrière-prostituée – travailleuse payée dans les deux cas – en mère-épouse non payée prête à sacrifier ses propres intérêts et désirs au bien-être de sa famille résidait dans la « purification » du rôle maternel de tout élément érotique. Cela signifiait que la mère-épouse ne devait goûter qu’au plaisir de « l’amour », conçu comme un sentiment libre de tout désir sexuel et non rémunéré. (p. 149, chapitre Origines et développement du travail sexuel)
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Que le mariage ait signifié pour les femmes être « une domestique le jour et une putain la nuit », c’est ce que les femmes prolétaires ont toujours su, puisque chaque fois qu’elles voulaient abandonner le lit conjugal elles étaient confrontées à leur pauvreté. Malgré cela, la construction de la sexualité féminine comme service, et sa négation comme plaisir, a longtemps entretenu l’idée que la sexualité féminine était un pêché qui ne pouvait s’expier que par le mariage et la procréation, et cela a produit une situation où chaque femme était considérée comme une prostituée potentielle qui devait être contrôlée constamment. En conséquence de quoi, des générations de femmes, avant l’essor du mouvement féministe, ont vécu leur sexualité comme une chose honteuse et ont du prouver qu’elles n’étaient pas des prostituées. Dans le même temps, la prostitution, tout en faisant l’objet d’une condamnation sociale et d’un contrôle de l’État, a été reconnue comme une composante nécessaire de la force de travail, précisément parce qu’on supposait à l’époque que l’épouse ne pouvait pas satisfaire les besoins sexuels de son mari. C’est ce qui explique pourquoi le travail sexuel a été le premier aspect du travail domestique à être socialisé. (p. 154-155, chapitre Origines et développement du travail sexuel)
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Aujourd’hui, en revanche, nous travaillons gratuitement, au lit comme en cuisine, non seulement parce que le travail sexuel n’est jamais payé, mais parce que de plus en plus souvent, nous fournissons des services sexuels sans rien attendre en retour. Le symbole de la femme libérée est d’ailleurs la femme toujours disponible mais qui ne demande plus rien en retour. (p. 171, chapitre Origines et développement du travail sexuel)
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Quels aspects du marxisme sont les plus importants pour réimaginer le féminisme et le communisme au XXIe siècle ? Et comment le concept de communisme de Marx cadre-t-il avec le principe des communs (the commons), le paradigme politique qui inspire tant la pensée féministe radicale actuelle ?
En posant ces questions, j’entre dans le débat sur la construction d’alternatives au capitalisme qui a commencé sur les occupations et les places de toute la planète où, sous des formes contradictoires mais riches de nouvelles possibilités, une société de «commoners» est en train d’apparaître, s’efforçant de bâtir des espaces et des rapports sociaux non gouvernés par la logique du marché capitaliste.
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